C’est la 34ème année consécutive qu’un ministre chinois des Affaires étrangères se rend en Afrique pour son premier voyage à l’étranger de l’année.
C’est la tradition depuis 34 ans, le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, entame la nouvelle année par une tournée en Afrique. Quatre pays sont au menu : l’Égypte, la Tunisie, le Togo et la Côte d’Ivoire, avant de se rendre au Brésil et en Jamaïque. Une tournée africaine alors que la Chine a décidé de renforcer ses relations avec les pays du Sud. Intervenant peu après la réélection du président égyptien Abdel-Fattah al-Sissi, en décembre 2023, et sur fond du conflit israélo-palestinien au Moyen-Orient qui dure déjà depuis plus de 100 jours, la visite de M. Wang revêt une grande importance, ont déclaré des analystes chinois. Ces derniers ont prédit que la coordination accrue des positions des deux pays concernant les questions sensibles, en particulier le conflit israélo-palestinien dans la bande de Gaza et ses répercussions dans la région, telles que les troubles en mer Rouge, devraient figurer en bonne place à l’ordre du jour dans les échanges entre M. Wang et les responsables égyptiens. La Chine et l’Égypte devaient explorer le potentiel de leur coopération bilatérale et multilatérale dans divers domaines au sein de cadres multilatéraux, notamment l’initiative de « La ceinture et la route » proposée par la Chine et les BRICS, ont indiqué des analystes.
La gratitude de l’Égypte
M. Sissi a rencontré M. Wang au Caire. Le président égyptien a exprimé sa gratitude pour le ferme soutien de la Chine au développement social et économique de l’Égypte, notant les réalisations significatives atteintes dans la construction conjointe de l’initiative de « La ceinture et la route ». Il a réaffirmé l’attachement de l’Égypte au principe d’« une seule Chine » et son opposition à toute ingérence dans les affaires intérieures de Pekin.
Wang Yi a, de son côté, remercié l’Égypte pour son soutien à la position légitime de la Chine, avant d’apprécier la réponse active de l’Égypte à l’initiative de « La ceinture et la toute », assurant que Pékin restera un partenaire stratégique fiable à long terme dans le développement et la revitalisation de l’Égypte.
La Chine vise à renforcer l’alignement des stratégies de développement des deux pays ainsi que la coopération pratique pour de plus grands résultats, travaillant ensemble vers la modernisation, a déclaré M. Wang.
Renforcer la communication
Les deux parties ont convenu de renforcer la communication et la collaboration dans divers cadres tels que les BRICS et les Nations Unies. Le ministre chinois des Affaires étrangères a également félicité l’Égypte en tant que grand pays arabe, africain, islamique et en développement, pour son adhésion au groupe des BRICS. Les deux parties ont en outre échangé leurs points de vue sur la situation à Gaza, convenant de la nécessité d’un cessez-le-feu immédiat et d’empêcher une nouvelle escalade du conflit. Une déclaration commune concernant la situation a été publiée.
Au cours de la visite, Wang Yi et son homologue égyptien Sameh Choukri ont également discuté et signé le deuxième plan quinquennal pour le partenariat stratégique global sino-égyptien. Après leur entretien, M. Wang a exprimé, lors d’une conférence de presse conjointe avec M. Choukri, sa profonde inquiétude face à la récente escalade rapide de la situation en mer Rouge et appelé à la fin des attaques contre les navires civils.
« Parallèlement, la Chine estime que le Conseil de sécurité de l’ONU n’a jamais autorisé un seul pays à recourir à la force contre le Yémen et qu’il convient d’éviter toute action susceptible d’attiser les tensions en mer Rouge et d’accroître les risques sécuritaires globaux dans la région. Il faut souligner que la tension dans la mer Rouge est une manifestation importante des répercussions du conflit à Gaza », a estimé M. Wang. « La tâche urgente consiste à mettre fin rapidement à la guerre à Gaza afin d’empêcher le conflit de s’étendre davantage, voire de devenir incontrôlable. Toutes les parties doivent maintenir conjointement la sécurité des voies navigables en mer Rouge conformément à la loi, tout en respectant véritablement la souveraineté et l’intégrité territoriale des pays côtiers de la mer Rouge, y compris le Yémen », a-t-il noté.
Egypte, berceau de l’humanité
« L’Égypte est le premier pays africain que M. Wang a visité au cours de son actuel voyage en Afrique, ce qui est important car cela survient peu de temps après la réélection du président al-Sissi. Le gouvernement égyptien a lancé des plans et des objectifs de développement, notamment en attirant les investissements et en stimulant le tourisme, pour relever les défis économiques du pays », a déclaré He Wenping, directeur de l’Institut d’études sur le Moyen-Orient et l’Afrique à l’Académie chinoise des Sciences sociales.
Concernant la coopération bilatérale et multilatérale, Zhu Yongbiao, directeur exécutif du Centre de recherche sur « La ceinture et la route » de l’Université de Lanzhou, a pour sa part avancé que les discussions devaient également tourner autour du bloc des BRICS qui a accueilli cinq nouveaux pays membres en janvier 2024, à savoir l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, l’Égypte, l’Iran et l’Éthiopie.
Mettre en œuvre le dialogue des dirigeants Chine-Afrique
L’intégration de nouveaux États membres a marqué une expansion majeure pour le bloc, qui comprenait à l’origine le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine en 2006, avant d’être rejoints par l’Afrique du Sud en 2011.
« La visite de M. Wang vise également à mettre en œuvre les résultats du dialogue des dirigeants Chine-Afrique tenu en août 2023 à Johannesburg, en Afrique du Sud », selon M. Zhu. La Chine avait annoncé à cette occasion qu’elle lancerait l’Initiative de soutien à l’industrialisation de l’Afrique, le Plan de soutien à la modernisation de l’agriculture du continent par la Chine, ainsi que le Plan de coopération sino-africaine en matière de développement des talents, dans le cadre de ses efforts visant à tracer la voie à suivre pour la coopération pratique sino-africaine dans la prochaine étape et pour aider l’Afrique à accélérer son intégration et sa modernisation, à en croire l’agence de presse Xinhua.