Le célèbre basketteur professionnel congolais Mutombo Dikembe est décédé le 30 septembre 2024 à Atlanta, en Géorgie aux États-Unis, à l’âge de 58 ans, laissant le monde sportif et tous les Congolais dans une profonde détresse.

De la Hongrie où il était encore en visite d’État, après avoir participé à la 79ème Assemblée générale de l’ONU, le Président de la République démocratique du Congo Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo a exprimé son extrême tristesse et a salué la mémoire de l’illustre disparu.
« Mutombo Dikembe était un sportif de talent, un citoyen engagé et un exemple de réussite pour la jeunesse », a fait savoir le chef d’État congolais sur le compte X de la présidence.
Les hommages ont commencé à pleuvoir de partout à travers le monde à l’annonce du décès de ce géant du basket NBA, notamment celui du Forum DRC-USA à Washington où une minute de silence a été observée, ou encore celui de l’ambassade des États-Unis à Kinshasa, où le défunt avait décroché son certificat d’anglais au Congo Américan language institute avant de s’envoler pour « son pas de géant dans la prestigieuse NBA ». « Nous célébrons sa remarquable et généreuse vie ! Sa brillante réussite professionnelle symbolise l’unité inébranlable et fructueuse entre nos deux peuples », écrit l’ambassade américaine sur X.
Né le 25 juin 1966 à Kinshasa, Mutombo Dikembe, surnommé Mount Mutombo pour sa forme longiligne de 2,18 m et 118 kg, a d’abord forgé sa célébrité grâce à son impressionnante carrière de pivot dans le cercle fermé des basketteurs NBA, ensuite de par son sens élevé de l’amour du prochain, qu’il a traduit dans nombre d’œuvres caritatives en faveur des plus démunis de son pays d’origine, la RDC.
Mount Mutombo s’est en effet rendu célèbre pour son jeu très défensif, totalisant 18 saisons en National Basketball Association et près de 1 200 matchs, avec des moyennes de 9,8 points, 10,3 rebonds et 2,7 contres.

Des débuts remarqués au BC Onatra de Kinshasa

Avant les États-Unis, la star a débuté sa carrière sportive dans le BC Onatra de Kinshasa, où il a évolué aux côtés de son frère aîné, de plus petite taille mais tout aussi doué. Alors qu’il se destinait à devenir médecin, Dikembe Mutombo étudie à l’université de Georgetown mais un chasseur de pépite le convainc de joindre l’équipe National Collegiate Athletic Association (NCAA) des Hoyas de Georgetown. Il y devient un excellent pivot dans la tradition de ceux formés dans ce club.
Lors de la draft 1991, Dikembe Mutombo est sélectionné en quatrième position par les Nuggets de Denver, devenant le troisième joueur africain à découvrir la NBA après le Nigérian Hakeem Olajuwon (drafté en 1984) et le Soudanais Manute Bol en 1985. Son jeu a un impact considérable et il devient All-Star dès sa saison de rookie. Avec une moyenne de 16,6 points, 12,3 rebonds et 3 contres par match, le Zaïrois est élu meilleur défenseur de l’année 1995 en NBA.
En 1993 déjà, la marque Adidas sort un modèle de chaussures de basketball semi-montantes appelé Mutombo. Les trois bandes de la marque sont figurées, sur ce modèle orné d’un bouclier africain stylisé par trois languettes passe-lacets en plastique.

Il se frotte aux meilleurs dont Michael Jordan

En 1996, Dikembe Mutombo est recruté par les Hawks d’Atlanta, multipliant ses prouesses défensives. Il est élu meilleur défenseur à plusieurs reprises. En février 2001, il rejoint les Sixers de Philadelphie avec lesquels il participe pour la première fois aux finales NBA perdues face aux Los Angeles Lakers du grand Shaquille O’Neal.
Il se frotte alors aux meilleurs de sa génération, parmi lesquels Michael Jordan, dont nombre d’assaillants vont se buter à sa colossale muraille de muscles.
Il joue ensuite pour les Nets du New Jersey, où il est souvent blessé. Apres un bref passage chez les Knicks de New York puis aux Bulls de Chicago, il atterrit aux Rockets de Houston en 2004 en tant que remplaçant du géant chinois Yao Ming, qu’il est également appelé à former comme pivot.
En octobre 2007, à 41 ans, il prolonge d’une année son contrat avec les Rockets de Houston. Cependant, il décide de mettre un terme à sa carrière le 22 avril 2009 à la suite d’une blessure au genou. Son maillot a été retiré par les Hawks et les Nuggets et Mutombo Dikembe est entré au Hall of Fame de la NBA (Temple de la Renommée) en 2015.

Des nombreuses œuvres caritatives

Avant même la fin de sa carrière, le célèbre basketteur s’était déjà impliqué dans les œuvres de bienfaisance. En 2019, il déclarait à RFI : « Donner et rendre à l’Afrique, aider la jeunesse de mon continent quelles que soient les circonstances, c’est ce qui me fait avancer et vivre avec une telle passion ».
Mutombo Dikembe n’est pas devenu médecin, mais il a conservé sa passion pour la médecine. En 1997 il crée sa Fondation qui devra administrer l’ensemble des œuvres qu’il compte léguer à la postérité. En 2005, il finance pour 24 millions de dollars la construction de l’hôpital Biamba Marie Mutombo, du nom de sa défunte mère, à la commune de Masina dans la capitale congolaise.
L’hôpital Biamba Marie Mutombo, d’une capacité de 300 lits, est alors l’une des meilleures institutions hospitalières de la RDC, devant permettre à des milliers de personnes d’accéder à des soins de qualité.
Installé aux USA, il débloque également un montant de 4 millions USD pour la construction d’une école moderne spécialisée en Sciences et en Entrepreneuriat. L’école, logée dans son territoire d’origine à Lupatapata dans le Kasaï et dont les travaux ont été lancés fin juillet 2020, devait accueillir environ 660 élèves pour la première rentrée scolaire, dès le mois de septembre 2021. Elle devait permettre à chaque étudiant, quel que soit le revenu, d’atteindre son meilleur potentiel. Dans ce territoire, il a également initié des terrains de basketball et d’autres infrastructures.
Le 15 octobre 2022, la NBA annonce que Mutombo Dikembe est atteint d’une tumeur au cerveau. Il décède le 30 septembre 2024 à 58 ans. Si la communauté sportive en général et la RDC en particulier pleurent un géant du basket mondial, la postérité se souviendra de lui comme un véritable champion de l’humanité et un géant du cœur.

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