Cette poudre blanche-là est parfaitement légale. Consommée avec une très grande modération, dans un régime sain, elle ferait peu de dégâts. Hélas, à raison de plusieurs kilos par habitant et par an, le sucre favorise de nombreuses maladies. Caries, diabète ? Certes. Mais des chercheurs le relient aussi aux troubles cardio-vasculaires, à l’ostéoporose, à l’entretien des inflammations intestinales, à la baisse immunitaire, au cancer.

Mais de quels sucres parle-t-on ?

La plus grande confusion règne. Elle vient sans doute du fait qu’en médecine on parle de « sucre » pour désigner le glucose nécessaire à nos cellules.

« Nos cellules ont besoin de sucre », affirment médecins et diététiciens. Oui, mais la ménagère comprend « sucre blanc » : elle prépare alors de délicieux gâteaux à son mari ou ses enfants afin qu’ils aient « plus d’énergie »… et ne fait qu’aggraver leur pré-diabète! Les fabricants, ainsi que les puissantes agences chargées de promouvoir le sucre (blanc) ont, quant à eux, tout intérêt à entretenir cette confusion et à en minimiser les effets.

De fait, le glucose (et non pas le sucre) est le carburant qui permet à nos cellules de produire de l’énergie – les muscles et le cerveau, notamment, consomment beaucoup de glucose. Le glucose provient des glucides que nous ingérons.

Ces glucides, qui devraient constituer 55 à 60 % de notre ration quotidienne, sont les principaux constituants des aliments suivants : légumes, algues (de mer et d’eau douce), fruits, céréales complètes (riz non poli, blé complet, etc.), et légumineuses (lentilles, fèves, pois chiches, haricots…). Notre organisme n’a pas besoin d’autres glucides ni d’autres « sucres » que de ceux-là.

La consommation explose

Pour le plaisir, on s’est toujours régalé avec quelques aliments très sucrés, dont la rareté faisait la valeur : jus de canne, sirop d’agave, miel… La demande a augmenté au XVIe siècle, suite aux grands voyages outre-Atlantique.

La culture intensive de canne a connu son essor grâce surtout à l’esclavage des Noirs en Amérique – amer héritage. La suite : culture de la betterave en Europe, raffinage de la matière première permettant une production industrielle, publicité qui crée un faux besoin, explosion mondiale de la consommation, qui est passée de 8 à 120 millions de tonnes au cours des cinquante dernières années !

Au début du XXe siècle, chaque Français consommait 1 kg de sucre par an, 35 kg aujourd’hui. Aux Etats-Unis : presque le double ! Dans le Tiers Monde, beaucoup trop : que les sodas soient tournés vers Los Angeles ou La Mecque, ils contiennent 6 morceaux de sucre par cannette.

Outre que du sucre est ajouté à des plats préparés ou à des conserves (petits pois, par exemple), l’industrie agroalimentaire a créé nombre de produits qui devraient être bannis de notre régime : sodas et jus de fruits du commerce, bonbons, biscuits, barres chocolatées, yaourts sucrés, glaces, pâtes à tartiner, corn flakes, confitures, ketchup, etc. Le sucre, évident ou caché, est partout !

Comment le sucre mine la santé

L’ingestion de sucre blanc ou des aliments qui en contiennent provoque une hyperglycémie (montée brutale du taux de glucose sanguin).

Notre pancréas réagit en secrétant de l’insuline. Une hypoglycémie réactionnelle s’ensuit. Evident ou insidieux, le besoin de consommer à nouveau du sucre se fait sentir : vite, on boit ou on grignote sucré.

Notre organisme est alors entré dans un cercle vicieux qui peut aller jusqu’au diabète, d’autant qu’un mode alimentaire sucré comprend toujours, à côté du sucre blanc, des céréales raffinées (riz blanc, pain blanc, biscottes) et des aliments à index glycémique élevé (les mêmes, plus la pomme de terre frite, en chips, au four ou en purée). L’excès de sucre entraîne une dépendance, et le sucre a été, avec raison, comparé à une drogue.

