Accueil Actualité UE-RDC-Rwanda : Aide militaire pour le Rwanda bloquée et trêve humanitaire à...

UE-RDC-Rwanda : Aide militaire pour le Rwanda bloquée et trêve humanitaire à l’est de la RDC

Paul Kagame (Image source: rba.co.rw)

Bruxelles a annoncé début juillet avoir gelé une nouvelle aide militaire de l’Union européenne en faveur du Rwanda, qui agresse la République démocratique du Congo à travers le groupe terroriste M23, alors que Washington décide d’une trêve humanitaire de deux semaines. Kagame acculé jusqu’à ses derniers retranchements.

Alors que le Président Félix Tshisekedi ne cesse d’enfourcher son bâton de pèlerin pour aller convaincre les partenaires bi- et multilatéraux de la RDC de impérieuse nécessité de franchir l’étape « simples condamnations pour passer aux actes concrètes » et sanctionner Kagame et le Rwanda qui agressent la RDC par l’entremise de leur dernier supplétif, le mouvement terroriste M23, l’Union européenne et les États-Unis semblent avoir prêté une oreille attentive à son plaidoyer.
Bruxelles vient en effet de suspendre une nouvelle aide financière de 20 millions d’euros prévue en faveur de Kigali. La décision du gel de cette aide, du fait de l’agression criminelle du Rwanda à l’est de la RDC, a été prise en marge de la réunion tenue le mercredi 3 juillet 2024, au cours de laquelle les pays membres de l’Union Européenne ont levé l’option du gel de l’examen de sa nouvelle aide militaire prévue pour soutenir l’intervention de l’armée rwandaise dans la province mozambicaine de Cabo Delgado.
La demande d’aide, qui a été introduite par Kigali, visait à obtenir une deuxième enveloppe de 20 millions d’euros via la Facilité européenne pour la paix (FEP). En outre, elle devait financer les unités de la Rwanda Defence Force (RDF) déployées depuis juillet 2021 pour combattre l’insurrection djihadiste dans le nord du Mozambique.
Le Portugal et la France sont les deux pays européens qui ont ardemment soutenu cette nouvelle tranche d’aide diversement appréciée parmi les Etats membres. Les Pays-Bas, l’Allemagne et la Suède ont exprimé leurs réticences et insisté sur la nécessité de contreparties. Par ailleurs, certains autres pays préconisent que cette décision puisse marquer, plus qu’hier, un tournant dans la politique européenne vis-à-vis du Rwanda, tout en signalant la perspective d’une prise de position plus ferme face aux implications du régime tortionnaire de Kagame dans les conflits régionaux.
« L’UE ne peut pas apporter une assistance financière qui sera aussitôt injectée dans le financement des violences dans le Nord-Kivu », a expliqué un diplomate européen à Kinshasa. Cette contribution financière ne sera pas versée au Rwanda qui, au lieu de se concentrer sur le développement de son territoire, exporte et entretient directement la terreur sur le sol congolais.

Trêve humanitaire annoncée par Washington

Kagame et Biden à la Maison Blanche (Image d’archive : tfiglobalnews.com)

De l’autre côté, un partenaire de poids est venu se joindre aux efforts de Kinshasa pour ramener la paix dans l’est de la RDC. En effet les États-Unis d’Amérique ont, à leur tour, sonné le tocsin, en annonçant, parallèlement, une trêve humanitaire de deux semaines à dater du vendredi 5 juillet 2024 à minuit.
Dans un communiqué signé par Mme Adrienne Watson, porte-parole du Conseil national de Sécurité, la Maison Blanche a convié toutes les parties à respecter ladite trêve. « La récente intensification des combats dans le Nord-Kivu a empêché les travailleurs humanitaires d’atteindre des centaines de milliers de personnes déplacées dans la région de Kanyabayonga et a fait fuir plus de 100 000 personnes de leur domicile. Les gouvernements de la RDC et du Rwanda ont exprimé leur soutien à la trêve « afin d’alléger les souffrances des populations vulnérables et de créer les conditions d’une désescalade plus large des tensions dans l’est de la RDC », a déclaré substantiellement Mme Watson.
Avec cette avalanche d’actions concrètes de la communauté internationale sur le Rwanda, Kagame qui se croyait tout permis se trouve réellement dos au mur. Au moment même où des actions sont entreprises par Kinshasa en vue de la condamnation du Rwanda pour génocide et crimes contre l’humanité ainsi que l’obtention des réparations de cette agression criminelle.

