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80ème anniversaire de l’ONU : Le Président Tshisekedi appelle à une paix juste, durable et vérifiable en RDC

Le président de la République Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo s’est exprimé à la tribune des Nations Unies à New-York, le mardi 23 septembre, à l’occasion de la 80ème session de l’Assemblée générale de cette institution, qui coïncide avec le 80ème anniversaire de l’Organisation des Nations Unies tenu sous le thème « Mieux ensemble : plus de 80 ans au service de la paix, du développement et des droits humains ».

Dans un discours d´une vingtaine de minutes, le chef de l’État congolais, qui est arrivé à New York le dimanche 21 septembre. a placé la République démocratique du Congo au cœur des enjeux mondiaux. De prime abord, il a salué le multilatéralisme qu’il considère non plus comme une option, mais comme une exigence incontournable qui s’impose au monde au regard des nombreux défis.
Le président congolais a dévoilé les priorités de la participation de la RDC au Conseil de sécurité dès janvier 2026, une participation qu’il veut résolument constructive et holistique, a assuré M. Félix Tshisekedi qui a précisé qu’elle s’articulera autour de deux priorités indissociables, à savoir paix et sécurité d’une part, et de l’autre prévention et résolution des conflits.
Le président Félix Tshisekedi s’est également prononcé au sujet de la réforme du Conseil de sécurité des Nations Unies, estimant que « l’Afrique doit bénéficier de deux sièges supplémentaires dans la catégorie des membres non permanents et de deux sièges dans celle des membres permanents, avec les mêmes droits y compris le droit de veto, les mêmes privilèges et les mêmes obligations que les membres permanents actuels ». Forte de ses 54 États et de plus de 1,2 milliard d’habitants, l’Afrique ne saurait demeurer en marge des décisions qui engagent la paix et la sécurité internationales, a soutenu le chef de l’État congolais.
À ce sujet, il a estimé que la communauté internationale a « le devoir moral et politique de soutenir cette démarche essentielle afin d’établir la vérité, rendre justice aux victimes et jeter les assises d’une paix durable, ancrée dans la mémoire et la responsabilité partagée ».
Le Président Tshisekedi a profité de l’occasion pour lancer son plaidoyer en faveur de la reconnaissance du génocide congolais, dont les preuves sont évidentes. « Les Nations Unies elles-mêmes, à travers le Rapport Mapping, ont documenté l’ampleur des atrocités. Ce n’est pas seulement un conflit : c’est un génocide silencieux qui frappe le peuple congolais depuis plus de trente ans », a souligné le président congolais.
Au sujet du processus de paix en cours , il a salué le leadership du Président Donald Trump, qui a créé les conditions d’un dialogue ayant conduit, le 27 juin 2025 à Washington, à la signature d’un Accord de paix entre son pays et le Rwanda. « La RDC veut obtenir une paix juste, durable et vérifiable. Non une accalmie factice et éphémère », a-t-il insisté.

Félix Tshisekedi désigné vice-président de la 80ème session à New York

le président de la République Felix Tshisekedi  a échangé avec une délégation des membres du congrès américain au tour d’un déjeuner de travail (Source : présidence RDC)

Le Président Félix Tshiskedi a par ailleurs été officiellement désigné vice-président de la session, un rôle de premier plan qui l’installe au cœur de la diplomatie multilatérale mondiale et lui confère plusieurs responsabilités : remplacer le président en cas d’absence, présider certaines commissions, coordonner les travaux et veiller à l’application du règlement intérieur des sessions.
Invité lundi par le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, avant un tête-à-tête au siège de l’organisation. le président Tshisekedi a participé parmi plusieurs autres chefs d’État à la Conférence de haut niveau sur les 80 ans d’existence de cette institution.
António Guterres a rappelé les principaux défis auxquels est confronté « un monde profondément divisé ». « La seule voie possible, c’est celle de l’unité », a plaidé le secrétaire général de l’ONU qui a rappelé que les premiers fonctionnaires onusiens « n’étaient pas des idéalistes détachés de la réalité ». « Ils avaient connu la guerre. Ils savaient bien que la quête de paix est la quête la plus courageuse, la plus pragmatique et la plus nécessaire de toutes. En bâtissant l’Organisation des Nations Unies, ils ont créé quelque chose d’extraordinaire. Un lieu où toutes les nations, grandes et petites, pouvaient se rassembler pour régler les problèmes qu’aucun pays ne peut résoudre à lui seul », s’est-il félicité.
Quatre-vingts ans plus tard, les principes de l’Organisation « sont plus que jamais rudoyés », a déploré le Secrétaire général, notant que « des civils sont pris pour cible et le droit international est bafoué », alors que « la pauvreté et la faim ne font que s’aggraver » et que « les progrès accomplis sur la réalisation des objectifs de développement durable s’essoufflent ».