Vieillissement accéléré, baisse immunitaire

Privés de leurs vitamines et minéraux d’origine par le raffinage, ces sucres appauvrissent nos réserves en magnésium, calcium, ou chrome – un élément qui contribue, justement, à protéger du diabète.

Ils favorisent les aigreurs d’estomac et les fermentations intestinales qui perturbent la flore bactérienne. Ce faisant, et toujours dans l’intestin, ils favorisent la constipation, diverses affections du colon, ou encore aggravent les mycoses (champignons), notamment le Candida albicans, cause de fatigues chroniques.

Lorsqu’on sait qu’une bonne partie de notre immunité dépend de l’équilibre de cette flore ; que le sucre tend à nous carencer en cuivre, un oligoélément anti-infectieux ; et que, parallèlement, plus on absorbe de sucres, moins nos globules blancs réussissent à neutraliser les microbes, on comprend que les sucres raffinés font dériver notre terrain loin de la santé.

Ce n’est pas tout. Plusieurs études ont fait le lien avec les maladies cardio-vasculaires (Nasa Research Center) : le sucre, en effet, fait monter les triglycérides ainsi que le cholestérol LDL.

 Il peut favoriser des pathologies oculaires comme la cataracte et, par un phénomène que les scientifiques nomment glycation (liaisons anormales entre sucres et protéines), le vieillissement prématuré de tous les tissus de l’organisme.

Des chercheurs y voient aussi un agent favorisant plusieurs cancers : du pancréas, de l’estomac, du côlon, de l’endomètre (Centre international du cancer de Lyon, Ecole de Harvard). Car aussi bien les bactéries que les champignons intestinaux et les cellules cancéreuses prospèrent grâce au sucre.

D’où vient l’envie de sucre ?

  • Du souvenir de saveurs sucrées primales : liquide amniotique et lait maternel
  • Du souvenir des délicieux desserts de fête de notre enfance
  • D’un conditionnement parental : un bonbon si on est gentil !
  • D’un conditionnement publicitaire : une barre X, et ça repart ! Un soda Y et la vie pétille !
  • D’un déficit en vitamines B (nécessaires entre autres à l’équilibre nerveux
  • De l’usage exagéré du café, du thé ou du tabac : l’hormone stimulée par ces « dopants » (adrénaline) est suivie d’une baisse d’énergie… qui peut amener à manger sucré
  • De champignons intestinaux qui réclament du sucre ou des farineux (il est presque impossible d’y résister)
  • D’une baisse de moral favorisée par le déficit « messager » cérébral : la sérotonine
  • D’un besoin de se rassurer, suite à un stress, à la solitude, à la dépendance affective, avec un aliment qui rappelle inconsciemment… le giron maternel

Des pistes pour s’en sortir

  • A moins de danger vital et imminent, il est très difficile de changer du jour au lendemain ses habitudes alimentaires : commencer par diminuer par deux les quantités d’aliments nocifs.
  • Remplacer le mauvais sucre restant (blanc et produits en contenant) par du sucre « complet » ou « intégral » (le « roux » peut être du blanc coloré), des fruits séchés, des dattes, des sirops d’agave, de kitul, de céréales…
  • Doubler en même temps les quantités de crudités, de légumes, de fibres (céréales complètes, fruits, légumineuses).
  • Ne pas consommer de sodas ou jus de fruits du commerce pour se désaltérer : partout dans le monde l’eau en bouteille coûte moins cher. Utiliser des filtres ou la faire bouillir si elle est douteuse, car c’est le seul liquide nécessaire à la santé.
  • Marcher, bouger, s’oxygéner : ça équilibre l’énergie et améliore le métabolisme.
  • Apprendre à gérer les stress… autrement qu’en avalant n’importe quoi.
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