Le Programme de Développement local des 145 Territoires (PDL-145T) est une entreprise qui suscite un espoir énorme auprès de la population, qui a amené à préconiser l’organisation de groupes consultatifs bailleurs voire des opérateurs privés à tous les niveaux pour mobiliser les fonds en vue de combler le gap persistant.
La ministre d’État et ministre du Plan, Mme Judith Suminwa Tuluka, qui l’a déclaré au cours d’une interview exclusive à Onésha Afrika, fin décembre, a tenu à préciser qu’un cadre institutionnel a été mis en place par l’ordonnance n° 23/003 du 12 janvier 2023, qui institue le Comité Pilotage du programme, présidé par le chef de l’État, le Comité de Coordination, présidé par le Premier ministre, le Comité opérationnel national ainsi que le Comité provincial de Suivi. Ainsi, à ce jour, « le suivi est fait au niveau national, provincial et même territorial », a-t-elle expliqué.
À ce titre, elle a levé la crainte de ceux qui s’inquiétaient de voir les différentes réalisations du programme tomber un jour dans les oubliettes tels des éléphants blancs. « Tout ce travail ne peut perdurer qu’avec une forte appropriation nationale du programme, ce qui est déjà le cas avec les communautés bénéficiaires concernées, ainsi que les autorités locales et provinciales », a rassuré la ministre du Plan.
Le contexte
Le Programme de Développement local des 145 Territoires constitue une nouvelle dynamique insufflée au niveau des communautés locales qui vise l’amélioration des conditions de vie des populations et le développement intégral de la RDC, en s’appuyant sur une approche décentralisée qui part du bas vers le haut et qui associe les communautés de base non seulement comme des bénéficiaires, mais aussi comme des acteurs dans la dynamique de leur développement et dans l’amélioration de leurs conditions de vie, a expliqué Mme la ministre d’État.
Il s’agit là, selon elle, de la matérialisation de la vision et de la volonté politique du Président de la République en vue de vaincre la pauvreté et les inégalités, sous toutes leurs formes.
Pour ce faire, Mme Judith Suminwa Tuluka a tenu à souligner que le PDL-145T n’est pas exécuté dans les villes ou chefs-lieux des provinces, ni dans la ville province de Kinshasa, du fait qu’il a pour objectif de réduire la fracture entre les milieux urbains et ruraux, en résorbant le déficit d’offre des infrastructures socioéconomiques et des services de base sur l’ensemble des 145 territoires que compte la République démocratique du Congo.
Le PDL-145T s’inscrit donc dans les efforts en cours consentis par le gouvernement Sama Lukonde Kyenge pour la réduction significative de la pauvreté, la promotion du développement à partir de la base, l’accroissement de l’offre publique des services sociaux de base, l’amélioration de la résilience des populations locales et le renforcement des institutions publiques au niveau local et ce avec des synergies transformationnelles qui sont déjà visibles, a expliqué Mme Judith Suminwa.
Une vraie révolution infrastructurelle
Il s’agit également, a-t-elle reconnu, d’une révolution infrastructurelle qui englobe la construction des infrastructures dans des milieux où depuis plus de 10 ans même un véhicule n’est plus arrivé, les différentes constructions devant ainsi permettre aux élèves d’étudier dans la dignité, aux populations locales de se faire soigner, et aux autorités locales de disposer de bâtiments adéquats, par la mise en place des infrastructures socioéconomiques de base, à savoir des routes de desserte agricole, des micro-centrales photovoltaïques, des lampadaires solaires, des forages d’adduction d’eau et la création de mini-réseaux, des écoles, des centres de santé, des marchés, des bâtiments administratifs des secteurs et des territoires ainsi que des logements du staff dirigeant du territoire et ainsi désenclaver les territoires et de contribuer à l’amélioration des conditions de vie.
À en croire Mme Judith Suminwa Tuluka, le PDL-145T constitue un investissement qui, aujourd’hui, arrive dans des endroits où l’État n’est jamais allé depuis plus de 30 ans. Et c’est une première, il insuffle une nouvelle dynamique de la demande des communautés vis-à-vis de l’Etat pour bénéficier des services de qualité. Ainsi, il a été observé, lors de la réception des écoles dans les territoires, que les enfants veulent étudier dans les classes nouvellement construites. D’où la nécessité de renforcer, poursuivre et étendre ce type d’investissement pour éviter le surpeuplement des salles de classes ou des centres de santé pouvant occasionner la destruction rapide des infrastructures.
