Des rassemblements étaient prévus dans les grandes villes de Madagascar le jeudi 25 septembre pour protester contre le délestage et les coupures d’eau qui n’ont eu de cesse d’empirer ces dernières années, paralysant le quotidien des habitants et alimentant un ras-le-bol général. Une situation qui rappelle le calvaire que vivent les Congolais, pratiquement sans broncher.
Affirmant vouloir éviter les troubles à l’ordre public à Antananarivo, la préfecture a interdit tout rassemblement et a réquisitionné les forces de l’ordre pour cette journée qui s’annonçait comme un test. De l’histoire du pays, jamais les réseaux sociaux n’ont autant relayé les appels à manifester pacifiquement à Antananarivo. Depuis une semaine, la contestation enfle sur les réseaux. Société civile, artistes et représentants de l’opposition multiplient les appels à manifester pacifiquement pour protester contre l’absence d’eau et d’électricité.
Le logo du manga One Piece, déjà utilisé par les manifestants au Népal, et revisité cette fois à la sauce malgache, a fleuri sur Facebook. Signe de ralliement à la protestation, ceux qui le brandissent sur les réseaux sociaux expriment aussi leur colère face à des promesses politiques sans lendemain, au népotisme et à une corruption généralisée.
D’autres encore pointent du doigt le train de vie des enfants de responsables politiques, qui étalent leur richesse sur les réseaux. Un quotidien bien loin de celui vécu par 29 des 30 millions de Malgaches. Une réalité également vécue ailleurs et qui renseigne que ces enfants écervelés se retrouvent partout à travers l’Afrique.
Mais certains comptes ont aussi diffusé massivement des messages d’un ton inquiétant pour les autorités : adresses de responsables gouvernementaux à cibler ou mode d’emploi pour fabriquer soi-même un cocktail Molotov. Un modus operandi qui rappelle une fois de plus celui du Népal où des ministres ont été dévêtus et traînés nus dans les rues, alors que des bâtiments officiels et privés étaient incendiés.
Plusieurs proches du pouvoir ont, selon plusieurs sources, discrètement déserté le pays. Signe d’une peur croissante.
Un test pour le pouvoir et pour l’opposition

Le Sénat a durci le ton la veille, le mercredi 24 : 13 des 18 sénateurs ont dénoncé une « tentative de coup d’État », accusant l’opposition de vouloir « accaparer le pouvoir hors procédure électorale ». Des accusations jugées paradoxales par nombre d’observateurs qui rappellent que ce régime, né d’un coup d’État en 2009, n’a que peu de crédibilité dès lors qu’il invoque le respect de la loi.
La journée de jeudi s’annonçait donc comme un test pour le pouvoir, qui devra vérifier si la répression reste un instrument de contrôle efficace et si les forces de l’ordre continuent d’obéir. Un test pour une opposition qui jusque-là a peiné à rassembler, et pour les citoyens, enfin, qui verront si la colère numérique se transforme réellement en action collective.
Présent à l’Assemblée générale des Nations unies, le président Andry Rajoelina a très marginalement abordé le défi énergétique de son pays, promettant simplement une « énergie à 70% verte », notamment « pour que les populations rurales et isolées ne soient pas laissées pour compte», sans toutefois aborder le déficit énergétique qui secoue son pays.
« Il n’y en a pas sans une énergie fiable, accessible et abordable. À Madagascar, nous sommes en train d’accélérer la transition énergétique afin d’atteindre une production énergétique à 70% verte d’ici à 2028. En seulement six ans, le taux d’accès à l’électricité dans mon pays est passé de 24 à 40%. Des progrès notables ont été réalisés, mais nous sommes conscients que beaucoup reste à faire. Nous allons encore intensifier les efforts afin d’augmenter la production d’énergie propre pour que les populations rurales isolées ne soient pas laissées pour compte. La collaboration avec les systèmes des Nations Unies joue un rôle essentiel. Ces initiatives illustrent une volonté de bâtir un avenir énergétique plus équitable, durable et innovant », a juste déclaré le président Andry Rajoelina à la tribune des Nations Unies.