Des étudiants en quête du mieux, des femmes et des hommes ayant la vision d’évoluer ailleurs, loin de leur pays et dont l’aventure vire au drame … la traite des personnes touche un bon nombre d’individus. Souvent des ressortissants de pays en développement, en quête d’un mieux-etre.
« Que la voix des victimes nous guide ! », c’est le thème choisi cette année pour célébrer la Journée mondiale de la lutte contre la traite des personnes, commémorée le 30 juillet de chaque année, avec comme sous-thème pour le Congo: « Victimes de la traite des personnes en RDC, priorité de notre combat ».
Mendicité forcée des enfants, travail forcé, mariage forcé, trafic d’organes, exploitation de la prostitution, enrôlement des enfants dans les groupes armés… la traite des personnes se présente sous diverses formes. En prélude à la célébration de cette journée, l’Agence pour la Prévention et la Lutte contre la Traite des personnes « APLTP », en partenariat avec l’USAID et l’OIM avait organisé des ateliers de sensibilisation sur la traite des personnes autour du thème : « Ensemble, dénonçons et combattons la traite des personnes ».
À en croire la coordinatrice de l’APLTP, Mme Cécile Rébecca Kasanda, cette sensibilisation devait s’étendre dans toutes les provinces de la République démocratique du Congo et dans toutes les langues des habitants, afin que le message atteigne les différentes couches sociales.
La RDC étant dans la base de données des pays de la SADC, reliée à la base des données mondiale, avait organisé, sous le haut patronage du chef de l’État, une formation à l’intention des magistrats et autres acteurs de première ligne, en y associant des agents des ministères.
A l’issue de cette formation, ces agents sont outillés pour la collecte des données susceptibles d’apporter des informations fiables sur la traite des personnes, même en dehors du pays dans l’espace SADC.
Des avancées significatives en RDC
Selon le rapport mondial du Département américain, la RDC occupe le niveau tiers 2 dans le classement des pays où règne la traite des personnes. « Lorsque la RDC a adhéré à cette convention en 2005, sa courbe était au rouge. Nous pouvons donc considérer qu’il y a eu des avancées très significatives depuis que le président congolais a décidé de créer l’Agence pour la Prévention et la Lutte contre la traite des personnes », a précisé Cécile Rébecca Meta Kasanda.
C’était au cours d’un point de presse qu’elle a animé le 28 juillet dernier, afin d’éclairer l’opinion sur certains le fonctionnement de son organisation, en marge de la célébration de la Journée mondiale de la lutte contre la traite des personnes.
Quant aux réparations en faveur des victimes, elle a relevé que dans plusieurs pays d’Afrique, la justice appartient aux « individus ayant les poches pleines ».
Afin de contourner la difficulté, la coordinatrice de l’APLTP a expliqué que la stratégie de l’Agence prévoit l’utilisation d’un groupe d’avocats qui s’occupent spécialement des cas des démunis.
« Il n’y a pas de petit peuple. Une victime est une victime. Raison pour laquelle nous avons commencé par former des avocats, des magistrats et des OPJ à cette fin. Des agents sont déjà sur le terrain pour mener des enquêtes en vue de rétablir la justice en faveur de toute personne victime de quelque forme de traite que ce soit dans les provinces les plus touchées, telles que le Kasaï, le Nord-Kivu et l’Ituri », a-t-elle précisé.
Au sujet de la situation des migrants, la RDC n’est pas épargnée par le phénomène. Plusieurs jeunes, dans la quête d’un monde meilleur, sont dupés et emmenés à l’étranger, où ils sont soumis à des travaux forcés, sans rémunération.
Depuis peu, certains jeunes sont tentés d’aller entreprendre des études supérieures à l’étranger moyennant des bourses d’études. Malheureusement, des réseaux mafieux en ont fait leur business. Ainsi, des jeunes sont pris dans les mailles et sont parfois forcés de travailler comme esclaves, parfois ce sont leurs organes qui sont prélevés.
L’implication de tous
A loccasion de la célébration cette année, Cécile Rébecca Meta a indiqué que chaque individu a le droit de dénoncer les souffrances que subissent les personnes, afin de réussir à éradiquer la traite des êtres humains, tel que l’a recommandé Ban Ki Moun, alors Secrétaire général des Nations Unies lors de la première célébration de cette journée en RDC.
« Depuis le 1er janvier 2005, la RDC s’est dotée d’un document stratégique sur la traite des personnes. A cet effet, un texte été mis à la disposition du gouvernement par l’APLTP. Nous envisageons de construire au moins cinq centres d’hébergement pour les victimes », a assuré la Coordinatrice de l’APLTP.
Pour sa part, la représentante des Nations-Unies en RDC avait indiqué que la Communauté internationale est aux côtés de la RDC dans ce combat. « Il est important que les partenaires comme l’OIM et autres s’impliquent davantage afin de peaufiner des stratégies quant à la protection des victimes et à l’aide de ceux qui sont piégées ».
De son côté, le Directeur de cabinet du ministre des Droits humains en RDC a tout d’abord salué les efforts de tous les partenaires, avant de solliciter l’implication personnelle du chef de l’État, représenté à cette cérémonie.
« Nous devons conjuguer nos efforts pour lutter contre la traite des personnes. Sur ce, nous demandons l’implication personnelle du chef de l’État pour réussir dans cette entreprise », a-t-il lancé.
Le représentant de la Police nationale congolaise, également convié à la cérémonie, a présenté une synthèse des témoignages des victimes récupérées au pays et à l’extérieur dans le cadre de la coopération entre les polices.
L’Agence pour la Prévention et la Lutte contre la traite des personnes a été créée par le président Tshisekedi, dans le cadre de sa politique de promotion des droits humains, par l’ordonnance 19-027 du 22 avril 2019. Elle a pour missions d’assurer la coordination des acteurs institutionnels impliqués dans la lutte contre la traite des personnes en RDC, d’élaborer la politique nationale en matière de lutte contre la traite des personnes, de mettre en œuvre des stratégies, des mécanismes et des outils de lutte contre la traite des personnes en RDC ainsi que de garantir la prise en charge des victimes rtet des témoins et veiller à la poursuite des trafiquants.
Sarah Mangaza