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G20 – Réunion des ministres des Finances : Les États-Unis opposés à la taxation des « super-riches »

Photo de la réunion des ministres des finances et des gouverneurs des banques centrales du G20 à Gandhinagar. /Photo prise le 18 juillet 2023 à Gandhinagar, Inde/REUTERS/Amit Dave

La réunion des ministres des Finances du G20, tenue au Brésil le 26 juillet 2024, n’a pas réussi à s’accorder de façon formelle sur la nécessité de taxer les « super-riches ». Les États-Unis ont freiné des quatre fers sur la question, estimant que les impôts relèvent de la souveraineté de chaque État. Décryptage.

Devant la froideur des Américains, les ministres des Finances des pays ont décidé de coopérer en vue de taxer les « super-riches ». C’est comme l’adage africain qui dit « prends-moi, mais ne me touche pas ».
Poussée par la présidence brésilienne du G20, l’idée de taxer les ultra-riches constituerait une petite révolution pour les économies mondiales, qui permettrait entre autres de financer la transition écologique et sociale et d’améliorer la justice fiscale dans le monde.
Les ministres des Finances du G20 se sont ainsi engagés à « coopérer pour faire en sorte que les personnes très fortunées soient effectivement imposées » grâce à des « politiques fiscales efficaces, équitables et progressives », constatant que « les inégalités de richesse et de revenu compromettent la croissance économique et la cohésion sociale, de même qu’elles aggravent les vulnérabilités sociales ».
« C’est la première fois de l’histoire du G20 que les pays s’accordent sur la nécessité de mieux taxer les ultras-riches », explique Quentin Parrinello, consultant senior à l’Observatoire européen de la Fiscalité, l’organisme chargé par le Brésil d’étudier les possibles leviers d’une meilleure taxation des ultra-riches.
Selon le Journal « La Croix », le projet d’un impôt mondial sur les plus fortunés est l’une des pièces maîtresses de ce chantier. Ces derniers mois, le Brésil, soutenu par la France, plaidait en effet pour taxer les milliardaires qui échappent largement à l’impôt sur le revenu en faisant de l’optimisation fiscale grâce à des montages financiers.
Les ministres des Finances du G20, réunis à Rio de Janeiro, n’ont pas validé ce projet d’un impôt mondial. Ils sont néanmoins parvenus à aboutir à une déclaration commune. « Dans le plein respect de la souveraineté fiscale, nous nous efforcerons de coopérer pour faire en sorte que les personnes très fortunées soient effectivement imposées », conviennent-ils.

Imposer 2% sur les revenus des 3 000 milliardaires dans le monde

En juin, l’économiste français Gabriel Zucman, considéré comme l’un des plus en pointe sur la question, avait, à la demande de la présidence brésilienne, remis un rapport dans lequel il détaillait la mise en œuvre d’un impôt minimal de 2 % sur le patrimoine des 3 000 milliardaires en dollars que compte le monde.
Il estimait que cette taxation pourrait rapporter 230 milliards d’euros par an. Cet impôt minimum viendrait compléter la taxation minimale de 15 % sur les profits des multinationales, qui avait été actée en 2021 dans le cadre de négociations menées par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
Les ministres des Finances du G20, s’ils s’accordent sur la nécessité de s’assurer que les plus riches sont bien imposés, n’ont donc pas été jusqu’à reprendre la proposition de l’économiste. Cela n’a pas empêché Gabriel Zucman de saluer « un pas important dans la bonne direction ».
« Ils doivent désormais faire davantage et s’engager à mettre en place un impôt minimum coordonné sur les ultra-riches », a ajouté dans un communiqué celui qui est aussi directeur de l’Observatoire européen de la fiscalité, un laboratoire de recherche indépendant hébergé par l’École d’économie de Paris (PSE).

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