La formation professionnelle est une nécessité à l’aune du 21ème siècle en Afrique. La vieille formation théorique a fait long feu car le besoin n’existe plus en tant que tel dans la vie des nations. On forme des diplômés chômeurs dans les universités africaines. Il est temps de changer cela en mettant l’accent sur la formation promotionnelle. La mayonnaise est en train de prendre…
La formation professionnelle est la clé de la lutte contre le chômage pour les jeunes africains. L’école traditionnelle et classique a montré ses limites en Afrique. Les universités forment des chômeurs.
Elle souffre encore de nombreux autres handicaps : peu en lien avec le monde du travail, elle ne fournit pas les profils recherchés par les entreprises. Elle est souvent trop théorique et n’apporte pas les compétences en terme de savoir-faire.
Sa qualité est entravée par la vieillesse des installations et le manque de moyens du corps enseignant. Elle se montre, de plus, incapable d’accueillir suffisamment de jeunes au-delà du cycle primaire.
Beaucoup de jeunes, d’ailleurs, n’ont pas les moyens d’accéder à cet enseignement. Enfin ils sont nombreux ceux qui estiment que la formation professionnelle ne débouche que sur des emplois peu considérés et interdit l’accès à des niveaux supérieurs d’éducation.
Il y a donc une profonde opposition entre l’image plutôt négative que le grand public a de la formation professionnelle et le rôle important qu’elle est censée jouer pour le développement économique et social.
Dans presque tous les pays africains, un grand nombre de diplômés venus du cursus traditionnel d’éducation sont sans emploi, bien que les demandes pour des travailleurs capables existent dans l’économie.
Il y a donc disparité entre la formation et la demande du marché du travail en aptitude professionnelle. Pour obtenir des capacités de haute qualité, la formation requiert des équipements et des outils appropriés, une quantité suffisante de matériels didactiques, et de la pratique.
Elle exige également des manuels de formation adaptés, des instructeurs qualifiés qui ont l’expérience des entreprises. Mais ces derniers sont rares car ils sont très sollicités sur le marché du travail.
Il faut reconnaître que très peu de gouvernements en Afrique sont capables de financer une formation technique et professionnelle de qualité.
Son coût unitaire est nécessairement plus élevé que dans les écoles d’enseignement primaire et secondaire : il faut plus d’enseignants pour le même nombre d’élèves, les équipements de formation sont coûteux ainsi que les matériaux utilisés pendant les travaux pratiques.
Changer de fusil d’épaule
Patricia Veringa Gieskes est kinoise. Elle a créé, en 2006, une société d’intérim, The Job factory, mais elle a rapidement dû réorienter son activité principale.
« On a presque été dans l’obligation de migrer vers la formation professionnelle pour des raisons de compétence, explique-t-elle. Et nous avons directement vu les résultats. C’est-à-dire que quand on forme les jeunes en adéquation avec ce qu’ils vont devoir mettre en pratique au niveau des entreprises, ils trouvent du travail. »
Au Niger, Abdoulaye Sanda Maïga a identifié le problème il y a vingt ans déjà. Les jeunes diplômés ne sont pas correctement formés aux besoins des entreprises et de l’économie en général. Des bataillons de diplômés ne trouvent pas d’emplois.
Il a donc créé l’Institut pratique de santé publique. Et aujourd’hui, il forme chaque année 2 500 jeunes dans des métiers aussi divers qu’agent de santé, infirmier obstétrical, épidémiologiste ou nutritionniste. « Il est indéniable qu’aujourd’hui, au Niger, le secteur privé pallie le manque de formation qu’ont les jeunes diplômés du Niger », affirme Abdoulaye Sanda Maïga.
Autres alternatives
D’aucuns parlent de l’apprentissage et de la formation en alternance (on alterne cours théoriques et formation pratique en entreprise). Mais le problème en Afrique, comme dans d’autres régions en développement, c’est qu’il y a trop peu d’entreprises pouvant garantir la formation des apprentis…
La formation technique non formelle, définie comme telle par opposition à la formation en milieu scolaire avec un programme rigide, présente l’avantage d’être de courte durée, orientée vers un métier spécifique et peut suivre ou ne pas suivre un programme standard prescrit par les autorités nationales en charge de l’éducation.
En outre, les qualifications d’entrée des apprenants peuvent être extrêmement variables. Enfin elle met l’accent sur l’acquisition de compétences pratiques pour un emploi immédiat. La clé de l’éradication de la pauvreté est la croissance économique et la création de l’emploi pour tous.
Cependant, des pauvres sans aptitudes professionnelles ne peuvent bénéficier du processus de croissance. Le défi consiste donc à relever la capacité de production des défavorisés, des jeunes et des vulnérables de la société à travers l’acquisition de compétences professionnelles précises.
Mais il ne faut pas oublier le nouveau défi de la mondialisation. Un des côtés pervers de la mondialisation en Afrique est l’inondation des marchés africains par toutes sortes de biens bon marché et par des produits technologiques des pays étrangers.
Une question se pose alors : comment les produits locaux peuvent-ils concurrencer leurs versions importées bon marché ? On ne peut que partager le souhait de l’Union Africaine : «une Afrique intégrée, paisible, prospère, conduite par son propre peuple, en vue de prendre sa place dans la communauté mondiale et dans la connaissance économique».