Accueil Actualité Burkina Faso : Les attaques terroristes provoquent un remaniement ministériel

Burkina Faso : Les attaques terroristes provoquent un remaniement ministériel

Après deux attaques terroristes d’une rare violence, le peuple Burkinabé a décidé de crier son ras le bol face à ce qu’il considère comme un abandon du Gouvernement. Il y’a eu l’attaque dans une bourgade du nom de Solhan (plus de 130 morts) et celui contre un convoi de policier (plus de 10 morts). Il n’en fallait pas plus pour que le Président Roch Marc Christian Kaboré limoge ses ministres de la défense et celui de la sécurité.

Les attaques meurtrières de Solhan et de Barsalogo ont été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Pris dans l’étau de la fronde sociale, le Président Roch Mac Christian Kaboré n’a eu d’autres choix que de se séparer de son ministre de la défense, Chérif Sy et celui de la sécurité, Ousséni Compaoré. Ces macarons sont assurés par le Président Roch Marc Christian Kaboré (Défense), aidé par un Ministre délégué en la personne du colonel major Aimé Barthélémy Simporé, et celui de la sécurité est géré par Maxime Koné. Comment en est-on arrivé là ?

Ce n’est un secret de polichinelle que les Ministres de la défense sortant, Chérif Sy et celui de la sécurité, Ousséni Compaoré avait fini par étaler leurs désaccords sur la place publique. Cette guéguerre avait fait le lit d’une inertie dans l’exécution des missions de défense et de sécurité du territoire surtout, en son volet lutte contre le terrorisme. De nombreuses actions des forces de défense et de sécurité ont été soit un échec, ou tué dans l’œuf à cause de cette mésentente au sommet de la « sécurocratie » burkinabé. Ce qui était donc maintenu entre quatre mûrs, c’est retrouvé sur la place publique avec les publications de certains journaux. De là, l’opinion publique a commencé à s’en faire

l’écho. Et ce qui devait arriver, arriva. Depuis l’attaque djihadiste commise dans la nuit du 4 au 5 juin contre le village de Solhan dans le Nord-Est et ayant fait plus de 130 morts, les manifestations de colère se multiplient dans le pays. Tout juste une semaine après ce massacre, le plus meurtrier au Burkina Faso depuis le début des violences djihadistes il y a six ans, plusieurs milliers de personnes avaient manifesté à Dori, le chef-lieu de la région du Sahel où se trouve Solhan, pour dénoncer « l’inaction » des autorités.

Et la rue gronda

Face à l’émotion suscitée par les massacres de Solhanet de Barsalogo, l’opinion publique est sortie de sa léthargie pour demander des comptes aux gouvernants. Le Président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré dans son adresse à la nation du 27 juin 2021, promet des mesures pour faire face à la menace. Alors, intervient le remaniement ministériel qui n’a pas, toutefois permis de mettre un terme à la marche de l’opposition du 3 juillet 2021. Le Premier Minsitre Christophe Marie Joseph Dabiré est même monté au créneau pour expliquer le remaniement ministériel : «L’attaque de Solhan a servi de détonateur parce que cela a permis de mettre en évidence un certain nombre de dysfonctionnements au niveau de notre dispositif de défense et de sécurité », a-t-il reconnu. «C’est pourquoi le président Kaboré a repris les rênes du ministère de la Défense nationale […] pour pouvoir procéder à une réorganisation interne de l’ensemble de nos structures chargées de la défense et de la sécurité.»

Quelques avancées sur le plan de la justice

Sur le plan de la justice, il y a eu quelques avancées, notamment deux djihadistes présumés, dont le « chef d’une base terroriste », accusés d’avoir joué un rôle clé dans l’attaque du village de Solhan, qui ont été mis en examen pour « terrorisme », a-t-on appris de source judiciaire. « Après l’attaque terroriste perpétrée à Solhan, une enquête […] a abouti à la présentation le 25 juin à la section antiterroriste de notre parquet de deux individus : Mano Tidjani alias Ali et Woba Dikouré », indique un commu niqué d’Émile Zerbo, procureur du Burkina. « L’enquête démontre » que cette attaque « a été décidée le 21 mai […] dans l’objectif de piller des biens, le pillage étant la principale source de financement du groupe auquel appartiennent les deux mis en examen », selon le procureur.

Le message à la nation du président Roch Kaboré

Il a confirmé que les deux djihadistes présumés sont membres d’une composante du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), affilié à Al-Qaïda, qui sévit dans plusieurs pays du Sahel. Et selon Christophe Dabiré, « les agitations politiciennes ont leur place dans le jeu démocratique de notre pays, mais quand le pays est en danger, il faut qu’on sache raison garder, se donner la main pour combattre l’ennemi ». Un message loin d’avoir convaincu. « Aujourd’hui, de Dori à Kampti, de Dedougou à Diebougou, de Ouagadougou à Diapaga, les populations ont manifesté pour protester contre l’aggravation de la situation sécuritaire », a déclaré le chef de file de l’opposition, Eddie Komboïgo, se réjouissant, samedi, d’une «mobilisation gigantesque à travers le pays malgré les appels au boycott par le pouvoir».

Des manifestations ont également eu lieu à Bobo-Dioulasso (Ouest), deuxième ville du pays, mais aussi à Ouahigouya, chef-lieu de la région du Nord, à Kaya, chef-lieu de la région du Centre-Nord et à Fada N’Gourma, chef-lieu de la région de l’Est, ces trois dernières régions étant parmi les plus frappées par les djihadistes. Le Burkina Faso est confronté depuis 2015 à des attaques de plus en plus fréquentes et meurtrières de formations djihadistes, dont le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (affilié à Al-Qaïda) et le groupe État islamique au Grand Sahara (EIGS).

Laurent Koné

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