L’état des lieux des réalisations
En ce qui concerne la mise en œuvre du premier volet du PDL-145T, la ministre d’État au Plan a dénombré un total de 2 131 infrastructures à construire, à savoir 788 Centres de santé, 1 198 écoles et 145 bâtiments administratifs, aux termes des prévisions.
« Début novembre 2023, les agences d’exécution, que sont le PNUD, CFEF et le BCECO, ont réceptionné techniquement 305 ouvrages, parmi lesquels 178 écoles, 108 centres de santé et 19 bâtiments administratifs », relève-t-elle, ajoutant que « la majorité des infrastructures devrait être réceptionnée à la fin du mois de décembre 2023 ».
Mme la ministre explique que l’exécution de certains ouvrages sur certains sites ont enregistrés un retard, soit à cause des conflits communautaires ou entre notables (AT et les chefs coutumiers), ou soit, et en grande partie, en raison des procédures de passation de marchés, qui exigent le respect d’un certain nombre de procédures. Elle assure néanmoins que les dispositions ont été prises avec les agences d’exécution pour accélérer les travaux et que le gouvernement ne ménage aucun effort pour accélérer la mise en œuvre du PDL-145T, afin de garantir la livraison des ouvrages au bénéfice des territoires et des populations à la base, malgré les difficultés multiformes que rencontrent les agences d’exécution dont le délabrement du réseau des transports et l’accès aux financements.
Le 2ème volet du programme
Concernant le démarrage du deuxième volet relatif aux travaux de réhabilitation des routes de desserte agricole et des ouvrages d’art, Mme Suminwa a fait savoir que les trois agences d’exécution, en collaboration les ministères des ITPR à travers l’Office des Routes (OR) et du Développement rural à travers l’Office des Voiries et Drainages agricoles (OVDA) sous la coordination technique du Plan, ont finalisé la cartographie des routes à réhabiliter dans le cadre du PDL-145T afin de renforcer la synergie avec d’autres programmes en cours.
Ces agences d’exécution ont déjà bouclé la géolocalisation et élaboration des cahiers de charge ainsi que le dossier d’appel d’offre.
Un financement sur fonds propres de l’État congolais
À la question sur le financement de ce gigantesque programme, Mme Suminwa a relevé que « le PDL-145T est essentiellement financé sur ressource propre de l’État congolais. Son coût a été initialement évalué à 1,665 milliard USD pour couvrir les différentes composantes du Programme ».
Elle précise par ailleurs qu’« à ce jour, le gouvernement a déjà mobilisé 511 millions USD, au titre des allocations des Droits de Tirage Spéciaux (DTS) du FMI, représentant 31% du coût total initial, pour couvrir le premier volet de la première composante du programme qui vise à développer les infrastructures sociales de base, à savoir : la construction, la réhabilitation et l’équipement de 2 131 ouvrages constitués de 1.198 écoles, de 788 centres de santé et de 145 bâtiments administratifs ».
La ministre d’État a fait également remarquer que « le coût du PDL-145T, projeté à 1,660 milliard USD sur financement du Trésor public, est passé, après les études de faisabilité des routes de desserte agricole, à 2,766 milliards USD ».
Quant au deuxième volet qui porte sur la réhabilitation et l’entretien de plus de 38.000 km de routes de desserte agricole et des 431 ouvrages d’art, elle a assuré que les études de faisabilité sont finalisées et les agences d’exécution en attente de financement.
« Les ressources pour réaliser les autres composantes sont en train d’être mobilisées par le gouvernement, soit au titre d’appui budgétaire auprès des certains de nos partenaires, soit au titre des ressources propres », a conclu Mme Judith Suminwa.
Le programme a été prévu pour une durée de 3 ans.
Ayant effectivement démarré en février 2023 – après tout le processus notamment de formulation, validation et de passation de marchés avec les entreprises locales -, il devrait donc être achevé pour l’ensemble de ces composantes en décembre 2025, assure-t-on.