Alexandre Dumas : Histoires palpitantes de vie

Né à Villiers le 24 juillet 1802, Alexandre Dumas est le dramaturge le plus populaire des écrivains romantiques. Petit-fils d’un créole et d’une femme noire, et fils d’un général de la Révolution française, il fut clerc et notaire, puis employé de bureau chez le duc d’Orléans avant de vivre de sa plume. Il est l’auteur d’environ 250 romans.

Cheveux crêpelés, brouissaillés et une bouche lippue, il buvait un coup, puis causait, gesticulait, riait, se répandait. On l’écoutait bouche béante. Il avait toujours des histoires à raconter. Des histoires palpitantes de vie, peuplées de personnages qui marchent les uns contre les autres, terribles ou bouffons, des gentilshommes à cheval, courageux et nobles… La mort sûrement ne pourra être méchante avec lui car il saura bien lui raconter de belles histoires, s’accordèrent à dire ses amis et ses critiques, à sa mort.


Francis Bebey : Les palais l’effraient

Romancier, nouvelliste, poète, journaliste et musicien, Francis Bebey est né le 15 juillet 1929 à Douala. Armé d’un humour ravageur, il sait restituer avec éclat dans ses chansons l’envoûtante richesse de la vie quotidienne.

Il passe léger, là-bas, ici. On lui demande parfois d’où il vient : Je ne sais pas, je ne sais pas. Il y’a longtemps que je suis sur le chemin. Tout ce que je sais c’est que je suis né de l’amour de la terre avec le soleil.

Descartes je connais, Birago Diop aussi. Si je dis que l’un sans dire l’autre, je n’ai donné qu’une partie de moi-même. Il passe, il fend l’air. Mais il n’a rien, il n’a rien à part sa guitare. Rien ne vaut sa liberté, c’est la plus riche des fortunes. Vis selon le cœur, c’est là qu’est la molécule de la fortune. Il passe léger là-bas, ici les palais l’effraient. Il préfère les humbles maisons.


Rivonia Procès : Toute ma vie…

Dans les faubourgs de Prétoria se déroule ce 11 juillet 1963, un procès qui aura un retentissement international.

Dans Le box des accusés : les principaux leaders de la résistance clandestine anti-apartheid dont, notamment, Nelson Mandela et Walter Sisulu. Principal inculpé de ce procès, Mandela s’y défendra lui-même. Il conclura sa plaidoirie par des mots qui feront le tour du monde :

« Toute ma vie, j’ai lutté pour la cause du peuple africain. J’ai combattu la domination blanche et j’ai combattu la domination noire. J’ai adopté pour idéal une société démocratique et libre où tout le monde vivrait ensemble dans la paix et avec des chances égales. J’espère vivre pour le conquérir, mais c’est aussi un idéal pour lequel je suis prêt, s’il le faut, à mourir. »

Selon la loi sud-africaine « quiconque vise à changer l’ordre social, politique ou racial existant » est considéré comme un « terroriste » et passible de 5 ans de prison minimum. Mandela et ses compagnons seront condamnés à la détention criminelle à perpétuité.


La marche des femmes : Contre le « PASS »

Le 9 août 1956 plus de 20 000 femmes venues des quatre coins de l’Afrique du Sud convergent vers Pretoria pour protester contre le port des PASS. En souvenir de cette manifestation l’ONU déclarera la journée du 9 août « Journée de solidarité avec les femmes d’Afrique du Sud ».

La menace, la peur, la prison, la torture avaient rendu les hommes muets de stupeur. Comme la vaillance les femmes nouèrent leurs pagnes autour de leurs reins. Elles n’avaient pas d’armes ni de pierres dans leurs mains. Elles n’avaient que leurs cœurs ardents de tendresse et leurs voix plus fortes que la tyrannie. Pour défendre la vie, pour ouvrir les portes des prisons, pour que les enfants aient un avenir, elles firent un pas, deux pas, trois pas, des pas, des pas contre le PASS. Et la liberté retrouva ses ailes mystérieuses. Et les hommes reprirent courage.


PASS : Laissez-passer

Afrique du Sud 1956 : l’un des piliers du système d’apartheid est le PASS – document qui assigne chaque homme à un lieu de résidence dont il ne peut s’éloigner plus de 72 heures, sous peine de prison. Il indique aussi son âge, son sexe, son lieu de travail et son groupe racial – noir, indien, chinois- avec le degré de métissage pour le coloured. Il fait aussi office de permis de travail.

Le titulaire de ce titre est un Bantou. Il demande à être transféré de ce pointci à ce point-là, veuillez le laisser passer, sous réserve des dispositions suivantes : il vit conformément aux clauses de la loi précitée, il a le droit de circuler librement à l’intérieur de la zone prescrite. A titre de résidence temporaire on lui allouera un coin dans la zone précitée où il devra se trouver à tout instant où l’on aura pas besoin de ses services. Par mesure d’ordre et de sécurité, les restes de ce X seront enterrés dans un terrain réservé aux Xhosas méthodistes pour prévenir toute contestation avant le jugement dernier


Mariama Ba : Mais comprendre quoi ?

Née en 1929 au Sénégal, Mariama Ba est morte le 18 août 1981. Militante des droits de la femme, elle a dénoncé avec un grand talent littéraire le sort réservé aux femmes dans certaines sociétés africaines contemporaines.

La société lui demandait compréhension. Mais comprendre quoi ? La suprématie de l’instinct ? Elle ne pouvait être l’alliée des instincts polygamiques.Alors comprendre quoi ?

La société rigide, pétrie de morale mâle, brûlée intérieurement par les forces anciennes lui demandait compréhension. Mais comprendre quoi ?

L’habitude de ne plus penser ? De ne plus décider ? De ne plus voir ? Parce que femme ? Elle ne pouvait ignorer l’usage de la liberté. Alors comprendre quoi ?

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