Fin de l’envoi des réfugiés vers le Rwanda : une perte de 437 millions d’euros pour Kigali

Sur l’affiche : « La craie n’est pas du fromage / Le Rwanda n’est pas sûr »  (Image d’archive : quotidiano.net)

Et comme « il n’y a jamais deux sans trois », Kigali vient de subir son troisième revers en une semaine. Le nouveau Premier ministre britannique Keir Starmer, immédiatement après sa prise de fonctions, a déclaré vouloir mettre un terme à l’accord sur la déportation des réfugiés vers le Rwanda. Il a confirmé le samedi 6 juillet qu’il n’était « pas prêt » à poursuivre le projet du précédent gouvernement conservateur d’expulser des migrants au Rwanda.
Ce projet « était mort et enterré avant même de commencer. Il n’a jamais été dissuasif (…), je ne suis pas prêt à continuer avec des mesures gadget », a affirmé Keir Starmer lors d’une conférence de presse organisée après le premier Conseil des ministres du gouvernement travailliste.
Conformément à sa promesse électorale, le nouveau Premier ministre britannique a donc mis un terme au plan dit « Rwanda » dès son premier jour au pouvoir.
Le gouvernement précédent, dirigé par le conservateur Rishi Sunak, avait conclu au forceps un accord, moyennant finances, pour envoyer les immigrés arrivés clandestinement en Grande-Bretagne vers le Rwanda, un pays d’Afrique centrale où ils devraient alors demander l’asile. Les nombreux opposants au projet ont tenté de l’empêcher par le biais des tribunaux. Les premières expulsions forcées devaient avoir lieu ce mois de juillet, mais le gouvernement travailliste semble déjà s’y opposer.
Keir Starmer estimait, lui, que le plan Rwanda aurait coûté « une fortune ». Cet accord avec Kigali prévoyait que le Royaume-Uni verse au Rwanda au moins 370 millions de livres sterling, soit plus de 437 millions d’euros, répartis sur cinq ans.
Le nouveau Premier ministre souhaite utiliser cet argent pour améliorer la sécurité aux frontières et lutter contre les gangs qui font traverser la Manche à des migrants à bord de petites embarcations.


Kinshasa : Des mesures pour remettre de l’ordre et reprendre les localités occupées

Félix Tshisekedi Tshilombo (Image d’archive)

Présidant le dernier Conseil supérieur de la Défense élargi, le samedi 29 juin dernier, le chef de l’État congolais Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo a tenu à briser l’omerta. Il a pris des mesures devant rétablir l’ordre sur terrain et préserver la souveraineté nationale face aux « velléités cyniques des ennemis de la RDC et la menace de la balkanisation du pays » de la part du Rwanda, reconnu à maintes reprises dans les rapports d’experts de l’Onu comme le principal pays instigateur et auteur des violences dans l’Est.
« Après plus de trois heures de discussions, des perspectives des mesures ont été proposées au président de la République pour que les Forces armées de la RDC puissent très rapidement remettre de l’ordre dans cette partie du pays et reprendre certaines autres localités occupées par les forces rwandaises et leurs légats du M23 et consorts », a déclaré à l’issue de la réunion le porte-parole du gouvernement congolais M. Patrick Muyaya, ministre de la Communication et Médias.

L’objectif est le retrait total des troupes rwandaises, selon Kinshasa

Pour la RDC, l’objectif n’est pas une simple trêve, mais un retrait total des troupes rwandaises du territoire congolais et une condamnation de cet agresseur par les instances judiciaires internationales, a estimé le ministre Muyaya sur une télévision locale.
En attendant, les USA ont promis de suivre le comportement des agresseurs sur le terrain pendant la trêve de deux semaines. Washington soutient également les efforts du président angolais Joao Lourenço, médiateur désigné dans la crise entre la RDC et le Rwanda.
Selon l’annonce faite par la Maison Blanche, la trêve humanitaire couvrira « les zones d’hostilités » et engage « les parties au conflit » (les Forces armées de la RDC d’un côté et le groupe terroriste du M23 soutenu par le Rwanda de l’autre) « à faire taire leurs armes, à permettre le retour volontaire des personnes déplacées et à fournir au personnel humanitaire un accès sans entrave aux populations vulnérables ». « La trêve couvre les zones d’hostilités qui touchent le plus les populations civiles », précise Washington.
Toujours pour la Maison blanche, « les gouvernements de la RDC et du Rwanda ont exprimé leur soutien à cette trêve humanitaire visant à soulager les souffrances des populations vulnérables et à créer les conditions d’une désescalade plus large des tensions dans l’est de la RDC. Le gouvernement américain appelle toutes les parties à respecter l’esprit de la trêve avant qu’elle n’entre en vigueur ».
Pour rappel, cette mesure intervient dans un contexte où les rebelles du M23 ont fait un progrès fulgurant ces derniers jours, dans la province du Nord-Kivu, contrôlant de nombreuses localités importantes et encerclant Goma, chef-lieu de la province.
Mais, avec les différentes mesures de coercition prises aussi bien par l’Union européenne, les États-Unis et la Grande Bretagne, l’empire du mensonge érigé par Kigali a pris plusieurs coups de massue en une fois, portés par ses propres soutiens de taille, ces puissances planétaires finalement agacées par le drame humanitaire consécutif aux violences perpétrées sans cesse contre des civils innocents, poussés à une perpétuelle errance dans leur propre pays, du fait du pouvoir monoethnique sanguinaire de Kigali.

Publicité