Ayant prêté serment le 2 avril 2024, le nouveau président du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye, 44 ans, a la lourde tâche de conduire les destinées de son pays pour les six années à venir. Quels sont les défis qui attendent Bassirou Diomaye Faye ? Décryptage.

Le nouveau président du Sénégal veut aller vite et bien. Son discours, prononcé après sa prestation de serment, a tracé les sillons. En trois volets prioritaires : « la réconciliation nationale, la réforme des institutions et l’allègement sensible du coût de la vie ».
Ces défis s’inspirent en grande partie de son programme de campagne intitulé « Pour un Sénégal souverain, juste et prospère ». Il vise le changement social et la justice pour faire du Sénégal « une nation juste, prospère et souveraine ancrée dans des valeurs fortes ».
« Les politiques publiques générales et sectorielles que mon gouvernement mettra en place auront pour seule et unique objectif la satisfaction urgente des besoins du peuple sénégalais, surtout les besoins qui étranglent au quotidien la plus grande majorité des Sénégalais, à savoir l’alimentation, la santé, l’emploi, le logement et l’éducation, entre autres », a précisé Diomaye Faye lors de son discours.

Un gouvernement de combat de 25 ministes

La réforme des institutions tient une place de choix dans le programme du nouveau chef d’État sénégalais. Pas plus de deux jours après sa prestation de serment, il a nommé son « binôme » Ousmane Sonko au poste de Premier ministre. Ce dernier a formé, en moins d’une semaine, un gouvernement de combat, constitué de 25 ministres et 5 secrétaires d’État. Qu’entendre par réforme des institutions ? « L’hyper-présidentialisme, avec comme corollaire une mainmise de l’Exécutif sur le pouvoir législatif et le pouvoir judiciaire, est la principale tare de notre système politique. Nous avons assisté à une judiciarisation de l’espace politique par le président de la République, qui a fait de la justice un levier pour emprisonner et éliminer ses opposants des joutes électorales », explique le président du Sénégal.
Plus précisément, il détaille : « La justice qui devait être à l’avant-garde pour combattre la corruption, le détournement des deniers publics et le gaspillage de ressources de l’État est aujourd’hui manipulée à des fins politiques. L’Administration sénégalaise qui devait être exclusivement orientée vers la satisfaction des usagers est aujourd’hui gangrenée par le népotisme, un manque d’efficacité et une politisation à outrance ».

La lutte contre la mal gouvernance au centre des priorités

Image d’illustration : Mouvement des cadres patriotiques : Bassirou Diomaye Faye fait la leçon aux cadres du parti au pouvoir (Source : dakaractu.com)

Dès après son premier conseil des ministres, le président Diomaye Bassirou Faye a exigé la publication de tous les rapports des institutions chargées de la lutte contre la corruption et la mauvaise gouvernance.
Le premier conseil des ministres a permis de décliner avec précision, les cinq axes prioritaires du « Projet de développement systémique du Sénégal ». Il s’agit de : 1. la jeunesse, l’éducation, la formation, l’entreprenariat et l’emploi des jeunes et des femmes ; 2. la lutte contre la cherté du coût de la vie et l’augmentation du pouvoir d’achat des ménages ; 3. la modernisation de la Justice, la protection des droits humains, la bonne gouvernance, la transparence, la reddition des comptes et l’amélioration du système démocratique et électoral ; 4. la souveraineté économique et la prospérité du Sénégal, l’exploitation optimale des ressources naturelles et le développement endogène durable des territoires ; 5. la consolidation de l’unité nationale et des solidarités dans un renforcement de la sécurité, de la paix et de la stabilité du pays.
Le président et son gouvernement ambitionnent d’entretenir les espoirs des Sénégalaises et des Sénégalais, dans un pays riche dans divers domaines. Il reste à transformer le rêve en réalité.


Deux mois aux anciens ministres pour restituer véhicules et logements de fonction

Le jour de la fête de la Korité au Sénégal : Le président Bassirou Diomaye Faye lance un appel à la paix
(Image : senego.com)

Au Sénégal, plus rien ne sera comme avant et Bassirou Diomaye Faye le démontre chaque jour. Après avoir annoncé sa volonté d’assainir les finances publiques, le président sénégalais vient de donner un ultimatum de deux mois aux ex-ministres sous Macky Sall, aux termes d’une correspondance leur adressée le 19 avril.
« Les ex-ministres du Sénégal sont priés de restituer les véhicules et logements de fonction », peut-on lire dans cette correspondance, par ailleurs citée par le quotidien sénégalais OBS, qui précise que passé ce délai, l’État recourra aux moyens légaux pour récupérer ses biens.
De plus, le Secrétariat de la Présidence détient une liste détaillée de toutes les personnes bénéficiaires de véhicules de l’État, comprenant le nombre, la marque et l’année de livraison.
Cette mesure vise à assurer le suivi et à identifier toute tentative de non-respect des directives émises par les nouvelles autorités du pays.
Conformément à son programme, le gouvernement de Bassirou Diomaye Faye a besoin de mobiliser les fonds pour mettre en œuvre ses actions au Sénégal.

324 milliards de la Banque mondiale aux nouvelles autorités

Visiblement, il peut compter sur le soutien et l’accompagnement des partenaires techniques et financiers. L’État sénégalais devrait recevoir une somme de 324 milliards de FCFA de la part de la Banque Mondiale, rapportent de nombreux médias.
Ces fonds sont destinés à combler le déficit budgétaire du pays, indique-t-on. Une chose est certaine, ces fonds permettront aux nouvelles autorités de souffler un peu.
Le quotidien OBS souligne que ces financements avaient été suspendus pour le Sénégal pendant les mois de janvier, février et mars, une période marquée par une atmosphère électorale tendue.

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