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Gabon : Une multitude d’appels à la candidature du chef d’État de transition pour la présidentielle

Brice Oligui Nguema, proclamé Président de transition au Gabon. (image :malikonews.com)

Au Gabon, 11 mois après le coup d’État du 30 août 2023, les appels à la candidature du président de la Transition Brice Clotaire Oligui Nguema commencent à fuser de partout. Le tombeur d’Ali Bongo ne dit pas oui, mais il ne refuse pas non plus.

Très actif sur le terrain, Oligui Nguema laisse penser qu’il sera candidat à l’élection présidentielle prévue en août 2025 pour mettre fin à la transition actuelle. La charte de la transition qui régit le Gabon lui autorise à être candidat, ce qui est impossible en revanche pour tous les autres dirigeants de la transition.
Le vice-Premier ministre Alexandre Barro Chambrier, qui a annoncé lors d’un meeting qu’il ne sera pas candidat, promet de soutenir Oligui Nguema s’il se présente. Devant les cadres et militants de son parti, le Rassemblement pour la patrie et la modernité (RPM), réunis dans une salle, il a délivré un message clair : « Si le président Brice Clotaire Oligui Nguema est candidat, alors notre parti, toutes les forces autour de nous, soutiendront cette candidature et nous ne présenterons pas de candidat ».

Les raisons du choix

Serment du général Brice Oligui Nguema, nouveau président de la Transition (senego.com)

Actuellement numéro deux du gouvernement, Alexandre Barro Chambrier, président du RPM, a expliqué les raisons de son choix. « Notre pays a pris trop de retard. Brice Clotaire Oligui Nguéma a fait la démonstration en très peu de temps de sa détermination à doter le pays d’infrastructures de base. Tout le monde ne peut pas être président », a-t-il dit.
Âgé de 65 ans, il était l’un des principaux opposants à Ali Bongo dont il critiquait la mauvaise gestion. Il a tenté à deux reprises de se présenter à une élection présidentielle sans mener son projet jusqu’au bout.
En 2016, il s’était retiré en faveur de l’opposant Jean Ping et il avait aussi soutenu Albert Ondo Ossa pour la présidentielle de 2023. Au lendemain du coup d’État, il avait refusé d’entrer au gouvernement avant de céder quatre mois plus tard.

François Ndong Obiang : « Nous devons sortir de la transition en ayant une élection apaisée »

François Ndong Obiang, le président du parti Réagir (Source : gabonclic.info)

Au Gabon, selon les textes en vigueur, un seul acteur de la transition aura le droit d’être candidat à la présidentielle de l’an prochain : c’est le chef de l’État, le général Oligui Nguema. Mais tout le monde n’est pas d’accord avec cette disposition de la Charte de la transition et du Dialogue national, qui exclut de fait les autres acteurs de la transition.
François Ndong Obiang est le premier vice-président de l’Assemblée nationale. Interrogé par Christophe Boisbouvier, il s’exprime d’abord sur le projet de Constitution qui prévoit de supprimer le poste de Premier ministre.
« Vous savez, le texte connaîtra certainement une évolution, les discussions vont arriver au Parlement, à la Constituante et le référendum tranchera définitivement la position des Gabonais ». Quant au poste de Premier ministre, « on en discutera certainement », répond-il.
« Il y a ceux qui sont favorables au maintien d’un Premier ministre pour que le président ait un fusible, que le président ne soit pas exposé à la vindicte de la gestion quotidienne de l’État. Il y a ceux qui trouvent que nous pouvons aller directement à un régime présidentiel où le président assume le rôle du gouvernement, et cela va nécessiter qu’il n’y ait plus de fusible, parce que, dit-on, depuis l’instauration de cette fonction, le Premier ministre n’a quasiment jamais géré ».
Ndong Obiang estime que ce sont des discussions qui vont avoir lieu. « Si on donne au Premier ministre toute la latitude de conduire la politique gouvernementale et tout le respect qui lui est dû, on peut avoir un Premier ministre conséquent. Mais si effectivement il y a des ministres qui ne se réfèrent qu’au chef de l’État et qui ont des comportements qui outre-passent leurs missions, évidemment, on peut se demander à quoi sert le Premier ministre ».

« L’exclusion de certains candidats est prématurée »

Au sujet des acteurs de la transition actuelle qui ne pourront pas être candidats à la présidentielle, aux termes des conclusions du Dialogue national, le premier vice-président de l’assemblée gabonaise pense que l’exclusion ou l’élimination de quelconques candidats est un peu prématurée. « Est-ce qu’on va le mettre dans la Constitution ? Je n’en sais rien. Mais il faut dire qu’un acteur de la transition qui souhaiterait avoir un positionnement présidentiel, moi, de mon avis, devrait avoir la légitimité de son action. Je ne vois pas pourquoi on va l’exclure. Maintenant on va aussi en discuter autour de nous pour savoir que nous devons aller à une élection apaisée, où tout le monde doit avoir ses chances, où tout le monde est capable de concourir à égale partie ».
Concernant la candidature du général Oligui Nguema, autorisée par la Charte de transition, « il est bien qu’Oligui Nguema soit candidat s’il le veut, mais nous nous avançons un peu trop au Gabon, on spécule, Oligui n’a pas encore dit qu’il sera candidat. Mais s’il est candidat, il va de soi que d’autres acteurs de la transition pourraient être candidats pour ne pas rentrer tout de suite dans une élection qui commence par des frustrations. Nous devons sortir de la transition en ayant une élection apaisée, une élection plurielle et tout à fait inclusive », estime-t-il.

« Les autorités n’ont pas l’envie de tricher »

Le palais présidentiel de Libreville photographié le 18 décembre 2019. (STEVE JORDAN / AFP)

Référendum à la fin de l’année et présidentielle l’an prochain, dont l’Assemblée nationale confie l’organisation au ministre de l’Intérieur, mais Ndong Obiang ne se sent pas inquiet. « Le pouvoir en place nous a dit, le ministre de l’Intérieur nous a dit, que la précipitation de sa démarche se limitait au référendum. Je ne pense pas que les autorités en place aient l’ambition de vouloir tricher. Je ne le crois pas », dit-il.
Même si 13 députés de son parti ont voté contre et ont exprimé leur inquiétude, il est convaincu que « la loi qui a été votée nous permettra d’aller au référendum, et après le référendum, on reprendra le chronogramme de la transition qui a bien fixé qu’après l’adoption de la Constitution en référendum, on va voter la loi des élections, puis la loi des partis. Il y a un chronogramme qui a été arrêté et jusqu’à ce jour, le président Oligui respecte le chronogramme ».
A son avis, « personne n’a intérêt à aller avec le code électoral tel quel si on ne discute pas sérieusement de comment on fait pour aller aux élections apaisées. Et même si les militaires qui sont en place souhaitaient aller aux élections, je ne crois pas qu’ils veuillent des élections brouillées, des élections avec des violences. Je pense que nous voulons tous avoir désormais, après la transition, des élections à peu près légitimes. On aura un nouveau code électoral après référendum et on aura une loi des partis qui va fixer des nouvelles conditions ».

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