Avec plus de 175 000 soldats à la frontière ukrainienne, la Russie constitue une menace. En appel vidéo, le président Biden a menacé Vladimir Poutine de sanctions économiques et diplomatiques en cas d’invasion. Pendant ce temps, l’Afrique retient son souffle.

Face aux menaces de sanctions américaines, « Vladimir Poutine a répondu qu’il ne fallait pas rejeter la responsabilité sur les épaules de la Russie », peut-on lire dans le communiqué de Moscou. Dans son dialogue avec Joe Biden, le président russe dénonce au contraire le potentiel croissant de l’Alliance atlantique aux frontières de son pays, du fait du soutien de l’organisation politico-militaire à l’Ukraine précisément.
« L’Otan fait des tentatives dangereuses d’user du territoire ukrainien et développe son potentiel militaire à nos frontières. C’est pourquoi la Russie a un intérêt sérieux à des garanties juridiques sûres excluant un élargissement de l’Otan à l’Est », explique le Kremlin dans le même communiqué, après cet échange qualifié de « franc et professionnel » avec Washington.

Le président russe a par ailleurs proposé à son homologue américain de lever toutes les mesures de rétorsion visant les missions diplomatiques de leurs deux pays, prises ces derniers mois en pleines tensions bilatérales. Histoire de repartir sur un bon pied. Mais Joe Biden n’a pas fait de « promesses ni de concessions » par rapport aux sollicitations de M. Poutine, assure son conseiller à la sécurité nationale.
La présidence russe avait indiqué, en amont de l’entretien, ne pas s’attendre à des avancées majeures. Les deux dirigeants ont néanmoins convenu que leurs équipes resteraient en contact pour assurer le suivi de leur discussion.

Quel impact pour l’Afrique ?

Dans cette guéguerre entre les amis d’hier, à des milliers de kilomètres du continent, l’on peut penser que l’Afrique ne sera pas concernée. Et pourtant. Avec l’avènement du monde planétaire, on devine aisément que ce qui se passe au Pôle nord affecte le Pôle sud et vice-versa.
La Russie, tout comme les Etats-Unis, sont les plus grandes puissances du monde, avec la Chine. À ce titre, lorsque les Etats-Unis toussent, le monde s’enrhume. En outre, la menace brandie par Biden inclut les pays de l’OTAN dont fait partie la France, qui a ses tentacules en Afrique.

Après sa vidéo conférence, Biden a eu des échanges avec ses alliés. Philip Golub, professeur de relations internationales à l’Université américaine de Paris, a expliqué ce qui est avéré: « C’est qu’il y a une concentration de troupes de plus en plus importantes à la frontière entre la Russie et l’Ukraine : on est autour de 100 000 hommes actuellement. Ce qui et avéré aussi, c’est que la Russie est engagée actuellement dans des opérations cyber et de désinformation en Ukraine même, qui ont pour objectif de fragiliser l’État ukrainien et la politique ukrainienne. Quant aux intentions de la Russie, elles sont plus obscures ».

Pourquoi la Russie veut-elle envahir l’Ukraine ?

C’est dans ce contexte que la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a affirmé,  le mercredi 1er décembre, que « l’armée ukrainienne renforçait ses capacités militaires, en faisant venir des équipements lourds et du personnel » dans l’est du pays.
Selon elle, 125 000 soldats se trouvent dans cette zone située près de la frontière russe, où des pans de territoire sont sous contrôle des séparatistes pro-russes. Mme Zakharova a aussi accusé Kiev de saboter le processus de paix entamé en 2015 avec les séparatistes, en prévoyant des exercices militaires en présence de troupes étrangères pour l’année prochaine.

Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a fustigé le même jour la « politique destructrice» des pays de l’OTAN », qui «cherchent à attirer l’Ukraine dans leur orbite et à la transformer en pays anti-russe». Accusant également les Occidentaux de vouloir « dicter comment les forces armées russes doivent se comporter sur leur propre territoire », il a averti que Moscou « continuerait de répondre à toute démarche inamicale ».
La veille, le président Vladimir Poutine avait assuré qu’il était nécessaire de « raccommoder les liens » avec Kiev, afin que « personne ne se sente menacé ». Il a aussi réclamé des « accords concrets » empêchant l’élargissement de l’OTAN vers l’est et le déploiement des systèmes d’armement de l’Alliance atlantique près de la frontière russe.
« Nous proposons d’entamer des négociations de fond sur ce sujet », a-t-il ajouté. « Nous avons besoin de garanties juridiques, puisque nos collègues occidentaux n’ont pas respecté leurs obligations orales appropriées », a souligné le président russe.

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