Tous les citoyens sont aujourd’hui d’avis qu’ils doivent s’attaquer au changement climatique. C’est absolument vrai en Afrique et, après les mois étouffants en Europe, tout le monde dans le vieux continent en est également persuadé.

En Europe, en particulier, les gens sont convaincus que l’évaluation est un élément important de leur politique pour provoquer un changement de comportement, et la taxe sur le carbone que ce continent est en train d’instaurer a été saluée comme une grande victoire.

Mais l’Europe a-t-elle pris en compte les différentes vitesses auxquelles les différents pays peuvent agir ? Il s’agit certainement d’une énigme si l’on considère tout en termes de climat et de justice sociale.

Néanmoins, il conviendra sûrement que le monde entier mette la main à la patte pour faire face à la crise climatique. Cela contribuera ainsi à l’habitabilité de chaque nation de notre planète.

Si l’Europe impose les mêmes prélèvements sur des articles spécifiques à l’Afrique, elle participera en réalité à accentuer la pauvreté du continent. Et ce n’est pas normal. Et même, un continent peut-il imposer à un autre un mode de développement économique ? Certains croient-ils encore que le continent africain puisse devenir un autre jouet des puissances européennes ?

Des projets du PAM visant à lutter contre le changement climatique en Afrique reçoivent l’approbation des principaux fonds pour le climat (Source : fr.wfp.org)

La taxe carbone en question

Sur le papier, le mécanisme d’ajustement à la frontière pour le carbone (CBAM) semble être le nouveau tigre de la lutte contre le changement climatique. Plus simple, il s’agit ici de la taxe carbone prévue sur les produits à forte intensité de carbone qui sera mise en œuvre par l’Union européenne en tant que cerise sur le gâteau du Green Deal européen à partir de 2026.

Les certificats CBAM seront liés au prix des permis d’émission de l’UE dans le cadre du système d’échange de quotas d’émission de l’Union, dans le but de lutter contre les fuites de carbone provenant de pays qui n’ont pas de tarification en la matière.

Si tout cela semble bien beau sur le papier, force est de constater, malheureusement, que ce procédé va faire pression sur la justice sociale et économique de l’ensemble du continent africain. On s’attend ici à ce que les pays africains soient en mesure de produire sans carbone très rapidement, mais la question est de savoir si ces pays ont suffisamment de poids financier pour effectuer cette conversion énergétique.

Car on oublie vite que de nombreux pays africains ont trop peu de ressources à leur disposition, pour pouvoir adapter leurs économies.
Bref, on ne peut imposer les mêmes conditions aux pays disposant de moins de ressources.

Ce n’est donc une sinécure pour l’ensemble du continent, qui veut devenir plus durable mais ne dispose pas de leviers financiers pour y parvenir et peine à réunir les fonds nécessaires pour réaliser des investissements aussi importants.

Il semble contraire à l’éthique et moralement incorrect que les produits africains soient soumis à des prélèvements supplémentaires avant de pouvoir accéder au marché européen. Des nations telles que le Congo, le Niger, le Nigeria, l’Algérie et l’Égypte risquent de se voir pénalisées par cette mesure, qui apparaît comme si l’Europe les repousse un peu plus, quand bien même que ce traitement soit destiné à préserver notre planète.

L’importante empreinte carbone de l’Europe

L’Afrique aussi a soif de développement et l’Europe a l’obligation de laisser le peuple africain se développer, en lui accordant une chance équitable et non en imposant ses valeurs et ses normes, qui ne laissent pas une liberté suffisante pour rejoindre le marché européen. Sinon, le vieux continent prend le risque de paraître comme si elle est en train d’aider un petit nombre d’individus parmi les happy few et d’étrangler ainsi le progrès.

Ce n’est un secret pour personne, l’Europe a une empreinte carbone importante, au moment où elle attend des « étudiants africains » qu’ils fassent encore mieux alors qu’elle n’est elle-même pas encore suffisamment efficace pour mener à bien la transition énergétique et qu’elle reste encore fortement dépendante des combustibles fossiles.

La transition de l’Europe vers des sources d’énergie alternatives est insuffisante pour oser donner des leçons à un autre continent. Avant de faire pression sur les autres nations afin qu’elles deviennent de meilleurs élèves et n’aggravent pas le déséquilibre des continents, l’Europe se doit de donner le bon exemple.

Cela ne peut qu’être l’objectif de l’Europe de la solidarité, qui doit trouver un meilleur équilibre dans ses politiques à l’égard du continent africain et ainsi éviter de désavantager davantage les économies africaines et de compromettre le développement de tout un continent.

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