C’est un échec et un aveu de faiblesse de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), estiment certains analystes. Paul-Simon Handy, directeur du bureau régional Afrique de l’Est de l’Institut d’études de sécurité, affirme au contraire que la Cédéao a fait preuve de pragmatisme.

Pour Paul-Simon Handy, il ne s’agit pas d’un aveu de faiblesse pour la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), mais plutôt une réaction de sagesse, pragmatique, qui ouvre la voie à de plus franches négociations.
« Il y a de nombreuses personnalités qui commençaient à demander à la Cédéao de le faire, de ne pas adopter la même stratégie de bras de fer que les juntes militaires semblent apprécier. On verra, maintenant que la balle est dans le camp des juntes, si leurs leaders sont prêts à discuter ».
Le directeur du bureau régional, qui estime que la balle est à présent dans le camp des militaires, explique que certains se sont permis de dire que la décision était irréversible, ce qui fait preuve d’ailleurs d’une certaine naïveté politique, selon lui. Il précise qu’en politique, rien n’est impossible. « On ne peut exclure aucune option en politique. Donc, en effet, la balle est dans leur camp et ils devront faire preuve d’un pragmatisme à peu près égal à celui que la Cédéao vient de démontrer ».
M. Hardy pose la question de savoir si la Cédéao ne peut pas exister sans ces juntes militaires, à la fois géographiquement et économiquement. En réponse, il pense que « la Cédéao ne le veut pas ! Ce n’est pas un scénario qui avait été prévu. Mais il est clair qu’elle peut exister ».

Non seulement condamner les putschs, mais aussi les coups d’État constitutionnels

Paul-Simon HandyConseiller régional principal, Institut d’études de sécurité (Image : ispionline.it)

Pour lui, la question qu’il faudrait se poser est : « ces trois pays peuvent-ils vraiment exister au sein de l’Alliance des États du Sahel qu’ils ont créé ? Une alliance par dépit, qui n’a pas de projet politique véritable, qui est une réaction un peu effarouchée à ce qu’ils considèrent être, à tort, à mon avis, une injustice de la part de la Cédéao ? »
Il interroge également : « Quelle est la suite pour la Cédéao et ces juntes militaires. Doivent-elles reprendre un dialogue ? »
À ces questions, M. Hardy est convaincu que les deux parties se retrouvent dans une situation où elles ont tout intérêt à se retrouver autour de la table. « Il y a un médiateur désigné par la Cédéao, le président Faure Gnassingbé, du Togo. Je pense que, maintenant, la médiation togolaise devrait redoubler d’efforts, trouver des options acceptables par les deux ».
Le directeur du Bureau régional de l’institut d’études de sécurité est convaincu que si la Cédéao doit se reconstruire, « ça ne peut pas être au prix de la célébration de coups d’État militaires. Mais, ceci dit, il ne faudrait pas se cantonner à ne condamner que les coups d’État militaires. Une des grandes faiblesses des dispositifs et des instruments de la Cédéao a consisté à ne pointer du doigt que les prises du pouvoir par les militaires, mais pas les manipulations de Constitution, c’est-à-dire les coups d’État constitutionnel ».

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