ROSA PARKS : À l’avant du bus

Le 1er décembre 1955 une modeste couturière, Rosa Parks, refuse de céder la place à un voyageur blanc comme l’exigeait le règlement. Cela va lui valoir d’être arrêtée par la police, de provoquer le premier mouvement de boycott des bus et va aboutir à la suppression de la ségrégation à Montgomery.

Le bus arrive, arrive à la station. Elle achète son ticket, elle prépare son ticket. Toute sa vie on lui a menti : lave-toi, nettoie tes oreilles, parle bien, habille-toi comme une dame et on ne t’appellera pas mademoiselle Rose. On ne te mettra pas à l’arrière. Mais ce pays est bourré de mensonges. On nous garde toujours à l’arrière et miss liberté jamais ne se retourne vers nous.

Le bus arrive, arrive à la station. Elle achète son ticket, elle prépare son ticket. Ne la cherchez pas à l’arrière du bus, vous ne la trouverez pas. Allez à l’avant, c’est là qu’elle est. Bravo Rosa !


PHILLIS WHEATLES : Plume biblique

Née le 4 décembre 1784, au Sénégal, Phillis Wheatles est l’une des tous premiers poètes black à acquérir une notoriété nationale aux USA. Kidnappée et vendue en esclavage à Boston, Phillis Wheatles apprend l’anglais en 6 mois et ne se sépare pas de la bible qu’elle lit intensément. Sa poésie sera marquée par sa fascination par le livre saint.

Dans ses rimes trône la sagesse et brillent toutes les grâces. Dans ses rimes domine, pure et divine, la vertu. Dans ses rimes abondent mille allusions hyperboliques aux divinités antiques et aux figures bibliques. À 7 ans, elle savait déjà réciter sans aide-mémoire les passages les plus difficiles et les plus profonds des Saintes Écritures, la bible.                                                                                                                Pour le grand émerveillement de ceux qui l’écoutaient.


LITTLE RICHARD : Boogie Woogie

Né le 5 décembre 1935, à Macon aux USA d’un père pasteur, pianiste exceptionnel, Little Richard est la plus grande voix du rock. Un jour qu’il lavait la vaisselle de la cuisine du buffet de la gare de Géorgie où il travaillait, le nommé Richard eut une illumination : A wop alop bop a bamboom, glapit-il soudain en renversant couverts et vaisselles. Le restaurant perdit un plongeur mais le rock y gagna un vocaliste délirant aux déhanchements lascifs, à la coiffure haute de 15 cm, aux paupières maquillées au mascara, à la rythmique énergique et débridée, au ton comique et au piano boogie-woogie. 

« Mes parents, dira Little Richard, écoutaient Bing Crosby et Ella Fitzgerald. Je savais qu’il devait y avoir dans la musique quelqu’un de plus cinglé que ça. J’ai découvert que c’était moi. »                                


OTIS REDDING : Voix de la Soul

Le 10 décembre 1967 un avion s’écrase dans les eaux glacées du lac Madison. À son bord Otis Redding. Né le 9 septembre 1941, Otis Redding fut de 1962 à 1967 l’un des plus grands chanteurs américains de l’après-guerre.

À des milliers des miles de sa Géorgie natale assis sur la rive de la baie à regarder la marée descendre assis sur la rive de la baie à marquer le soul de son empreinte vocale il était le ciel et les nuages et le soleil et la voix de la soul. Si le sexe de la soul c’était Marvin Gaye, Si ses jambes c’était James Brown, si son cœur c’était Stevie Wonder, sa voix fut sûrement Otis Redding.  


MÉNÉLIK : Yeux vifs

Le deuil est sur l’Éthiopie : la mort de Ménélik II est annoncée officiellement. En réalité le souverain avait disparu quelques années auparavant. Le secret de sa disparition fut gardé durant 4 ans conformément aux exigences de la tradition.                                                                                                   Ménélik II restera dans l’histoire de l’Éthiopie comme celui qui a repoussé l’invasion italienne, réunifiée et modernisé son pays.

Des yeux vifs, un vaste front et toujours un sourire rayonnant. Chaque matin, il se lève avant le soleil. Après quelques minutes de méditation, il se consacre au détail sur le fonctionnement de l’administration et du gouvernement. On dit qu’il est doué d’une grande intuition et d’un sens inouï des affaires du monde doublé de grandes connaissances scientifiques, archéologiques et artistiques. Des quatre coins de la planète des savants, des voyageurs, des journalistes viennent le consulter. Souverain, il ne se barricade pas dans son palais. Il n’est pas rare de le voir couper l’herbe, construire avec ses propres mains une école avec le commun des mortels.


ARISTIDE : Titid

Le 16 décembre 1990, les premières élections libres sont organisées à Haïti. Elles seront gagnées par le père Aristide, apôtre de la théologie de la libération.  

Jeunesse de Haïti, « est-ce que nous senti ? » Ouiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii !                        Jeunesse d’Haïti pensez-vous qu’il y’ait des garçons vaillants dans ce pays ? Ouiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii ! Jeunesse d’Haïti pensez-vous qu’il y ait des filles courageuses dans ce pays ? Ouiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii ! Jeunesse d’Haïti voulez-vous vivre dos à dos ? Noooooooooooooooooo !                          Na hin han ? Noooooooooooon ! Na chien manger chien ? Nooooooon! Jeunesse de Haïti voulez-vous vivre dans la concorde ? Ouiiiiiiiiiiiiiii ! Youn collé l’autre ? Ouiiiiiiiiiii ! Na youn marché cot’ l’autre ? Ouiiiii ! Na youn aimant l’autre ? Ouiiiiiiiiii !                                               Quand Titid parle la foule s’embrasse, les hommes hurlent, les femmes jaillissent de leur siège et dansent sur place… Quand Titid parle, les zombis s’en vont paître ailleurs…. / Quand Titid………..

Titid ??? Le calme de sa face est celui de son immense cœur. Ni menaces ni supplices ne l’affaiblissent. Le regard large, la démarche ample, tout droit il marche. Sans jamais perdre haleine. Philosophe guerrier, juste protecteur, dans le bonheur des siens il trouve son bonheur. Lui seul n’est point frappé de l’éclat de sa gloire. Le ciel a béni sa destinée.                                                                              Il est des gens qui l’adorent pour sa tendresse. Il est des gens qui rêvent de le briser en mille morceaux. À cause de sa fierté. Et cric et crac…

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