« Un peuple qui a la mémoire courte est un peuple qui n’a pas d’avenir »
(Citation de Maréchal Ferdinand Foch)

Georges Padmore

Né à Trinidad au début du siècle, Georges Padmore est mort à Londres le 22 septembre 1959. Selon son souhait il fut incinéré au Ghana. Padmore est la personne qui a donné forme au panafricanisme qu’il définissait comme étant «un mouvement visant à réaliser le gouvernement des Africains par des Africains, pour des Africains en respectant les minorités raciales et religieuses qui désirent vivre en Afrique avec la majorité noire».

Les hommes voient le présent, il connaissait l’avenir.
Aux heures graves de l’Afrique, il prédit: «Si l’Afrique n’envoie pas flotter au loin les frontières nationales, si le même désir d’unité n’est pas partagé sur toutes les routes, le rêve de bâtir une grande cité sera mutilé».

Jessy Owens

23 octobre 1936: depuis quelques jours Berlin accueille les jeux Olympiques.

Les anneaux olympiques qui ornent la ville sont noyés dans une forêt de croix gammées. Hitler est au pouvoir depuis 3 ans. Après avoir ouvert les jeux, il est revenu plusieurs fois au stade pour voir triompher quelque aryen blond et vérifier ses théories du «Mein Kamph» :

Et les nègres M. Hitler?
Quoi?
Les nègres?
Ah! bon, je ne savais pas que c’étaient des êtres humains.

Porté par tout un stade et électrisé par la présence du Führer (surnom d’Adolphe Hitler) dans les tribunes, Lutz Long est décidé à remporter l’épreuve du saut en longueur. Il bondit et il retombe: 7,87 mètres. Mieux que tous ses concurrents.
Le public se lève et ovationne Lutz Long qui fait le salut nazi devant la loge de Hitler.
Lentement, tranquillement, Jessy Owens marche vers le bout de la piste. Quelques minutes de concentration, une course formidable, un bond dans le ciel et 7,94 mètres. Une nouvelle course, un nouveau bond et 8,06 mètres. Furieux, le Führer se lève et s’en va du stade pour ne pas avoir à serrer la main d’un nègre de 19 ans…

Tchaka Zulu
Dingiswayo tua Tchaka

Le 30 avril 1828 Tchaka Zulu, redoutable chef zulu, meurt, assassiné par son demi-frère. Né en 1787 de l’ethnie nguni, Tchaka, fils illégitime, subit de multiples vexations, se réfugie chez Dingiswayo et devient l’un de ses lieutenants. A sa mort il lui succède et entreprend d’unifier l’Afrique australe par les armes.

Tu ne tueras point. Caïn tua Abel / Dingiswayo tua Tchaka.
Lui qui était aussi rugueux que l’oreille d’un éléphant. Lui qui était la hache dont le tranchant surpasse celui de toutes les autres haches. Lui qui savait saisir un bâton, attaquer, jeter feu et flamme.
Lui qui n’affronta un ennemi sans l’écraser, ne foula un sol sans le conquérir
Lui qui voulait réunir toute l’Afrique Australe en un royaume pour faire face à l’intrusion coloniale.
Lui Tchaka Zulu est mort de la main d’un de ses frères.
Avant de mourir il s’est retourné vers ses assassins : « Vous croyez que vous gouvernerez ce pays, mais déjà je vois les hirondelles arriver. Vous ne gouvernerez pas quand je serai mort. Les Blancs sont déjà là. »
Il venait du ciel, dit-on ; même les hyènes n’auront pas le courage d’approcher son corps. Tu ne tueras point. Caïn tua Abel. Dingiswayo tua Tchaka.

Thomas Sankara

Le 15 octobre 1987, Thomas Sankara est assassiné au cours d’un coup d’État militaire. C’est alors la consternation dans toute l’Afrique. Né en 1949 au Burkina-Faso, Thomas Sankara devient président en 1983, inaugurant ainsi l’ère de la révolution burkinabé. Celle-ci va redonner l’espoir à toute la jeunesse africaine.

Sans carats, sans carat, sans demeure, sans frontières, sans armes.
Avec une immense fraternelle envie, il prenait un micro et la vérité venait par l’intégrité de ses élans. Honte aux poètes qui ont attrapé la fièvre répandue de la soumission cherche ta voie Afrique rassemble les terres dispersées habille les aubes enguenillées. Tendu vers cet idéal géant, il vient de livrer au soleil son corps criblé: «qu’importe la mort».

Samoura Machel
A luta continua

Le 19 octobre 1986, Samoura Machel disparu dans un mystérieux accident d’avion. Son avion détourné en territoire sud-africain s’y écrase. Successeur d’Edouardo Mondlane, Samoura Machel mène le Mozambique à l’indépendance le 25 juin 1975.

Il arrivait souriant, gesticulant et il tendait chaleureusement sa grande main. C’était un bonjour lumineux. Il disait toujours «a luta continua», car il ne pouvait s’arrêter alors que des peuples entiers survivent comme ils peuvent. Son œil était plus grand que tous les horizons: il embrassait toutes les luttes. Il connaissait la magie qui mue la misère en courage: «la tragédie ce n’est pas la misère; c’est la résignation, l’habitude de la misère».

Sekou Touré

La Guinée vote «Non»

Le 28 septembre 1958, la Guinée vote «Non» au référendum sur la «Communauté française» proposé par le pouvoir colonial. Ce vote va ouvrir la voie des indépendances africaines. L’artisan de ce Non est un ancien syndicaliste du nom de Sekou Touré.

Noir dans sa robe blanche, Sekou Touré martèle chacun de ses mots, échos d’une Afrique humiliée réclamant sa dignité: «Nous avons un indiscutable besoin, celui de notre dignité. Et il n’y a pas de dignité sans liberté. Nous préférons la pauvreté dans la liberté à la richesse dans l’esclavage». A ses côtés, pâle, fatigué, le général de Gaulle est touché par les rafales d’acclamation qui montent du fond de la salle. La Guinée d’accord avec Sekou Touré votera «Non» au référendum.

Martin Luther King
I have a dream

Le 4 avril 1968, Martin Luther King est abattu. Pasteur baptiste, apôtre de la non-violence, prix Nobel de la paix, Martin Luther King (1929-1968) avait mené de 1956 à son assassinat la lutte pour les droits civiques des minorités aux USA. Celui-ci sera suivi d’émeutes dans les ghettos de Chicago, Washington, et Baltimore.
Il était petit de taille. Mais quand il parlait, il paraissait grand, si grand.
C’est qu’il irradiait de vérité. C’était un être à part.
Petit-fils d’esclave de la Deep South, il a prêché l’égalité dans un pays miné par le racisme, la non-violence dans un pays contaminé par la violence, la paix dans un monde ruiné par les guerres.
Il voulait éveiller la conscience assoupie de l’Amérique avant qu’il ne soit trop tard. Il était habité par le rêve d’un monde où les hommes seraient seulement humains. Sans aucune autre décoration. Sans être prisonniers d’un ordre, d’un slogan, d’une étiquette, d’une couleur.
Allègre, saine, optimiste sa parole possédée par le Dieu de la justice et de la tendresse, a nourri des centaines d’espérances.

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