Le président Tshisekedi rencontre son homologue français autour d’une réunion des donateurs sur l’urgence humanitaire dans l’Est

Le Président congolais a noué plusieurs contacts en marge de l’Assemblée générale de l’ONU, notamment avec le Premier ministre belge, Bart De Wever, avec lequel il s’est agi des relations bilatérales entre leurs deux pays. Il a également rencontré son homologue français Emmanuel Macron, qui lui a fait part de l’organisation en octobre à Paris d’une mobilisation des donateurs pour une réponse à l’urgence humanitaire « indispensable » dans l’Est de la RDC, en vue d’accompagner les initiatives de paix prises par l’Union africaine, les processus de paix de Washington et de Doha au Qatar entre Kinshasa et Kigali.
Le 21 septembre, le Président Félix Tshisekedi a reçu à New-York M. Massad Boulos, conseiller principal pour l’Afrique du président américain Donald Trump, venu échanger avec le chef de l’État congolais sur le suivi de l’Accord de paix signé le 27 juin à Washington. À cette occasion, M. Boulos a réaffirmé l’engagement des États-Unis aux côtés de la RDC en vue de retrouver une paix définitive face à la situation qu’elle connaît depuis plusieurs années dans l’Est.
Pendant plus d’une heure, les deux personnalités ont discuté du partenariat stratégique entre la RDC et les USA et réaffirmé la volonté de leurs pays de le finaliser dans un avenir proche et ainsi attirer un maximum d’investisseurs américains en RDC.

Appel à la reconnaissance mondiale du Génocost

La Première dame Denise Nyakeru Tshisekedi accompagnant le président de la RDC à l’Assemblée générale de l’ONU. À l’arrière, le directeur de cabinet, M. Anthony Nkinzo

Au cours d’une conférence parallèle (side event) organisée par la Mission permanente de la RDC aux Nations Unies au Jay Conference Center de Manathan, le Président Félix Tshisekedi a animé une conférence sur la question de la reconnaissance des génocides commis depuis plus de trois décennies par le Rwanda en RDC pour des gains économiques (Génocost). À ce sujet, il a proposé trois axes majeurs à la communauté internationale.
« Le débat que nous proposons s’organise autour de trois axes très concrets. Le premier, c’est de cartographier les faits en République démocratique du Congo au cours des trente dernières années. Le second est d’établir l’existence des génocides perpétrés sur notre sol à l’aune des critères reconnus par les droits de l’homme. Le troisième est de mettre en place une architecture de justice transitionnelle adaptée à nos réalités, garantissant vérité, poursuites et réparations », a-t-il expliqué en présence de la Première Dame Denise Nyakeru, de plusieurs diplomates, des scientifiques, lobbyistes et amis de la RDC ainsi qu’une représentation significative de la diaspora congolaise.
« Ces crimes planifiés et systématiques dans leur modus operandi relèvent, pour certains actes, de la logique et de l’intention génocidaire », a dit en substance le président Tshisekedi qui poursuit : « Trop souvent, ces tragédies ont été minimisées, relativisées, parfois niées. Nous sommes ici pour briser ce silence, lever le voile et appeler, solennellement, à la reconnaissance internationale des génocides perpétrés sur le territoire congolais, condition d’une justice qui répare et d’une paix qui dure », a-t-il relevé.
« Notre plaidoyer se fonde sur des assises juridiques incontestables et sur un corpus de rapports concordants, nationaux et internationaux, qui documentent l’ampleur, la systématicité et l’intention criminelle de ces atrocités », a dit le chef de l’État avant d’assurer qu’« il ne s’agit pas d’émotions mais de droit, pas d’accusation gratuite mais d’établissement rigoureux des faits ». Le chef de l’État a lancé un appel à l’endroit des États pour appuyer l’établissement d’un mécanisme international robuste de vérité et de qualification juridique des crimes, assorti de capacités d’enquête, de préservation des preuves et de coopération judiciaire.
Quant à l’éminent professeur Luzolo Bambi, convaincu que la meilleure reconnaissance du Génocost est judiciaire, il a recommandé au gouvernement congolais de saisir le Conseil de sécurité en vue de la création d’un Tribunal Pénal International pour la RDC. Plusieurs personnalités indépendantes sont également intervenus pour corroborer la thèse congolaise, dont Mme Ida Sawyer d’Amnisty international.


