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Le gouverneur Daniel Bumba Lubaki : Un programme ambitieux pour redorer l’image de Kinshasa

Au moment de prendre les commandes de la ville de Kinshasa, Onésha Afrika a voulu savoir comment le nouveau gouverneur envisage relever les multiples défis sans cesse récurrents auxquels fait face cette mégapole de près de 17 millions d’habitants. M. Daniel Bumba Lubaki nous livre ici les grandes lignes de son programme pour redorer le blason terni de la capitale congolaise.

M. Daniel Bumba Lubaki avait à l’origine été élu depute national pour la circonscription électorale de Lukunga, avec 13 422 voix, soit le 4ème meilleur score de l’histoire. Il a néanmoins porté ses ambitions plus haut, pour diriger la capitale congolaise afin de relever les multiples defis auxquels elle est confrontée.
Pour le nouveau gouverneur de la ville, qui dit détenir « un programme ambitieux pour revêtir la capitale de sa plus belle robe », ce programme a été au préalable présenté aux instances dirigeantes de son parti, l’UDPS Tshisekedi, ensuite à sa base naturelle, la Communauté neKongo, qui ont été séduites et l’ont adopté.
« Nous pensons que Kinshasa regorge de plusieurs atouts et quand nous observons justement la gestion des décennies précédentes, il ressort à l’évidence qu’il y a une nécessité de faire la résilience. Or, avec une étendue de 9 975 km et un potentiel humain évalué autour de 17 millions d’habitants, Kinshasa est une ville-pays », reconnaît le nouveau gouverneur en liminaire. C’est ainsi, poursuit-il, qu’il a mis en place « un programme réfléchi, fruit d’un travail de longue haleine qui nous a pris plus de cinq années de réflexion, car cette ville, qui a fait la fierté du pays et de l’Afrique, mérite mieux ». À son avis, « il va falloir marquer à jamais la population kinoise pour faire de cette mégapole une vraie métropole, avec des procédés de gestion et des mécanismes de sécurisation afin de transformer la ville en un havre de paix ».

Le programme s’inscrit sur les six engagements du Président Tshisekedi

Pour y parvenir, M. Daniel Bumba Lubaki explique que son programme multisectoriel va allier numérisation et digitalisation des procédés de gestion de la ville, mise en place d’un bataillon spécial en charge de lutter contre les crimes organisés, « le phénomène kuluna », urgence de la salubrité et assainissement, lutte contre les embouteillages, instauration d’un fonds d’investissement et d’un fonds à caractère social en fonction des besoins des Kinois et de la réalité du terrain. « Il s’agit là des engagements essentiels pour la Ville de Kinshasa qui s’aligne aux six engagements pris par le chef de l’État Felix Tshisekedi lors de son investiture pour son second mandat », a souligné le gouverneur de Kinshasa.
En ce qui concerne particulièrement les six priorités, M. Daniel Bumba explique : « Premièrement, nous estimons qu’avec sa démographie exponentielle, il y a une nécessité pour l’érection d’une nouvelle ville de Kinshasa, afin de favoriser son extension.

« Nous voulons Kinshasa comme Singapour, Doha ou Hongkong »

« En effet, nous tendons déjà vers une promiscuité du fait que nous n’occupons qu’à peine 30 km de son étendue de 9 965 km. D’où la nécessité d’ériger cette nouvelle ville, une initiative qui va générer plusieurs emplois et transformer la RDC en un pays touristique à partir de Kinshasa, que l’Afrique et le monde viendront visiter ».
Et de poursuivre : « Réaliser ce projet, à moyen et à long terme, exige énormément de moyens, que ceux qui ont jusqu’ici dirigé la ville n’ont pas réussi à mobiliser, faute de gouvernance. Autour de ses 17 millions d’habitants, il y a des agrégats susceptibles d’amorcer une réelle croissance et générer beaucoup de ressources ».
M. Bumba fait remarquer qu’autant la priorité concerne la construction d’une nouvelle ville, autant il faut transformer l’ancienne cité. « Le résultat escompté, au-delà d’apporter beaucoup d’emplois, est que nous voulons que Kinshasa soit comme Singapour, Doha ou Hongkong. Cette initiative attirera le monde et va générer beaucoup de revenus ».
Il estime par ailleurs que, par effet domino, la vieille ville bénéficiera du projet et réussira à se régénérer, parce qu’il y aura création des emplois, un facteur fondamental qui sécurise en termes d’alimentation, d’habillement et de logement. L’initiative est, selon lui, à même de générer 1 000 000 d’emplois directs et indirects. « En effet, construire une ville, c’est 200 000 maçons, 200 000 charpentiers. Il s’agit d’une vision que nous mettons en place et qui se développe, c’est Kinshasa dans 30 ans, 20 ans ou 10 ans ».

