Le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya est aux commandes de la destinée de la Guinée, depuis le 5 septembre 2021. Par la force des armes, il évince du pouvoir le Président Alpha Condé, après plus de 10 années passées au pouvoir et au début d’un troisième mandat controversé.

C’est comme si l’on s’attendait à ce scénario : le renversement du Président Alpha Condé par un coup d’Etat. La Communauté des Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) après avoir condamné le putsch des bouts des lèvres a simplement « pris acte » pour la junte en visitant le pays.

La facilité avec laquelle l’homme fort de Conakry a perdu le pouvoir ne laisse personne indifférente sur un probable soutien de pays occidentaux. La fin du pouvoir d’Alpha Condé signe la fin d’un opposant ayant suscité beaucoup d’espoir pour la Guinée lors de son accession au pouvoir. Enivré par le pouvoir, Alpha Condé n’a pas pu venir le coup d’Etat. Après son forcing de 3ème mandat, il a été lâché par ses pairs de la sous-région. Et le 5 septembre 2021, ce qui devait arriver, arriva…

L’image a fait le tour du monde. En chemise indigo et blue jeans, calfeutré dans un fauteuil, un pied nu sur l’assise, la mine défaite, entouré d’une escouade de militaires armés jusqu’aux dents, le désormais ex-président de la République de Guinée ne croyait toujours pas avoir perdu le pouvoir. « Vous pouvez m’expliquez ? », demande-il à ses geôliers.

Il n’aura aucune réponse. Il n’a pas perdu le pouvoir. Il lui a été retiré à cause de son arrogance, de sa cupidité, et de ses dérives dictatoriales. Reste à connaître la suite qui, comme on le sait, a souvent tendance à se solder par un désastre politique et économique tant il est évident que les militaires guinéens au pouvoir se sont toujours servis au lieu de servir.

Quant à Alpha Condé, dont c’est là la deuxième arrestation par l’armée après celle de 1998, qui lui valut de croupir deux années et demi en prison, son avenir s’écrit en pointillés, comme l’a écrit François Soudan.

Donner la priorité au peuple de Guinée

La Guinée a besoin de se remettre debout. Le chômage endémique de la jeunesse dans un pays qui est le premier producteur mondial de bauxite s’apparente à un « cassus béli ». Les militaires doivent impérativement tourner cette page et ouvrir celle de l’espoir pour une population guinéenne qui a mal en ses dirigeants. Partant, l’Afrique. Alpha Condé est juste une caricature de nos chefs d’Etat.

Avant lui, nous avons vécu, dans un passé récent, les départs mouvementés de Mamadou Tandja (Niger), Laurent Gbagbo (Côte d’Ivoire), Blaise Compaoré (Burkina Faso) Ibrahim Boubacar Keita (Mali). La plupart des dirigeants sont les plus grands démocrates quand ils lorgnent le fauteuil présidentiel.

Ils promettent monts et merveilles, disent à qui veut l’entendre que leur seul objectif est de mettre leur pays sur le chemin du développement, se montrent modestes et courtois. Une fois au pouvoir, c’est tout le contraire que l’on voit. Pire encore, ils se découvrent un QI hors norme et veulent s’y éterniser en usant de tous les artifices : emprisonnement des opposants et des membres de la société civile, utilisation de la force publique pour faire taire les récalcitrants, achat de conscience, tripatouillage de la constitution. Dans de telles conditions, il n’est pas surprenant que les militaires s’invitent sur la scène politique comme dans les années 1960 à 1980.

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