Le Cameroun est secoué par une affaire de tentative de coup d’État avorté datant de 2022, impliquant un sous-officier du BIR, l’unité d’élite de la police camerounaise. Des arrestations ont été opérées en 2024 après une série d’enquêtes.
Dans une vidéo diffusée le 7 mai 2024, un sergent, John Ewome Eko, alias « Moja Moja », a accusé des chefs du BIR, dont il fait partie, de l’avoir approché pour participer à un coup d’État en 2022. Face à son refus, son salaire aurait été coupé.
Il affirme également avoir été de nouveau contacté par des colonels de la même unité trois semaines avant la diffusion de la vidéo, mais a de nouveau refusé.
Ces révélations ont provoqué l’inquiétude au sein de l’appareil sécuritaire camerounais. Le 8 mai 2024, le colonel François Pelene, coordinateur général des BIR, a signé un message diffusé sur la radio nationale affectant John Ewome et un autre élément du BIR à l’état-major de l’armée de terre, officiellement pour « baisse de rendement ».
Quelques jours plus tard, Ewome a été arrêté et est actuellement en détention au secrétariat d’État à la Défense (SED) pour « exploitation ». Le colonel Bamkoui, commandant de la Sécurité militaire (SEMIL), a également été rappelé précipitamment de l’étranger.
L’enquêteur désigné par le président Biya lui-même aux arrêts
Cependant, selon des sources bien informées, le président Paul Biya serait parfaitement au courant des déclarations de John Ewome. En 2022, il avait déjà demandé à l’ancien Directeur général de la Recherche extérieure, Maxime Eko Eko, d’enquêter sur des informations faisant état d’un coup d’État en préparation impliquant des proches collaborateurs du président, dont le secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh, et des éléments du BIR.
Maxime Eko Eko a mené une enquête de quatre mois et a déposé son rapport fin janvier 2023. Mais quelques jours après, il a été arrêté sous « hautes instructions » de Ferdinand Ngoh Ngoh.
L’affaire John Ewome soulève de nombreuses questions sur la stabilité du Cameroun et les tensions au sein du régime de Paul Biya. Plusieurs services de sécurité mènent actuellement des investigations pour déterminer la véracité des accusations du sergent du BIR et identifier les éventuels instigateurs du coup d’État avorté.