Le chef de l’État congolais Félix Tshisekedi a, dans son discours le mercredi 25 septembre aux Nations Unies, exigé « des sanctions ciblées » contre le Rwanda et « le retrait immédiat et inconditionnel » de ses troupes qui massacrent les populations dans l’est de la RDC en soutien au groupe terroriste du M23.
À la tête d’une forte délégation d’officiels congolais, le Président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, arrivé le dimanche 22 septembre à New York par l’aéroport J.F. Kennedy en vue de la 79ème Assemblée générale de l’ONU, a prononcé un discours d’une demie heure consacré principalement à la situation sécuritaire dans l’est de la RDC et à l’agression rwandaise.
« La situation dans l’est de la République démocratique du Congo est particulièrement préoccupante. La résurgence du groupe terroriste du M23 soutenu par le Rwanda a provoqué une crise humanitaire sans précédent, avec près de 7 millions de déplacés internes. Cette agression constitue une violation de notre souveraineté », a déclaré le Président Tshisekedi du haut de la tribune des Nations Unies, avant d’enchaîner :
« Nous exigeons des sanctions ciblées contre le Rwanda et le retrait immédiat et inconditionnel des troupes rwandaises de notre territoire. Bien que les récentes initiatives diplomatiques telles que les pourparlers de Luanda soient encourageantes, elles ne doivent aucunement occulter l’urgence de cette action essentielle ».
Le chef de l’État congolais a fait savoir que la RDC s’est engagée activement à établir une paix durable dans l’Est du pays et à promouvoir le développement économique ainsi que le bien-être social des communautés meurtries par ce conflit armé.
« La République démocratique du Congo ne ferme cependant pas la porte à toute opportunité qui l’amènera à cette paix, tout en n’aliénant pas sa souveraineté, encore moins son intégrité territoriale », a souligné le Président Félix Tshisekedi, qui a assuré que son pays est résolument déterminé à mettre en œuvre la feuille de route adoptée dans le cadre du processus de Luanda.
Le P-DDRCS, clé du désarmement et de la réintégration des combattants
À cet effet, le chef de l’État congolais a fait savoir que le Programme de désarmement, démobilisation, relèvement communautaire et stabilisation (P-DDRCS) est la clé stratégique nationale pour offrir aux combattants des perspectives économiques viables et durables, tout en stabilisant les zones touchées.
« Sous mon impulsion, nous sommes résolus à poursuivre la mise en œuvre du Programme P-DDRCS, clé de notre stratégie nationale pour désarmer, démobiliser et réintégrer les combattants, en leur offrant des perspectives économiques viables et durables. En assurant une transition post-Monusco, nous priorisons également le rapatriement des combattants étrangers », a-t-il expliqué avant d’inviter les différents partenaires et amis à soutenir cette initiative.
La RDC candidate au poste de membre permanent au Conseil de sécurité
Le chef de l’État congolais a par ailleurs exprimé la volonté de la RDC de présenter sa candidature en juin 2025 au poste de membre permanent du Conseil de sécurité pour la période de 2026-2027. « Après plus de trois décennies d’absence au Conseil de sécurité, la République démocratique du Congo se porte à nouveau candidate, soutenue par l’Union africaine et la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), au poste de membre permanent pour la période de 2026-2027, lors des élections qui se tiendront à New York en juin 2025 », a souligné le Président Tshisekedi.
Une fois élue, a-t-il assuré, « la RDC entend jouer un rôle proactif au sein du Conseil de sécurité, en participant à la revitalisation de la charte des Nations Unies et en contribuant de manière constructive au début et aux actions qui en découlent ». À cet effet, il a sollicité le soutien de tous les pays membres en vue de l’élection de la RDC à ce poste.
Dans le même cadre, le Président congolais a réitéré sa requête appelant à la création de deux sièges permanents au Conseil de sécurité en faveur de l’Afrique. « Je réitère avec fermeté, au nom de l’ensemble des pays africains, la requête de création de deux sièges permanents au Conseil de sécurité des Nations Unies pour les pays africains », a déclaré Félix Tshisekedi.
« En tant que principal décideur au sein de l’ONU, cet organe doit intégrer des représentants africains parmi ses membres permanents, avec toutes les prérogatives reconnues notamment le droit de véto, pour garantir une juste représentation géographique », a-t-il ajouté.
À son avis, il s’agit là d’une question de justice pour un continent dont le rôle dans les affaires internationales ne cesse de croître. « Nous Africains tenons cette exigence avec la plus grande détermination », a-t-il martelé.
Le multilatéralisme pour réduire les inégalités mondiales
Enfin, le Président Félix Tshisekedi a prôné le multilatéralisme afin de réduire les inégalités à travers le monde. « Nous avons la responsabilité de conjuguer nos efforts et de réaffirmer notre engagement envers le multilatéralisme, qui est la clé de solutions véritablement transformatrice face aux défis qui rongent notre monde », a-t-il déclaré.
Pour le Président Tshisekedi, le multilatéralisme permet de répondre aux menaces communes, de protéger la planète et de renforcer la société civile ainsi que les droits humains. « En effet, nous ne pouvons ignorer la montée alarmante des discours belliqueux et le rétablissement indécent des pratiques d’agression armée et de pillage des ressources naturelles, qui affectent tous les continents », a-t-il indiqué, ajoutant que le conflit russo-ukrainien qui persiste et continue d’affecter la région n’est qu’une manifestation parmi tant d’autres qui menacent la paix dans le monde.
Ainsi, a-t-il soutenu, « il est impératif d’agir ensemble pour progresser vers la paix, le développement durable et la dignité humaine, garantissant ainsi un avenir meilleur pour les générations futures ».
La 79ème Assemblée générale des Nations Unies avait pour thème principal : « Ne laissez personne de côté – Agir ensemble pour faire progresser la paix, le développement durable et la dignité humaine pour les générations futures ».