Digitalisation des services de gestion

Une autre priorité concerne la gestion de la ville, qui commence par la digitalisation et la numérisation des procédés de gestion. « En effet, à l’heure des nouvelles technologies, on ne peut pas envisager des méthodes de gestion archaïques. Nous l’avons dit, pendant que la nouvelle ville de Kinshasa s’érige, nous pensons mettre en place la numérisation de tous les procédés, ceux qui vont amener à avoir une administration efficace, avec un mécanisme de traçabilité de nos finances publiques et un mécanisme plus efficace pour contrôler le niveau de de l’exécution des réalisations », explique M. Bumba, qui ajoute :
« Il s’agit d’une gouvernance plus active, avec une certaine rigueur. C’est vrai qu’aujourd’hui il existe l’Agence du numérique pour la ville de Kinshasa, mais dans la faisabilité, on traîne les pas.
Alors que dans mon programme, il y a toujours un mécanisme de suivi et un financement approprié. Des développeurs sont prêts à nous accompagner, en partenariat public-privé, pour finaliser ce projet de numérisation, qui va permettre de mobiliser davantage en termes des finances publiques, de suivi, de traçabilité et de contrôle.
Nous avons discuté avec des groupes au niveau du Moyen-Orient qui sont prêts à accompagner ce projet ».

Mobiliser 20 milliards de dollars en cinq ans

À une question sur le niveau de mobilisation des recettes au moment où les chiffres de l’Inspection générale des Finances sont plutôt alarmants, le nouveau gouverneur est convaincu qu’en 5 ans, Kinshasa est à même de mobiliser a minima des recettes de 20 milliards de dollars.
« Avec la digitalisation, nous avons la possibilité de canaliser tout ce qui se perçoit et éviter les coulages. Nous avons pensé aux réformes. Par exemple en matière d’impôt foncier, qui était prévu autour de 20% puis revu à 12%, mais qui généralement n’est payé ni par le locataire ni par le bailleur, nous avons proposé de le baisser sensiblement autour de 3 à 5%, parce que si une personne fait une location à 100$, il a une facilité de dégager 5$ pour l’administration fiscale ».
L’impôt foncier est calculé sur la surface bâti et non bâti, alors que Kinshasa se développe aujourd’hui en hauteur, note le nouveau gouverneur qui évoque ainsi « la nécessité de la réforme que nous proposons, en vue de calculer l’impôt foncier sur la surface habitée, la surface aménagée. Un calcul simple : Kinshasa, c’est 17 000 000 d’habitants. Si nous considérons les ménages moyens autour de six voire huit personnes, nous avons une moyenne de 2 000 000. On peut donc mobiliser un milliard de dollars rien que pour l’impôt immobilier ».

Taxer les produits plastiques

À l’instar de la taxe aérienne, le gouverneur Bumba compte également activer la taxe terrestre, pour les voyages par route ou par voie fluviale, mais aussi engager un plaidoyer concernant l’estampillage sur le plastique sous toutes ses formes, qui pollue la ville, et ainsi financer sa politique d’assainissement de la ville et des rivières aujourd’hui remplies de bouteilles plastiques. Pour lui, « à travers toutes ces réformes, nous comptons mobiliser un peu plus de 3 milliards de dollars l’an pour atteindre 20 milliards sur 5 ans ».
« Nous avons aussi l’aspect informel qui caractérise l’économie à Kinshasa. Imaginez le nombre de tous ces petits commerçants, ils sont là, ils travaillent. Or l’impôt est appelé à être prélevé sur l’activité économique. 1$ chaque jour, chacun sait au moins qu’il participe pour sa ville. Kinshasa peut ainsi dormir avec 100 000$ mobilisés en une journée, autour de 3 000 000 en un mois et autour de 36 000 000 en une année rien que pour ce secteur ».
Quant à la mise en place d’un bataillon spécial en charge de la prévention ainsi que la lutte contre les crimes organisés et l’instauration de la sécurité, le nouveau gouverneur pense qu’il faut d’abord comprendre ce phénomène, lié à la pauvreté et au désœuvrement des jeunes.
« Nous mettrons à disposition le financement pour que ce bataillon soit équipé. Mais aussi il y a une zone industrielle où nous prévoyons organiser des activités de pêche, de pisciculture et d’agriculture ainsi que de formations associées pour l’éclosion de l’industrie. Le programme va dérouler beaucoup d’emplois et des gens vont abandonner naturellement le phénomène kuluna ».
Le programme du gouverneur Daniel Bumba table également sur la desserte de Kinshasa en eau et en électricité, grâce à la promotion et au financement de micro-projets en hydroélectricité, en éolienne et en solaire, sur la lutte contre l’insalubrité et sur les mesures idoines pour mettre un terme aux embouteillages et améliorer la fluidité.

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