De violents combats entre milices ont éclaté les 26 et 27 août à Tripoli, en Libye, ponctués par des fusillades et des explosions, faisant craindre une nouvelle escalade de violences.
Les crépitements d’armes lourdes ont débuté dans la soirée et se sont prolongés jusqu’au lendemain soir, faisant au moins 32 morts et 159 blessés, selon un bilan dressé par le ministère libyen de la Santé.
Les combats entre milices qui ont éclaté dans la nuit de vendredi 26 à samedi 27 août dans la capitale libyenne font craindre une nouvelle guerre en Libye, déjà en plein chaos entretenu par l’existence de deux gouvernements rivaux.
Six hôpitaux ont été touchés par les frappes, tandis que les ambulances n’ont pas pu accéder aux zones de combats, a annoncé le ministre de la Santé.
Les combats entre milices concurrentes, à l’arme légère et lourde, ont éclaté dans plusieurs quartiers de Tripoli, où des rafales de tirs et des bombardements ont retenti toute la nuit et le jour suivant, gagnant même de nouveaux quartiers.
Calme précaire
Leger signe d’optimisme toutefois, quelques heures plus tard, un calme précaire régnait sur la ville. Le chef du gouvernement de Tripoli, Abdelhamid Dbeibah, est ensuite apparu dans une vidéo, entouré de ses gardes, en train de saluer des combattants qui se sont rangés de son côté. Comme pour signifier que la situation est sous contrôle.
Des médias locaux ont toutefois affirmé qu’une alliance de milices favorables à Fathi Bachagha, chef du gouvernement rival de celui de Tripoli, qui était en route vers la capitale depuis Misrata, à 200 km à l’est de Tripoli, serait sur le chemin du retour.
Les affrontements ont causé d’importants dégâts, dont des dizaines de voitures calcinées et des bâtiments criblés de balles ou incendiés. Les rues de Tripoli étaient presque désertes après les combats, mis à part des miliciens, alors que des colonnes de fumée étaient toujours visibles.
L’ONU a appelé à l’arrêt des hostilités
L’ambassade américaine à Tripoli s’est dite « très préoccupée », tandis que la mission de l’ONU en Libye a appelé à un « arrêt immédiat des hostilités », en dénonçant des « affrontements dans des quartiers peuplés de civils ». Pour sa part, la Turquie qui a une présence militaire autour de Tripoli et a aidé les forces de la ville à repousser un assaut en 2020, a appelé à un cessez-le-feu immédiat et assuré « continuer à soutenir nos frères libyens ».
Ces combats sont d’une ampleur sans précédent depuis l’échec en juin 2020 de la tentative du maréchal Khalifa Haftar, homme fort de l’Est, de conquérir militairement la capitale, au plus fort de la guerre civile ayant suivi la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011.
Le gouvernement basé à Tripoli, dirigé par Abdelhamid Dbeibah, a accusé le Premier ministre rival Fathi Bachagha, basé provisoirement à Syrte (centre) et soutenu par Khalifa Haftar, de « mettre à exécution ses menaces » de s’emparer de la ville.
Prendre Tripoli à tous prix
Le camp de Fathi Bachagha, de son côté, a accusé le gouvernement de Tripoli de « s’accrocher au pouvoir », bien qu’il soit « illégitime » selon lui. Il a aussi démenti toute négociation avec son rival en vue d’un accord.
Depuis sa désignation en février par le Parlement siégeant dans l’Est, Fathi Bachagha tente, sans succès, d’entrer à Tripoli pour y asseoir son autorité, menaçant dernièrement de recourir à la force pour y parvenir.
Les tensions entre groupes armés fidèles à l’un ou l’autre des deux dirigeants se sont exacerbées ces derniers mois à Tripoli. Le 22 juillet, des combats y avaient déjà fait 16 morts, dont des civils, et une cinquantaine de blessés.