Pays de 213 millions d’habitants, dont plus de la moitié vit en dessous du seuil de pauvreté, le Nigéria veut relever le défi du chômage, qui touche près de 33% de la population en âge d’activité et éradiquer cette pauvreté.

Le Nigeria, pour ce faire compte utiliser les énormes possibilités qu’offrent la technologie et le numérique. C’est dans ce registre que ce pays a accueilli, en mars, le premier African développment Center, le Centre de développement africain, « ADC », du géant de la technologie informatique Microsoft, dont le but est de promouvoir le développement des solutions technologiques et d’ingénierie pour une meilleure lutte contre le chômage des jeunes et la pauvreté.

Ce centre aura un rayonnement aussi bien au Nigeria qu’en Afrique. En plus de la présentation de cette initiative du milliardaire américain Bill Gates, un hommage sera rendu ici à une femme nigériane, Oladiwura Oladepo, qui s’est lancée, il y a sept ans, en 2016, dans ce même combat, avec des moyens plus limités, mais avec une foi toute féminine et une détermination sans faille.

La création de ce centre, qui permet un rapprochement entre Microsoft et l’Afrique, et qui sera, par sa taille et son importance, le 7ème centre au niveau mondial, a nécessité un investissement de l’ordre de 100 millions de dollars américains. Il place le Nigéria au tout premier plan et au centre du numérique et des technologies de pointe.

L’objectif global est d’identifier et de recenser les talents africains et de mettre en place des solutions innovantes dans des domaines aussi variés que les finances (Fintech), l’agriculture (Agritech) et l’énergie avec le programme Offgrid ainsi que celui de l’intelligence artificielle.
C’est ainsi que le centre va s’employer à recruter, dans un premier temps, des jeunes talents exceptionnels à travers tout le continent.

La compétition sera rude puisque, dans cette première phase, seuls 100 jeunes ingénieurs et développeurs, seront retenus. Quitter les modèles et schémas traditionnels et accroitre la croissance économique est une obligation que le Nigéria s’est imposée et il est clair que l’engagement de son économie dans le numérique lui permettra de tirer profit des nouvelles technologies.

Ce mouvement s’observe dans d’autres pays africains comme le Kenya, mais aussi la République démocratique du Congo, où le gouvernement du Premier ministre Sama Lukonde, mis en place en 2021, compte, pour la toute première fois, un ministère du Numérique.  

Microsoft prévoit la création de plusieurs autres centres dans les prochains mois en vue de renforcer l’innovation sur le continent en vue de soutenir les efforts déjà entrepris dans ce domaine, comme celui de cette Nigériane, qui a créé Tech4Dev en 2016.

Oladiwura Oladepo n’avait pas attendu Bill Gates !

Le Nigéria rejoint l’Organisation de coopération numérique (Source : comprendre.media)

Oladiwura oladepo est une femme nigériane née a grandi à Ibadan, capitale de l’Etat d’Oyo, d’une famille modeste. Son père est professeur de Santé publique et sa mère infirmière diplômée. Elle a 4 frères et 2 sœurs.

Les quelques renseignements disponibles sur elle établissent qu’elle a fait un Master of Business Administration, MBA, au Pan-Atlantic University’s Lagos Business School, qu’elle a complété par un Master of Advanced Management, MAM, à la Yale School Of Management (Yale SOM), l’école de Commerce de la prestigieuse université américaine Yale.

Elle est co-fondatrice et Directrice générale de « Technology for Social Change and Development Initiative », en abrégé « Tech4Dev », une association sans but lucratif dont la vision est d’utiliser la technologie et le numérique comme des instruments permettant de rendre de millions de jeunes Nigérians plus autonomes, en favorisant un meilleur accès à un travail décent, ainsi qu’à des opportunités et plateformes d’entreprenariat pour Africains en vue d’une meilleure autonomisation par l’acquisition de compétences numériques.

Il s’agit, en fait, comme dans la démarche du projet « Centre de Développement africain » de Microsoft, d’utiliser la technologie et le numérique pour faire progresser le développement durable du capital humain en Afrique.

Au commencement était l’épidémie d’Ebola

À l’origine de cette démarche se situe la crise d’Ebola, qui a durement frappé le Nigéria en 2014, et la préoccupation d’Oladiwura Oladepo et de ses partenaires sur la meilleure façon de sensibiliser les populations pour leur éviter de contracter ou de propager cette terrible maladie.
Pour parvenir à cet objectif, il fallait apporter aussi rapidement que possible des informations pertinentes sur la maladie.

Les premiers partenaires d’Oladiwura dans cette entreprise sont Joel Ogunsola et son propre père, professeur de Santé publique, dont les compétences seront d’une importance capitale.

Les différentes mises en œuvre de ce projet comprennent la création d’un site internet qui, très rapidement, a reçu plus d’un million de visiteurs. Ensuite, l’équipe a dû procéder au choix du type de problèmes devant être traités et résolus. Quatre domaines prioritaires ont été retenus: l’éducation, l’engagement civique, la citoyenneté active et la Santé publique.

En 2016 a lieu la création de l’Asbl “Technology for Social Change and Development Initiative », « Tech4Dev ». Privilégiant l’éducation, cette organisation va accorder une place importante à la jeune femme pour qui il fallait créer des opportunités en vue d’améliorer les conditions de vie.

Avec le soutien de l’ONG « Hacey Health Initiative », la banque nigériane Access Bank et le consulat des États-Unis, un programme, le Code for Impact Program, a été mis en place. Dans ce cadre, 70 jeunes femmes vont apprendre à coder et améliorer leurs capacités d’analyse.
Compte tenu des bons résultats enregistrés par ce programme, Tech4Dev a conçu un programme encore plus important, avec

l’accompagnement de Microsoft : Le « Nigerian Women Techsters », qui touche non plus 70 femmes mais bien 2 400 dans 23 États du Nigeria. En 2021, le succès de ce deuxième programme pousse Oladiwura et ses collaborateurs à concevoir un programme encore plus ambitieux, « Women Techsters », qui dépasse les frontières du Nigéria et qui compte impacter 5 millions de femmes à travers l’Afrique d’ici 2030.

Premier bilan et la reconnaissance

Le Nigeria est devenu lundi le premier pays d’Afrique subsaharienne à avoir lancé une version numérique de sa monnaie, le eNaira, cherchant à se positionner face à la popularité croissante des cryptoactifs. (Source : boursenews.ma)

Depuis sa création, les différents programmes réalisés par Tech4Dev ont touché, de manière directe, près de 45 000 personnes. Ils en ont atteint 10 millions par le canal des émissions dans les réseaux, à travers 31 États du Nigéria et 15 pays africains.

En reconnaissance de son action, Oladiwura Oladepo a été lauréate 2022 du prix de la Foundation Waislist et Global Citizen, soutenus par une société américaine, leader mondial des médicaments cellulaires et basée aux États-Unis et en Australie.
Une enveloppe de 50 000$ lui a été remise à ce titre.
Oladiwura Oladepo est un modèle, une référence et un exemple pour les femmes africaines.

Publicité