La communauté internationale appelée à reconnaître le Génocide en RDC

Le Chef de l’Etat a salué la bravoure des équipes de terrain du CICR qui exposent leurs vies en allant sauver celles des autres. (Source : presidence rdc)

Après trois décennies des crimes ayant coûté la vie à plus de 10 millions de morts, à côté des femmes violées et un déplacement massif des populations, la communauté internationale a été appelée à sortir de son silence et à reconnaître le Génocide en République démocratique du Congo, lors de la 80ème Assemblée générale des Nations Unies.

Par Don Mazakala Mpanzu

Cette tragédie, qui continue de perdurer malgré les discussions entamées avec les auteurs, notamment avec le Rwanda, souvent indexé d’alimenter des groupes rebelles pour déstabiliser l’Est du Congo, a été dénoncée sans équivoque du haut de la tribune des Nations Unies par le chef de l’État congolais Félix Tshisekedi.
« Depuis trois décennies, la paix et la sécurité sont brisées dans l’est de la République démocratique du Congo. Cette guerre s’est muée en une entreprise prédatrice : elle dépasse depuis longtemps les seules dimensions militaires ou géopolitiques; elle vise à piller nos ressources, effacer notre mémoire collective et détruire nos communautés. Les conséquences sont désastreuses : des millions de morts, des familles décimées, près de sept millions de déplacés, femmes et enfants pris pour cibles, des villages rayés de la carte, des générations sacrifiées. Dans plusieurs régions de l’Est, tous les marqueurs d’un projet d’extermination sont réunis », a dénoncé le Président Félix Tshisekedi.
Les Nations Unies elles-mêmes, a-t-il rappelé, ont documenté à travers le Rapport Mapping l’ampleur des atrocités. « Ce n’est pas seulement un conflit : c’est un génocide silencieux qui frappe le peuple congolais depuis plus de trente ans. En juillet dernier encore, plus de trois cents civils dont quarante-huit femmes et dix-neuf enfants ont été massacrés dans le territoire de Rutshuru par l’AFC/M23 avec l’appui des Forces de Défense du Rwanda. Ces crimes ne sont pas isolés ; ils s’inscrivent dans une continuité macabre », a-t-il affirmé.
Pour le Président de la RDC, le processus diplomatique engagé n’exclut nullement la quête de justice et de réparation. « Si le monde hésite encore à nommer notre douleur, nous n’attendrons pas. Nous en sommes les premiers témoins, nous en serons les premiers artisans de justice. Mais nous avons besoin de votre solidarité, de votre soutien et du respect plein et entier du droit international. La République démocratique du Congo ne sollicite ni charité ni commisération, elle exige justice, vérité et dignité », a-t-il martelé.
Félix Tshisekedi a par ailleurs indiqué que son pays a tendu la main, en signant des accords de paix, faisant toutefois remarquer que « l’histoire ne jugera pas nos discours, mais notre capacité à reconnaître les crimes de masse et à mettre fin à l’impunité. Nous voulons contribuer à la paix mondiale, mais la paix commence par la reconnaissance de notre propre tragédie. J’adresse à cette Assemblée un appel solennel. Reconnaissez le génocide congolais, soutenez notre combat pour la vérité et la justice, et aidez-nous à bâtir enfin une paix durable au cœur de l’Afrique ».

Le silence et l’inaction face aux crimes commis en RDC s’apparentent à une complicité

De l’avis du Président Tshisekedi, « le silence et l’inaction face à ces crimes s’apparentent à une complicité. Nous demandons la mise en place immédiate d’une commission d’enquête internationale indépendante et dotée de moyens pour établir la vérité, rendre justice aux victimes et rompre le cycle de l’impunité qui nourrit ce drame depuis des décennies ».
À cet effet la RDC a demandé à l’ONU d’instaurer un régime de sanctions ciblées contre les auteurs des crimes économiques, mais aussi des crimes de guerre, crimes contre l’humanité et crimes de génocide commis dans l’Est et de soutenir toutes les actions visant à tarir les circuits illicites d’approvisionnement en minerais qui financent la guerre et la tragédie.
Ces actions, selon Félix Tshisekedi, doivent être conduites notamment avec l’appui de l’Union africaine, des Nations Unies, des organisations de la société civile, des entreprises qui achètent ces minerais du sang et des institutions financières par lesquelles transitent les flux. Si seulement avec six millions de morts en quatre ans, le génocide juif a été reconnu par une résolution spéciale de l’ONU, la RDC avec ses 10 millions de mort après plus de trois décennies a bel et bien raison de parler d’un génocide et d’exiger une reconnaissance internationale.


