Le président de la RDC et le Premier ministre d’Israël ont tenu un point presse commun en marge de l’Assemblée générale de l’ONU fin septembre 2023, au cours duquel ils ont annoncé l’ouverture d’une ambassade israélienne à Kinshasa et, « en échange », le transfert de celle de la RDC de Tel Aviv à Jérusalem.
Nouveau signe du rapprochement entre les deux pays, le président Félix Tshisekedi et le Premier ministre Benyamin Netanyahu ont décidé d’améliorer encore davantage les rapports entre leurs deux pays. Alors que le Premier ministre israélien a annoncé l’ouverture prochaine de l’ambassade d’Israël à Kinshasa, le président congolais a pour sa part Félix exprimé son engagement à déplacer l’ambassade congolaise de Tel Aviv à Jérusalem dès que la décision de son interlocuteur sera mise en œuvre.
Le Premier ministre israélien a qualifié ses discussions avec le président Félix Tshisekedi de fructueuses, tandis que ce dernier les a décrites comme positives.
Ces négociations, en cours depuis plusieurs mois, ont abouti à un accord, que les deux parties qualifient de bénéfique.
Ce rapprochement comprendra également des investissements dans divers domaines, notamment la sécurité, en mettant l’accent sur la cybersécurité, ainsi que dans l’agriculture et les infrastructures. Jusque-là, le diplomate israélien responsable des relations avec la RDC est basé à Luanda, en Angola.
C’est en novembre dernier que, Shimon Solomon, ancien membre du parlement israélien, avait présenté ses lettres de créance au Président Félix Tshisekedi.
Le président Tshisekedi manifeste un vif intérêt pour Israël
Depuis son accession au pouvoir, le chef de l’État congolais a toujours manifesté son intérêt pour Israël et n’a cessé de présenter la RDC comme un ami d’Israël, le qualifiant même de « boussole des nations et de l’horloge du monde ».
Il se positionne comme un ardent défenseur de la cause du peuple juif. Il a multiplié les rencontres informelles et les rendez-vous officiels avec des représentants religieux et des responsables israéliens.
Dès mars 2020, il a encouragé Israël à renforcer sa présence diplomatique et économique en RDC. Ce rapprochement s’est intensifié grâce à des groupes de pression privés, tels que l’American Israel Public affairs Committee, ainsi que des entreprises spécialisées en conseil en sécurité.
Des liens étatiques se développent également. Kinshasa s’intéresse particulièrement à l’Israel National Cyber Directorate (INCD), dans le domaine de la cybersécurité. Sur le front diplomatique, Félix Tshisekedi a choisi de nommer un ambassadeur en remplacement du chargé d’affaires en poste à Tel-Aviv depuis de nombreuses années.
En 2020, il avait même soutenu le plan de paix de l’ancien président américain Donald Trump, qui avait été critiqué pour son impact négatif présumé sur la Palestine. À cette époque, le président Tshisekedi avait exprimé son intention d’établir une section économique de l’ambassade congolaise à Jérusalem, marquant ainsi son éloignement de la position officielle de l’Union Africaine. Mais aujourd’hui, il souhaite franchir une étape majeure. Il ne s’agit plus d’ériger un simple consulat économique.
De plus, bien que certains puissent voir dans la restriction de la coopération militaire infligée par les États-Unis au Rwanda les conséquences de cette stratégie d’alignement, l’entourage de Félix Tshisekedi insiste plus sur ce qu’il considère comme les succès d’une « diplomatie agissante ».
De son côté, Israël voit en la RDC un partenaire potentiel pour obtenir un statut consultatif à l’Union africaine.
Renforcer son influence en Afrique pour s’offrir un réservoir de votes à l’ONU
L’État hébreu avait organisé, le mardi 31 mai, une conférence à Paris avec pour objectif de renforcer sa présence sur le continent africain. Après la normalisation de ses relations avec plusieurs pays arabes dans le cadre des accords d’Abraham, Israël souhaite désormais passer à la vitesse supérieure et se rapprocher d’un maximum de pays du continent.
Tisser de nouvelles amitiés en Afrique ou créer des relations de pur intérêt, peu importe, Israël comme beaucoup de pays obéit à une règle simple : celle de « la realpolitik », analyse Irit Back spécialiste de l’Afrique à l’Université de Tel Aviv. L’État hébreu a besoin de nouveaux partenaires et surtout de leur soutien diplomatique. Alors le continent africain avec ses 54 pays est perçu comme un véritable réservoir de votes à l’ONU.
Car, Israël se sent malmené au sein des Nations unies. Ces dernières années, l’Assemblée générale a régulièrement adopté des résolutions condamnant la politique de colonisation israélienne et son usage excessif de la force contre les Palestiniens.
À travers le renforcement de sa présence sur le continent, Israël espère développer de nouvelles alliances. Ces nouveaux amis se tiendraient aux côtés de l’État hébreu, et le soutiendraient sur la scène internationale.
Donnant-donnant, « Israël est prêt à mettre son savoir-faire en matière technologique et sécuritaire au service de ses nouveaux partenaires », détaille Irit Back.
Mais dans cette quête de soutiens africains, deux obstacles de taille se dresse face à l’État hébreu : l’Algérie et l’Afrique du Sud. Les deux pays sont des fervents supporters de la cause palestinienne.
Par ailleurs, « Israël tente actuellement de récupérer son statut d’observateur au sein de l’Union africaine. Auparavant l’Etat hébreu disposait de ce statut d’observateur mais il l’a perdu. Aujourd’hui, certains pays africains s’opposent à ce qu’il le retrouve », rappelle la chercheuse.