Le président congolais Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo a accordé, le 6 août à Bruxelles, une interview exclusive à la radio-télé Top Congo et au site congoindépendant.com, au cours de laquelle il a abordé sans détour une série de questions, dont celle de son hospitalisation.
On ne pouvait se tromper, le chef d’État congolais était visiblement en parfait état, totalement détendu et ne présentant aucun signe de fatigue ni dans son apparence ni dans le débit de ses propos. D’ailleurs à le voir et l’entendre, il fallait avoir reçu l’information pour savoir qu’il s’agissait là d’un homme en pleine convalescence, tellement il rayonnait de santé.
C’est avec raison qu’il confiera: « Je suis totalement rétabli. Je suis d’attaque et je vais rentrer au pays très prochainement ». Le lendemain, en effet, il avait regagné la capitale.
Le Président Tshisekedi avait quitté Kinshasa le 31 juillet « pour raisons médicales », avait annoncé son cabinet. Des rumeurs les plus folles avaient alors couru, relayées par les sites les plus farfelus. Des bruits aujourd’hui totalement dissipés.
Le chef d’État congolais a expliqué, au cours de cette interview organisée dans l’enceinte de l’ambassade de la RDC au Benelux, qu’il avait accepté une prise en charge de son médecin depuis 2022. « Je l’ai fait venir à Kinshasa où il a apprécié le matériel de l’hôpital du Camp Tshatshi, mais il a préféré, pour qu’il soit couvert par ses assurances, que je vienne personnellement sur place ».
Il a assuré que les examens se sont correctement déroulés. « Là, je suis en forme et prêt à revenir aux affaires ».
Pas question de changer ni le nombre de mandats, ni la durée
À une question sur la forte dépréciation de la monnaie congolaise qu’il va rencontrer à son arrivée et qui influe sur le pouvoir d’achat, il a rappelé que l’économie de la RDC est fortement dollarisée, précisant que le gouvernement met tout en œuvre pour que le pays produise localement et ainsi mettre à l’abri une économie tournée vers l’importation.
« Cela fait partie de mes six engagements », a-t-il dit avant d’ajouter : « Il ne faut pas me juger maintenant. Ceux qui pensent que j’ai oublié le slogan «le peuple d’abord» doivent savoir que je dors et me réveille en pensant au peuple congolais. Et j’en prends même sur ma santé ».
Quant à son intention relative à la modification de la Construction, il s’est voulu rassurant : « Je n’ai jamais dit que je vais changer le nombre de mandats ni la durée. Ce sont des articles verrouillés. Mais il y a certaines dispositions qui entravent la bonne marche des institutions, qu’il faudrait améliorer », précise-t-il.
« Aucune négociation possible mais des questions à poser au criminel Kagame »
Interrogé sur la signification des rencontres observées ces derniers jours entre les délégations de la RDC et du Rwanda, le Président Tshisekedi a été catégorique : « Écoutez-moi bien : jamais, au grand jamais, tant que je serai le président de la RDC, je n’aurai en face de moi une délégation du M23 ni de ce que vous appelez AFC (NDLR : Alliance Fleuve Congo) pour négocier. Jamais », a-t-il martelé avec fermeté.
Il explique : « Je veux parler avec le Rwanda. Je demanderai à Kagame, criminel de son état, ce qu’il a à avoir avec mon peuple ».
Pour Félix Tshisekedi, la RDC a sauvé le Rwanda d’une catastrophe encore plus grave en acceptant d’accueillir les réfugiés sur son sol et sur insistance de la communauté internationale. « Maintenant, l’enfer s’est installé chez nous, avec la cécité de la même communauté internationale. Le régime criminel de Kigali en a profité et a découvert que l’est est une région riche en minérais et autres produits et veut aujourd’hui prendre nos terres. Ça jamais », a-t-il assuré.
L’ex-président Joseph Kabila accusé de « préparer une insurrection »
Le Président Tshisekedi a par ailleurs accusé clairement son prédécesseur Joseph Kabila de préparer une insurrection en soutenant le groupe politico-militaire de l’ancien président de la Commission électorale Corneille Nangaa. « Joseph Kabila prépare une insurrection en République démocratique du Congo. L’Alliance Fleuve Congo, c’est lui », a signifié le chef d’État congolais.
Ce mouvement insurrectionnel lancé à Nairobi, avec en son sein le M23 dans l’objectif de donner une couleur congolaise, n’a jamais convaincu personne dans la mesure où c’est l’armée rwandaise qui opère directement sur le sol congolais pour combattre l’armée loyaliste les FARDC, selon des rapports d’experts des Nations unies.
Avant l’interview, assurée par Christian Lusakweno de Top Congo et Baudouin Amba Wetshi de congoindependant, le Président Tshisekedi avait tenu une séance de travail avec les diplomates congolais en poste dans l’espace Union européenne, qu’il a invités à mobiliser davantage les pays alliés de la RDC sur l’agression rwandaise.