Bujumbura a mis en exécution sa menace de refouler les ressortissants rwandais de son sol. Le pays avait annoncé la fermeture pour une période indéterminée de ses frontières terrestres avec le Rwanda, à cause « du mauvais voisinage du président rwandais Paul Kagame ».

Impossible pour le moment de chiffer précisément le nombre de ressortissants rwandais déjà refoulés du sol burundais depuis mi-janvier, car le gouvernement burundais refuse jusqu’ici de communiquer sur le sujet. Mais l’ONG SOS Torture-Burundi évoque une trentaine de ces ressortissants remis aux autorités rwandaises en deux jours, rien qu’au poste-frontière de Ruhwa, dans la province de Cibitoke, au nord-ouest du pays.
Une quarantaine d’autres, arrêtés par des Imbonerakure, membres de la ligue des jeunes du parti au pouvoir, étaient toujours écroués dans les cachots de la commune de Mugina, dans la même province de Cibitoke, en attendant leur expulsion, toujours selon la même source. D’autres encore ont été arrêtés dans de nombreuses autres provinces et seraient en passe d’être renvoyés au Rwanda.
Mais est-ce un simple hasard ? Le ministre burundais de l’Intérieur, Martin Niteretse, avait annoncé que ce travail était facilité par le fait qu’ils se servaient de listes des étrangers vivant au Burundi que venaient de confectionner les gouverneurs des provinces, selon le journal SOS Burundi Médias.

Kigali joue à l’apaisement

Officiellement, tous ces Rwandais interpellés sont des « irréguliers », mais plusieurs abus ont été signalés, comme souvent dans pareilles circonstances, surtout dans les régions rurales, selon des sources.
Pour sa part, le porte-parole adjoint du gouvernement rwandais, Alain Mukularinda, a appelé les Rwandais à éviter un pays « où l’on ne veut pas de nous », dit-il tout en rassurant les Burundais vivant au Rwanda qu’ils pouvaient continuer à vaquer à leurs occupations, sans aucune crainte.
Comme quoi, le conflit entre les deux pays, qui tire son origine dans l’accusation formulée par Bujumbura selon laquelle Kigali héberge et entretient des rebelles qui viennent tuer des femmes et des enfants au Burundi, prend aujourd’hui des proportions beaucoup plus inquiétantes.
Le Rwanda est également tenu responsable par Kinshasa d’être l’instigateur du M23, un mouvement terroriste qui massacre les populations civiles dans l’est de la RDC depuis deux ans et que Kigali approvisionne en armes et en effectifs militaires.

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