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Ce que l’on sait de la visite officielle du président Brice Oligui Nguema en France

Brice Oligui Nguema et Emmanuel Macron à Dubaï lors de la COP28 le 1er décembre 2023.

Le président gabonais effectue son premier voyage officiel en France du 28 mai au 2 juin. Brice Clotaire Oligui Nguema se rend à Paris avec plusieurs ministres, notamment celui de l’Économie. Une visite de travail durant laquelle il sera reçu par le président Emmanuel Macron à l’Élysée.

Relations bilatérales, sujets d’intérêt commun comme le climat et les forêts, ou encore la bonne marche de la transition gabonaise sont prévus au menu des discussions. Pour Libreville, cette visite de travail doit notamment servir à se démarquer des pays du Sahel comme le Mali, le Burkina et le Niger, secoués par des coups d’État et le rejet des intérêts français.
« Il est clair que notre transition n’a pas grand-chose à voir. Nous voulons montrer que notre situation est différente. Notre relation avec la France doit s’inscrire dans la normalité, au même titre que nos autres partenaires », indique une bonne source.
Brice Clotaire Oligui Nguema devrait être reçu à l’Élysée par son homologue Emmanuel Macron le vendredi 31 mai. Or certains voient dans ce déplacement une volonté du chef de l’État gabonais de chercher une légitimité auprès de la France.
« Ce n’est pas faux, mais ce n’est pas le principal objectif. Il a quand même déjà été reçu à l’ONU et par de nombreux chefs d’État », confie un connaisseur du dossier, pour qui, étant donné la défiance envers Paris dans certaines capitales du continent, la France a tout autant intérêt à cette rencontre que le Gabon.
Sous l’ancien président Ali Bongo, les relations franco-gabonaises avaient connu des périodes de froid. Libreville avait aussi semblé s’éloigner en rejoignant l’organisation du Commonwealth il y a deux ans. Mais le putsch d’août dernier n’a pas aggravé le refroidissement des relations. Au contraire, les deux pays ont visiblement maintenu des liens étroits.
Le 31 août dernier, au lendemain du putsch, Brice Clotaire Oligui Nguema avait reçu l’ambassadeur français Alexis Lamek et le chef de poste de la DGSE, en signe de bonne entente.
La transition avait rétabli les signaux de France 24 et RFI interrompus par l’ancien pouvoir le jour du vote, le 26 août. Dans le même temps, la société française Eramet avait repris ses activités d’extraction de manganèse dans la mine de Moanda.

« Paris n’a aucune raison de s’inquiéter »

Le président gabonais avait une première fois rencontré son homologue français Emmanuel Macron en marge de la COP28 à Dubaï le 1ᵉʳ décembre.
« Après le coup d’État, la France et l’OIF, Organisation internationale de la Francophonie, nous ont accompagnés sans nous exclure.
Bien sûr qu’avec la France, il y a une histoire avec des hauts et des bas. Et s’il y a des ajustements à faire, nous les ferons, mais nous ne sommes pas dans une logique pseudo-révolutionnaire panafricaniste. Paris n’a aucune raison de s’inquiéter », analyse une source au Palais du bord de mer.
Aujourd’hui, le Gabon reste au moins partiellement suspendu du Commonwealth et de l’Union africaine. Être reçu à Paris pourrait aider Libreville à retourner pleinement dans le concert des nations.
« Avec le Commonwealth, on cherche à remettre les choses en place. Des délégations d’entrepreneurs de l’organisation étaient à Libreville il y a quelques semaines. Côté UA, nous espérons qu’elle respectera le principe de subsidiarité et suivra l’exemple de la CEEAC qui a levé ses sanctions il y a quelques semaines », indique une source à Libreville.

La présence militaire française devrait être évoquée

La base militaire française, installée au camp de Gaulle depuis 1960, devrait être évoquée durant la visite. Un point sensible pour Paris, qui a vu tour à tour le départ de ses soldats du Mali, du Burkina et du Niger.
« Aucune fermeture n’est prévue, rassure une bonne source au Gabon. Mais ce n’est pas un enjeu pour nous. Paris modifie son dispositif militaire en Afrique. Quand il y aura une décision finale, nous renégocierons nos accords dans l’intérêt des deux parties », ajoute cette source.
« L’envoyé personnel » du président français pour l’Afrique, Jean-Marie Bockel, était au Gabon en mars.
Il aurait présenté les projets en cours pour l’avenir des quelque 380 soldats français et personnels du ministère des Armées présents sur place à ce jour. Une réduction des effectifs est notamment pressentie.
Les 29 et 30 mai, Brice Clotaire Oligui Nguema devrait se rendre aussi au forum économique Gabon-France, organisé pour l’occasion. Une rencontre en présence de patrons des deux pays, avec plusieurs tables rondes notamment, l’occasion de prendre connaissance de la situation économique du Gabon, d’examiner les opportunités d’affaires et d’échanger avec les décideurs et investisseurs.
Un rendez-vous qui, là aussi, doit aider à rassurer, alors que le Dialogue national gabonais (DNI), qui avait rassemblé toutes les couches de la société jusqu’au 30 avril, avait notamment recommandé une préférence nationale dans l’économie afin d’aider les opérateurs locaux à lutter face à la concurrence étrangère.

Libreville reste ouverte aux investisseurs français

L’aéroport international Léon Mba à Libreville, 1er aéroport du Gabon 

« Nous voulons rappeler que notre pays est ouvert aux entrepreneurs français et autres. Il n’y a aucune volonté de les chasser. Ceux qui ont la capacité d’y investir sont bienvenus d’où qu’ils viennent », indique un interlocuteur proche des autorités.
Quant aux recommandations du DNI, « il ne faut pas les prendre au premier degré. Il revient au gouvernement de les traduire en lois et règlements. Mais le Gabon a des engagements internationaux. Les recommandations qui y seront contraires ont peu de chance d’être appliquées. Leur mise en place se fera uniquement si elle est faisable juridiquement et politiquement. Le Gabon n’est pas un isolat », confie une bonne source.
Durant son séjour à Paris, Brice Clotaire Oligui Nguema devrait en profiter pour rencontrer la diaspora gabonaise samedi 1ᵉʳ juin.
Le lendemain, il est prévu qu’il se rende à la Somme pour les commémorations de la bataille d’Airaines qui s’est déroulée en juin 1940, en pleine offensive de l’armée allemande. Les Tirailleurs sénégalais y avaient occupé une place essentielle, notamment le 53ᵉ RICMS (Régiment d’infanterie coloniale mixte sénégalais). À leur tête, le capitaine gabonais Charles N’Tchoréré, finalement exécuté par les nazis. Le président Oligui Nguema devrait regagner le Gabon le 2 juin.

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