Le président du Front pour le Salut national du Cameroun et celui de l’Union nationale pour la démocratie et le progrès, deux rassemblements solidement implantés dans le Grand Nord du Cameroun densément peuplé, envoient des signaux annonçant leur possible retrait de l’alliance avec le RDPC, parti au pouvoir, pour la présidentielle d’octobre 2025 au Cameroun.
Ces derniers jours, alors que l’élection présidentielle approche, les regards sont tournés vers le Grand Nord, zone qui se revendique le tiers de l’électorat national. Pour cause, certains leaders politiques pourtant connus comme fervents soutiens du président Paul Biya depuis des décennies, semblent tourner le dos à leur candidat historique.
Devant sa résidence de Garoua dans son fief politique, Issa Tchiroma Bakary, président du Front pour le Salut national du Cameroun (FSNC), a soumis la présidence de Paul Biya à la critique. En substance, le ministre de l’Emploi et de la Formation professionnel relève les manquements du système dans le Nord : chômage des jeunes, sous-développement, galère, misère, malheur, sont des termes qu’il utilise pour décrire le bilan des 43 ans de présidence de Paul Biya.
« Si quelqu’un vous demande d’aller voter quelqu’un qui a apporté la malchance et la galère, la personne ne vous aime pas. Il y a des femmes qui sont là, qui sont toujours à la mosquée. Elles demandent qu’on prie pour leurs maris afin qu’ils trouvent du travail. Il faut que chacun, le moment venu, mette dans son enveloppe ce qui va nous faire sortir du malheur dans lequel nous vivons depuis 42 ans », a appelé Issa Tchiroma Bakary.
Dans la même mouvance, l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (Undp) du ministre d’Etat Bello Bouba Maïgari se positionne comme un autre allié qui prend ses distances du Rdpc à la veille de l’élection présidentielle. Son secrétaire à la communication Saidou Maïdadi a confié que l’Undp a fait équipe avec le Rdpc, mais il faut que le président Bello Bouba se présente comme candidat à l’élection présidentielle d’octobre 2025. Le directoire du parti n’a pas encore dit son dernier mot à ce sujet, laissant le soin au Comité central dont la réunion était prévue pour le 28 juin, d’en dégager les orientations.
Une position conforme à l’appel de leaders d’opinion
La position de ces deux partis en défaveur du Rdpc et de son candidat s’aligne sur l’appel au changement lancé par certains leaders d’opinion et politiques des trois régions septentrionales. Guibay Gatama, patron de presse et leader du mouvement 11 millions de Nordistes, mène le combat depuis des années pour un changement porté par le grand Nord. L’initiative de La « VAR politique » de Abdouraman Hamadou Babba, visant à voter et à surveiller le processus électoral, du vote jusqu’à la proclamation des résultats afin de favoriser le changement, procède du même combat.
Par ailleurs, le vice-président du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), Mamadou Moktar, tient à ce que les ressortissants du Grand Nord s’attachent à la mouvance du changement par les urnes, portée par le parti de Maurice Kamto. Les hommes politiques Aboubaker Sidiki et Aboubakar Ousmane Mey soutiennent le même vent qui prend source dans cette zone du pays.
Mais, toutes ces forces devront redoubler d’effort pour battre aux urnes le Rdpc, qui se revendique une présence massive dans toutes les régions et qui bénéficie du soutien de l’Alliance nationale pour la démocratie et le progrès (ANDP) d’Hamadou Moustapha. Alors que les tractations se poursuivent, il n’est pas exclu que certains leaders reviennent sur leur position et acceptent de soutenir le candidat du parti au pouvoir.