La Belgique a décidé de refuser l’accréditation de Vincent Karega, désigné par le Rwanda pour être son nouvel ambassadeur à Bruxelles. Les raisons de cette éviction n’ont pas été divulguées.

Nommé par son gouvernement pour remplacer Dieudonné Sebashongore, désigné ambassadeur en 2020 à la tête de ce qui est le plus important service diplomatique du Rwanda sur le continent européen, Vincent Karega ne sera donc pas l’ambassadeur du Rwanda à Bruxelles.

Même si le royaume de Belgique a pris la décision de ne pas accorder l’agrément diplomatique à Vincent Karega pour des raisons qui ne sont pas encore officielles, « No comment », répond-on Rue des Carmes à Bruxelles, on affirme néanmoins en coulisses que le fondement n’est pas le même que lors de son expulsion, en octobre, de Kinshasa, où les autorités congolaises l’avaient déclaré persona non grata.

Le diplomate et ancien ministre rwandais traîne en effet une réputation sulfureuse depuis qu’il a été ambassadeur en Afrique du Sud. Il y a neuf ans, Pretoria avait accusé Kigali de persécuter des opposants rwandais sur le territoire sud-africain, Vincent Karega étant, de surcroît, en poste en Afrique du Sud lors de l’assassinat, en janvier 2014 de Patrick Karegeya, ancien chef des renseignements de Kagame, devenu bête noire de Kigali.

La réputation sulfureuse du diplomate lui colle à la peau

Il a vécu la même aventure, mais dans un autre contexte, l’année dernière en République démocratique du Congo. Arrivé à Kinshasa en 2020, Vincent Karega a été prié de faire ses bagages en octobre 2022, dans un climat de tensions exacerbées entre la RDC et le Rwanda depuis le retour, à la fin de l’année 2021, sur le front de l’Est des terroristes du M23, un mouvement terroriste entretenu par le pouvoir de Kigali, selon divers rapports d’experts des Nations unies.

En tout cas, M. Vincent Karega n’a jamais présenté ses lettres de créance au roi Philippe depuis sa nomination au mois de mars, soit quatre mois plus tard. À Bruxelles, les supputations vont bon train quant aux raisons qui ont poussé Bruxelles à refuser son agrément. « On ne refuse pas l’agrément, on enfouit le dossier et on attend », explique un diplomate interrogé par un quotidien belge. « Parfois, on peut faire passer certains messages, mais, ici, vu le contexte sensible avec la région des Grands Lacs, le pourrissement est la tactique la plus appropriée », précise un autre diplomate.

Les Affaires étrangères belges, même si elles n’ont posé officiellement aucun acte dans ce dossier, semblent néanmoins sensibles au passé « sulfureux » de Vincent Karega, observe le quotidien. On avance, en effet, à Bruxelles, que les plus hautes autorités du pays ne seraient pas favorables à un agrément à accorder à ce diplomate rwandais. 

Le refus d’accréditation par Bruxelles est d’autant plus radical que le Rwanda avait en quelque sorte mis la Belgique au pied du mur, en rendant publique la désignation de Vincent Karega en dehors des canaux diplomatiques. Mais, la décision belge ne risque pas d’améliorer les relations avec le Rwanda.

Publicité