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France : Condamnation de l’ancien président Sarkozy dans le dossier du financement libyen

Sarkozy condamné dans l’affaire des écoutes (Source : publicsenat.fr)

Le tribunal de Paris a condamné, le jeudi 25 septembre, l’ancien président français Nicolas Sarkozy à cinq ans d’emprisonnement avec incarcération prochaine pour avoir « laissé ses plus proches » démarcher la Libye de Mouammar Kadhafi pour financer sa campagne victorieuse à la présidentielle de 2007. Une lourde peine infligée, selon l’ex-chef de l’État, par « haine ».

Si Ahmad el-Kadhafi, un cousin du dirigeant libyen déchu, « salue la justice française pour cette décision », il en appelle « le président Macron à ouvrir rapidement une enquête sur ce qu’il s’est passé en 2011, et sur les raisons pour lesquelles M. Sarkozy est intervenu en Libye ».
La condamnation de l’ancien président (2007-2012) pour le financement illégal de sa campagne présidentielle n’intéresse pas en soi les Libyens. Ceux-ci regrettent, dans leur majorité, l’ancien régime, en raison du chaos qui règne dans le pays depuis 2011. Ils sont toutefois nombreux à souhaiter voir l’ex-président français derrière les barreaux pour avoir détruit leur pays. Ahmad el-Kadhafi, cousin du colonel Mouammar Kadhafi et l’un des responsables sécuritaires de l’ancien régime, mais qui a fait défection en 2011 lors du soulèvement, compte connaître les vraies raisons de l’intervention militaire française en Libye. « Je salue la justice française pour cette décision, même si ce n’était pas notre objectif, insiste-t-il depuis Le Caire.
Nous aurions préféré que Monsieur Sarkozy soit jugé non pas sur ce point, que nous considérons comme une affaire intérieure française, mais plutôt pour son intervention militaire en Libye en 2011, et ses efforts au sein du Conseil de sécurité de l’ONU pour imposer des sanctions à la Libye et forcer l’intervention militaire de l’Otan, ce qui a détruit le pays et ses forces militaires ». Pour lui, « il s’agissait d’une violation flagrante du droit international, car les événements en Libye relevaient d’une affaire interne qui ne représentait aucune menace ni pour la communauté internationale, ni pour la paix mondiale », ajoutant que « cette intervention ne s’appuyait pas non plus sur l’envoi d’une mission d’enquête du Conseil de sécurité, et elle n’était pas non plus justifiée, car tous les faits révélés depuis confirment qu’il s’agissait d’une agression flagrante contre un pays qui constituait une soupape de sécurité en Afrique ».
« Je souhaite que le président Macron ouvre rapidement une enquête sur ce qu’il s’est passé en 2011, et sur les raisons pour lesquelles M. Sarkozy est intervenu en Libye, avant même qu’une résolution du Conseil de sécurité ne soit adoptée », conclut-il.
En février 2011, des manifestations commençaient à Benghazi, dans l’est de la Libye, avant de s’amplifier dans les jours suivants. Elles ont contribué à l’intervention de l’Otan pour mettre fin au régime de 42 ans de Mouammar Kadhafi (1969-2011). Le 20 octobre 2011, après des semaines de fuite, Mouammar Kadhafi était capturé puis tué près de Syrte, sa région d’origine.

Nicolas Sarkozy « paie pour ce qu’il a fait »

Pour des interlocuteurs dans les pays du Sahel, la condamnation par la justice de l’ex-président français est avant tout une affaire « franco-française ». Pour d’autres, le droit a été dit. Nicolas Sarkozy « paie pour ce qu’il a fait », confie Souleymane Camara, président de la Ligue malienne des droits de l’Homme. « Il avait des liaisons dangereuses avec la Libye du colonel Kadhafi, et la justice a tranché », poursuit-il.
À Niamey, comme à Ouagadougou, des leaders de partis politiques interdits d’activités observent que l’ancien chef de l’État, vent debout, a encouragé la chute du colonel Kadhafi et que, aujourd’hui, c’est Kadhafi qui prend sa revanche dans sa tombe.
Des juristes de la sous-région s’intéressent de leur côté à la peine lourde infligée à l’ex-président français : pour les forts comme les faibles, la justice ne juge que les faits et nul n’est au-dessus des lois, entend-on comme commentaires.
Enfin, un ancien ministre malien estime, de son côté, que le procès, à ce stade, n’a pas apporté les preuves irréfutables de la culpabilité de Nicolas Sarkozy dans l’affaire de soupçon de financement libyen.

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