La présidente du Parlement sud-africain, Nosiviwe Mapisa-Nqakula, visée par des accusations de corruption, a démissionné le 3 avril, a indiqué son parti, l’ANC (au pouvoir). Cette démission intervient à deux mois d’élections législatives cruciales.
« Le Congrès national africain (ANC) peut confirmer que la lettre de démission de la camarade Nosiviwe Mapisa-Nqakula a officiellement été reçue », a affirmé le parti. L’ANC a apprécié son engagement pour « maintenir l’image » du parti en décidant de se retirer avant qu’on ne lui demande de le faire, a ajouté l’ANC.
Présidente du Parlement depuis 2021 et membre du tout-puissant Comité exécutif national (NEC) de l’ANC au pouvoir depuis la fin de l’apartheid, Mme Mapisa-Nqakula, 67 ans, est accusée d’avoir perçu d’importantes sommes en espèces d’un contractant militaire lorsqu’elle était ministre de la Défense (2014-2021).
La justice avait rejeté un recours en urgence de la présidente du Parlement, ouvrant ainsi la voie à une possible arrestation de cette figure du parti au pouvoir.
Après une perquisition à son domicile il y a deux semaines, Mme Mapisa-Nqakula avait déposé un recours pour tenter d’éviter une arrestation qu’elle a qualifiée d’« illégale » au vu des « minces » preuves rassemblées contre elle.
Au lendemain de cette perquisition, la présidente du Parlement, qui n’était pas encore formellement inculpée à ce stade, avait annoncé se mettre en « congé spécial » avec effet immédiat.
Alors que l’ANC est en perte de vitesse
L’affaire survient à deux mois d’élections générales à risque pour le parti historique, en perte de popularité, notamment en raison d’une succession d’affaires de corruption de ses cadres.
Les Sud-Africains sont appelés aux urnes le 29 mai pour renouveler leur Parlement, qui désignera le prochain président. Selon les enquêtes d’opinion, l’ANC, également plombé par un climat socio-économique morose, risque pour la première fois de perdre sa majorité absolue, et donc la Présidence du pays.
115 000 euros pour un contrat de sous-traitance
« Ma démission n’est en aucun cas un aveu de culpabilité », écrit Nosiviwe Mapisa-Nqakula dans sa lettre d’adieu à l’Assemblée nationale, rendue publique le mercredi 3 avril.
La présidente dit vouloir préserver l’intégrité du Parlement alors qu’elle fait face à des accusations de corruption. Une cheffe d’entreprise dit avoir versé 115 000 euros de pot-de-vin à l’ancienne ministre de la Défense pour gagner un contrat de sous-traitance.
Le jeudi 4 avril, elle s’est finalement présentée à la police, qui l’a formellement inculpée et mise aux arrêts, ouvrant ainsi la procédure pour son jugement. Si Nosiviwe Mapisa-Nqakula est reconnue coupable, elle risque jusqu’à 15 années de prison et mettre fin à sa brillante carrière politique, une disposition du parti prévoyant l’exclusion en cas de condamnation.
Un coup dur pour l’ANC, au pouvoir, et qui a été salué par l’opposition. Celle-ci demande d’ailleurs que toute la lumière soit faite sur les différentes affaires impliquant les cadres de l’ANC.
En effet, l’affaire visant la présidente du Parlement n’est pas un cas isolé. Un autre scandale concerne le vice-président de l’Afrique du Sud, Paul Mashakule, à qui l’on demande des comptes pour ses achats de propriété de luxe au Cap.