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France : Ouverture de la conférence annuelle des ambassadeurs, rendez-vous majeur de la diplomatie française

Chaque année depuis 1993, tous les chefs de missions diplomatiques français se retrouvent à Paris à la fin août.(Source : ambafrance.org)

La conférence annuelle des ambassadeurs et ambassadrices s’est ouverte le 28 août à Paris, un rendez-vous important de la diplomatie française. Le président Emmanuel Macron y a pris la parole, avant la ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Catherine Colonna.

Au cours des assises, la Première ministre Élisabeth Borne devait y présenter les priorités de la politique étrangère du gouvernement et échanger avec les diplomates. Comment faire entendre la voix de la France et garder la maîtrise du narratif, dans un monde de plus en plus confus où les guerres se multiplient et les fausses infos pullulent sur les réseaux sociaux ?

Lors de ce rendez-vous incontournable de la diplomatie française, les 162 ambassadeurs et les quinze représentants permanents de la France auprès des organisations internationales devaient avoir l’occasion de partager leurs expériences. 

La guerre en Ukraine et le souhait de Kiev de rejoindre l’Union européenne est l’un des sujets phare de cette 29ème édition. Y est convié le ministre des Affaires étrangères, Dmytro Kouleba ; Paris compte affirmer son engagement aux côtés de Kiev.

Le coup d’État au Niger avec la possibilité d’une intervention militaire de la Cédéao, la guerre au Soudan, la crise libanaise et le conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan sont d’autres thèmes évoqués au cours des trois journées de travail. Les ambassadeurs se projettent aussi sur les moments forts de 2024 : les élections européennes en juin, les Jeux olympiques à Paris en juillet et le sommet de la Francophonie qui se tiendra en France pour la première fois depuis trente ans.

Ukraine, Niger, Iran

Une opération d’évacuation des ressortissants français au Niger aura lieu « très prochainement », selon l’ambassade de France à Niamey. (©Djibo Issifou/dpa/picture-alliance/Newscom/MaxPPP)

Dans son discours, Emmanuel Macron a évoqué un panel de sujets, allant de la situation au Sahel aux défis de la France à l’échelle européenne, en passant par la sécurité au Moyen-Orient. Au sujet de la situation en Afrique et plus particulièrement au Niger, le président français a réfuté tout « paternalisme », mais aussi toute « faiblesse » de la France en Afrique, alors que le Sahel fait face à une « épidémie de putschs ».

« Ni paternalisme, ni la faiblesse parce que sinon on n’est plus nulle part », a-t-il dit devant les ambassadeurs de France réunis à l’Élysée, en appelant aussi les pays du Sahel à avoir une « politique responsable » en la matière.

« La faiblesse que d’aucuns ont montrée à l’égard des putschs précédents a nourri des vocations régionales », a-t-il déploré.
Emmanuel Macron a également salué le travail des diplomates français qui oeuvent dans des conditions difficiles, citant la situation au Niger où l’ambassadeur est toujours en poste, bien que les militaires ayant pris le pouvoir aient demandé son départ.

« La France et les diplomates ont été confrontés ces derniers mois à des situations dans certains pays particulièrement difficiles, que ce soit au Soudan où la France a été exemplaire, au Niger en ce moment même, et je salue votre collègue et vos collègues qui écoutent depuis leur poste. »

Un « risque d’affaiblissement » de l’Europe et de l’Occident

Le président français Emmanuel Macron (Image : ytimg.com)

Le président français a aussi mis en garde contre un « risque d’affaiblissement » de l’Europe et de l’Occident dans le contexte international actuel. Ce contexte « s’est plutôt durci », « se complique » et « fait courir le risque d’un affaiblissement de l’Occident et plus particulièrement de notre Europe », a-t-il déclaré, citant notamment « l’émergence de nouvelles grandes puissances internationales ».

« Il y a une remise en cause progressive de notre ordre international dans lequel l’Occident avait une place prépondérante et a encore une place prépondérante », a-t-il encore souligné. Cette remise en cause résulte du retour de la guerre, notamment en Europe avec l’offensive russe en Ukraine, et de la montée d’une « politique de ressentiment » de l’Asie à l’Afrique, qui se nourrit de « l’anticolonialisme, réinventé ou fantasmé » et d’un « anti-occidentalisme instrumentalisé », a-t-il affirmé.

Le chef de l’État français a insisté sur la nécessité d’« éviter une partition du monde » autour de la guerre en Ukraine, alors que les États du Sud se refusent à condamner la Russie. Il faut « éviter que s’installe un narratif qui consisterait à dire « c’est votre guerre en tant qu’Européens, elle ne nous concerne pas ». »

L’Union européenne doit « accepter plus d’intégration », voire « plusieurs vitesses » pour « évoluer sur les sujets essentiels », a par ailleurs assuré Emmanuel Macron.

« Je peux témoigner assez aisément qu’une Europe à 27, c’est assez compliqué à faire évoluer sur les sujets essentiels », a-t-il déclaré, jugeant que « ce ne sera pas plus simple à 32 ou 35. Donc il nous faut une certaine audace pour accepter plus d’intégration sur certaines politiques, peut-être d’ailleurs plusieurs vitesses de cette Europe ».

Quatre Français détenus « dans des conditions inadmissibles » en Iran

Image d’archive/© REUTERS/Carlos Barria

Concernant la situation en Iran, Emmanuel Macron a demandé la libération des quatre Français détenus « dans des conditions inadmissibles ». « Rien ne justifie la détention » des « ressortissants français dans les prisons et dans des conditions inadmissibles en Iran », a déclaré le chef de l’État.

Les quatre Français détenus par Téhéran sont Louis Arnaud, depuis septembre 2022, une enseignante française, Cécile Kohler, et son compagnon Jacques Paris, arrêtés en mai 2022 pour « espionnage », et un autre dont l’identité n’a pas été dévoilée.
Enfin le président Macron en a également profité pour annoncer la prochaine conférence de Bagdad sur la sécurité au Moyen-Orient qui aura lieu « fin novembre ».

Il appelle les États de la région à exiger de la Syrie une « coopération accrue » dans la lutte contre le terrorisme s’ils veulent la réintégrer dans des instances régionales. Cette réinsertion de Damas doit « supposer une coopération accrue dans la lutte contre les groupes terroristes » et la possibilité pour les réfugiés syriens de revenir dans leur pays avec un certain nombre de « garanties », a-t-il souligné.

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