Tous ceux qui ont suivi les diverses péripéties de l’opération commando menée par le leader de « New Zaïre », le 19 mai, pour tenter de renverser les institutions à Kinshasa, savent qu’il s’agit ni plus ni moins qu’une action de pacotille et risible pour qu’on s’y attarde.
On a vu un groupe d’individus en battle dress avec écusson de l’ancien Zaïre, paradant de longues minutes dans l’enceinte du Palais de la nation et lançant des slogans, mais visiblement déboussolés. Ce n’est pas un hasard si l’on a entendu le chef de file du commando, Christian Malanga, un ancien de la gendarmerie congolaise résidant aux États-Unis, tantôt invoquer Dieu pour venir à son secours, tantôt regretter d’avoir entraîné dans l’aventure son fils de 22 ans, se tenant à côté de lui.
La raison : ils étaient là sans aucune vision, pire sans aucune issue, n’ayant réussi à prendre le contrôle ni de la radiotélévision nationale, ni d’aucune institution. En outre, le fleuve par où ils semblent avoir débarqué était devenu bien trop loin pour un repli dès qu’ils ont été cernés par l’armée régulière, avec chars d’assauts et unités d’élite, qui n’ont d’ailleurs essuyé aucun tir et n’ont eu besoin que de quelques petites minutes pour abattre le cerveau de l’opération et quelques-uns de ses lieutenants, avant de faire des prisonniers, la plupart des enfants sans expérience militaire, parmi lesquels le fils Malanga et un sujet américain à la peau blanche.
La prise de pouvoir par les armes est totalement anachronique
Selon les premières révélations, ils avaient pour maigres objectifs, totalement incongrus, d’attaquer les résidences de la Première ministre, du ministre de la Défense et de l’ancien ministre Vital Kamerhe, candidat majeur au perchoir de l’assemblée nationale, dont la résidence est d’ailleurs la seule qu’ils ont atteinte, tuant deux gardes et perdant un élément.
Mais, avec toutes les guerres à répétition qui endeuillent la RDC depuis 1996, et qui retardent le développement de ce pays, il est irresponsable de croire un seul instant que les armes soient la solution pour accéder au pouvoir.
De même, il faut souligner l’amateurisme criant avec lequel l’opération a été menée – un petit commando d’une trentaine d’hommes munis d’armes légères et tous concentrés dans un immeuble servant de bureau – qui enseigne que la politique est une science nécessitant de l’intelligence aussi bien théorique que pratique. Car nos actes nous rattrapent immanquablement, de même que leur qualité reflète notre degré de maturité.
L’efficacité des services de défense en question
Tous ceux qui ont connu Christian Malanga, aux États-Unis et à Bruxelles notamment, au travers des activités de son Parti des Congolais unis (UCP) axé sur l’apologie du Zaïre de Mobutu, ont eu l’occasion de reconnaître en lui un personnage farfelu, superficiel, mélangeant politique, affaires et idéologie de coup de force et totalement inadapté pour prétendre diriger un pays aux multiples enjeux comme la RDC. Tout est donc bien qui finit bien.
Mais de l’autre côté, au regard de l’aisance avec laquelle le commando a pu se mouvoir à travers la ville et à investir le Palais de la nation sans la moindre résistance, il y a lieu de s’interroger sur l’efficacité des services de défense. Ce qui a d’ailleurs poussé l’ACAJ, Association congolaise pour l’Accès à la Justice, à préconiser une enquête approfondie, estimant dans un communiqué que « cette tentative de coup d’État remonte à la surface les graves défaillances et disfonctionnements du système de défense et de sécurité de la RDC ».