À Kinshasa, la populeuse métropole congolaise, c’est presque la veillée d’armes. Les différentes factions politiques de l’Union sacrée, largement majoritaires au terme des élections générales de décembre 2023, se sont transformées en camps retranchés, qui n’hésitent pas, à l’occasion, de tirer des boules puantes sur leurs voisins de famille.
Tous les coups semblent permis pour revendiquer un positionnement privilégié dans les futures institutions. En effet, plus de deux mois après la prestation de serment du Président Félix Antoine Tshisekedi pour son second mandat, la RDC retient son souffle, en attente des nouveaux animateurs des institutions, notamment le Premier ministre ainsi que les présidents de l’assemblée nationale et du Sénat.
Si pour le poste de chef de gouvernement, le suspense est quelque peu retombé, après l’annonce par l’Udps, parti présidentiel plus que largement majoritaire au parlement, que le futur Premier ministre sortira de ses rangs, le mystère reste entier en ce qui concerne les futurs speakers des deux chambres.
Dans l’écosystème de l’Union sacrée apparaissent désormais des factions antagonistes qui, sans se livrer à une guerre ouverte, se contentent du moins à faire étalage public du nombre de leurs élus, si pas de leur supposée contribution décisive à l’élection présidentielle de décembre dernier.
Des passes d’armes qui se déroulent pour le moment sur les plateaux de télévision et par des communicateurs interposés. Ce qui n’empêche pas, de temps en temps, l’échange des coups sous la ceinture, entre partisans de l’un ou l’autre leader politique prétendant au prétoire.
Bouffée de chaleur alors que l’informateur bouclait sa mission
Dans la capitale congolaise, on s’attend à une montée d’adrénaline dans les jours et semaines qui viennent. L’informateur désigné par le Chef de l’État, l’Udps Augustin Kabuya, a officiellement bouclé sa mission le mardi 26 mars dernier, ouvrant ainsi la voie à la nomination du Premier ministre, intervenue le 1er avril, et à la formation du gouvernement.
D’autre part, c’est également en ce début du mois d’avril que devrait être mis en place le bureau définitif de l’assemblée nationale, où personne à ce jour ne sait qui sera qui, en dehors de l’Udps qui, en parti dominant, s’est déjà octroyé la 1ère vice-présidence. Le tout, en attendant l’élection des sénateurs, repoussée au 21 avril prochain.
Dans l’entretemps, dans les salons politiques de Kinshasa, chaque faction de la majorité se promène avec la comptabilité de ses élus en bandoulière, en faisant comprendre au tout venant sa légitimité à pouvoir occuper tel ou tel autre strapontin. Un politicien, très proche des milieux décisionnels, a voulu justifier la longue attente en estimant que « tout est fait de façon à éviter les frustrations ». Mais ce n’est pas si simple.