Commémoration des 80 ans de l’ONU

L’Assemblée générale des Nations Unies (image d’archive)

L’année 2025 marque le 80ème anniversaire de la création de l’Organisation des Nations Unies (ONU), instituée suite à la signature de la Charte de l’organisation le 24 octobre 1945 à San Francisco, en Californie aux États-Unis. Cet anniversaire est célébré avec des réflexions sur le rôle de l’organisation dans un monde en mutation et la nécessité de réformes face aux défis mondiaux.
Née au lendemain de la Seconde Guerre mondiale des cendres de la Société des Nations avec les mêmes objectifs de maintien de la paix et de sécurité, l’ONU a été créée pour prévenir de futurs conflits et promouvoir la coopération internationale.
La Charte des Nations Unies, adoptée à l’unanimité le 26 juin et entrée en vigueur le 24 octobre 1945, établit les principes fondamentaux de l’organisation : maintien de la paix, respect du droit international, promotion des droits de l’homme et développement économique et social.
En promouvant la paix, les droits humains et le progrès social, y compris l’accès aux soins de santé et à l’éducation, les Nations Unies ont amélioré la vie des populations du monde entier, créant ainsi de meilleures conditions de vie pour tous. « Huit décennies plus tard, les Nations Unies sont l’organisation internationale la plus universelle, ce qui lui confère une portée véritablement mondiale. On peut établir un lien direct entre la création de l’Organisation des Nations Unies et la prévention d’une troisième guerre mondiale », selon António Guterres, son secrétaire général.
Les Nations Unies déploient actuellement des dizaines de milliers de Casques bleus dans le cadre de 11 opérations de paix afin d’aider les pays à passer du conflit à la paix. Elles ont facilité l’adoption de près de 30 traités de désarmement et assuré la destruction de plus de 55 millions de mines terrestres.
Les Nations Unies restent un forum essentiel et unique pour faire avancer la paix, le développement durable et les droits humains. Elles s’efforcent d’aider les pays à mettre fin aux horreurs des conflits, à instaurer une paix durable, à défendre la justice et le respect des droits humains. Elle documente les violations et plaide en faveur d’une protection solide des droits humains dans le monde entier, encourage le respect des lois et des normes internationales et soutient les gouvernements dans leurs efforts de réforme par le biais d’un travail dans plus de 90 pays.

Le maintien de la paix de l’ONU et les défis du futur

L’ONU contribue à la prospérité et à la durabilité de la planète. Elle aide et protège plus de 100 millions de personnes chaque année grâce à des programmes humanitaires. Elle dispose de la légitimité, des connaissances, des compétences et de la capacité logistique nécessaires pour agir comme aucune autre organisation ne peut le faire.
Avec ses agences spécialisées, elle s’attaque à la pauvreté, à la faim et à la maladie et fournit une aide humanitaire dans les situations d’urgence et de crise. Au cours des huit dernières décennies, les agences des Nations Unies ont considérablement réduit la mortalité infantile et maternelle, sauvé des millions de vies grâce à la vaccination, empêché et contrôlé la propagation de maladies mortelles telles que le paludisme, la tuberculose et le VIH/sida. Elles aident aussi les pays à développer leurs ressources économiques et sociales, tout en établissant des normes de durabilité.
Quatre-vingts ans après sa création, les Nations Unies sont confrontées à de nouveaux défis. La crise climatique fait rage, les inégalités se creusent et la pauvreté augmente. Les fléaux que sont le terrorisme et l’extrémisme violent persistent. De nouvelles menaces apparaissent à mesure que l’intelligence artificielle devient omniprésente, devançant la réglementation.
À l’occasion du 75ème anniversaire des Nations Unies, les États membres se sont engagés à renforcer la gouvernance mondiale pour les générations actuelles et futures. En septembre 2021, le Secrétaire général avait partagé ses recommandations pour répondre aux défis actuels et futurs dans son rapport « Notre Programme commun », un appel à accélérer la mise en œuvre des objectifs de développement durable et à promouvoir les engagements contenus dans la déclaration faite à l’occasion des 75 ans de l’ONU.

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