L’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo a lancé son nouveau parti, début octobre: le Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI), dont il a été élu président lors du Congrès constitutif à Abidjan.

L’ancien chef d’État ivoirien a déclaré que son ambition était de « partir » et qu’il préparait son parti « à poursuivre le combat ». Un parti qui se veut socialiste, souverainiste et qui met l’accent sur le panafricanisme.

C’est la principale innovation par rapport au FPI: le PPA-CI sera, certes, socialiste et souverainiste comme son devancier, mais il est désormais panafricaniste. Laurent Gbagbo préempte ainsi un courant politique délaissé jusqu’à présent aux petites formations comme le Cojep. Pour lui, l’échelle des États issus des indépendances est inadaptée au monde de demain.
« Le panafricanisme n’est pas un slogan, c’est une réalité », a-t-il ainsi déclaré. « Quand vous avez une certaine taille, petite, et que vous n’avez que le cacao à proposer, vous ne vous bandez pas les muscles pour vous promener devant les gens ».

Dans ce monde multipolaire, s’ils ne s’unissent pas, les pays africains sont condamnés à être les jouets des grandes puissances (États-Unis, Chine, Europe, Russie), estime Laurent Gbagbo, évoquant l’ambition exprimée par le premier président ghanéen Kwame N’Krumah, chantre du panafricanisme.

« Il faut ouvrir les yeux »

« Aujourd’hui, il y a l’Afrique et l’Amérique latine qui sont encore fragmentées. C’est pourquoi il faut que les États africains s’unissent. C’est pourquoi il faut que le PPA-CI fasse appel aux autres partis progressistes pour que nous nous unissions », a encore appelé Laurent Gbagbo.

L’ancien président n’a pas pour autant détaillé ce qu’il entendait par « s’unir », mais a cité les États-

Unis et l’Union européenne comme exemples d’intégration régionale.
Sans avoir rien perdu de sa verve, Laurent Gbagbo souffle le chaud et le froid quant à ses intentions personnelles et rappelle qu’il est de nouveau maître de son destin politique: « Il y a eu beaucoup de spéculations qui ont été dites au moment où je sortais de prison.

Non, Gbagbo ne va plus faire de politique, Gbagbo va aller s’asseoir au village. Mais quand j’ai commencé la politique, est-ce que je leur ai demandé leur avis ? [Acclamations] Moi, je ferai de la politique jusqu’à ma mort. [Acclamations] Mais c’est moi, et moi seul, qui déciderai sous quelle forme je fais de la politique ».

Toutefois, à 76 ans, l’ancien chef de l’État ivoirien assure qu’il se prépare à passer la main. Il dit avoir travaillé à faire en sorte que le nouveau parti, le PPA-CI, dont il vient d’être élu président, soit un « instrument de combat » qui lui survive quoi qu’il arrive.
« En ces temps ici, après ce parcours-là, la sagesse, c’est de se préparer à partir. Mais j’ai décidé que je ne partirai pas brusquement », a-t-il
assuré.

Savoir lire entre les lignes

Quand Laurent Gbagbo envisage-t-il de se retirer ? Pense-t-il à 2025 en se rasant le matin ? Personne ne peut encore y répondre. En attendant, il l’assure: ni une condamnation à vingt ans de prison pour l’affaire dite du « casse de la BCEAO », ni une éventuelle future loi sur une limite d’âge à 75 ans pour les candidats à la présidentielle, par exemple, ne l’empêcheront de faire de la politique, d’une manière ou d’une autre.

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