Soixante-dix ans, c’est la durée du long règne d’Elizabeth Alexandra Mary Windsor qui, alors qu’elle n’y était absolument pas prédestinée, est montée sur le trône britannique le 6 février 1952, à 26 ans.

C’est par un concours de circonstances assez exceptionnelles que Lilibet – c’est son surnom -, qui était classée en troisième position dans l’ordre de succession, après son oncle et son père, a pu accéder au trône.

En effet, son oncle devient roi en 1936, mais abdique quelques mois plus tard afin de contracter un « mariage atypique pour la monarchie »: épouser une femme déjà divorcée à deux reprises, Wallis Simpson. Son frère, le père d’Elisabeth, lui succède, sous le nom de Georges VI. Elizabeth devient alors l’héritière de la Couronne britannique. Elle a 10 ans.

À la mort de son père, elle devient la Reine du Royaume-Uni, d’Irlande du Nord et des 14 États souverains ou royaumes du Commonwealth. Son couronnement a lieu le 2 juin 1953. À ses côtés se trouve déjà Philip Mountbatten, prince de Grèce et de Danemark, qu’elle a épousé en 1947, et avec lequel elle aura quatre enfants: Charles, Anne, Andrew et Edward.

« Le soleil ne se couche pas sur le royaume d’Elizabeth »

Elizabeth II aurait pu paraphraser Charles Quint, l’empereur germanique, qui a déclaré: « Le soleil ne se couche jamais sur mon empire », elle dont le royaume s’étend sur les 5 continents. À son arrivée au trône, le Commonwealth compte déjà le Royaume-Uni, le Canada, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, l’Afrique du Sud, l’Irlande, le Pakistan, l’Inde et le Sri Lanka.

Aujourd’hui, en 2022, cette organisation est composée de 56 États membres, qui représentent plus de 30 000 000 km2 de territoires, sur tous les continents.

Celle qui est appelée la Reine d’Angleterre, par erreur puisque le Royaume d’Angleterre n’existe plus depuis 1707, a connu tous les grands de ce monde, en commençant par les 15 « Prime ministers » britanniques qui se sont succédé au 10, Downing street.
Et, elle a vécu toutes les crises qui ont frappé le monde: de la Guerre mondiale au conflit Russie-Ukraine, en passant par la Guerre froide. L’émotion qui a secoué le monde à l’annonce de son décès est à la hauteur de ses 70 ans de règne: elle était entrée dans la vie et l’intimité de tous les Britanniques, et au-delà.

De la France, ce pays qui entretient des liens historiques d’amitié, mais aussi de rivalité aiguisée et même parfois haineuse, elle a appris la langue. Elle a vu défiler trois républiques françaises et elle a connu 10 présidents. Il semble que François Mitterrand et elle avaient de véritables atomes crochus.

Aux Etats-Unis, un allié de tous les temps, la reine a connu 12 présidents, avec qui elle a tissé des liens étroits, au grand bénéfice de la diplomatie britannique. Par ailleurs, au-delà de ces liens politiques, elle a noué des relations personnelles fortes : C’est à l’occasion de sa rencontre avec le président Dwight Eisenhower que commence l’histoire d’amour entre l’Amérique et l’Angleterre d’Elizabeth II.

Quelques anecdotes

Avec John F. Kennedy, les relations sont si amicales et exceptionnelles que, profondément touchée après son assassinat, elle fait élever un mémorial et met en place un fond de bourses d’études en son honneur.

Notons que la reine et Lyndon B. Johnson n’ont pas eu de très bonnes relations, le Texan n’aimant pas trop les Britanniques ; que Richard Nixon la rencontrera à deux reprises ; que Gerald Ford, successeur de Nixon, aura, lui, l’unique privilège de danser avec elle, à l’occasion du bal organisé en son honneur, à la Maison Blanche en 1976 ; que Jimmy Carter, lors de sa visite au Buckingham Palace, commettra une bourde, qu’elle ne pardonnera pas : Il  refuse de s’incliner devant elle comme l’exige le protocole et se permet de l’embrasser.

Avec Ronald Reagan, une passion commune : l’équitation. Et,… il la faisait rire ! Lors de la visite des Obama en Grande Bretagne, Michelle donne une accolade à la reine ; ce qui, tout simplement, n’est pas toléré, car on ne touche pas la souveraine, si ce n’est pour lui serrer la main.         

À travers le monde, elle les a connus tous et elle en a rencontré un grand nombre, qu’il serait fastidieux de citer.

Également en Afrique

En Afrique, Elizabeth fera un premier voyage en Rhodésie et en Afrique du Sud, en 1947. Elle ne reviendra dans ce dernier pays qu’après l’avènement au pouvoir de Nelson Mandela, cette longue abstention marquant un désaveu de ce que fut l’apartheid.

Trois ans plus tard, elle se rendra au Kenya, dans une visite qu’elle va interrompre à la suite du décès de son père ; elle n’est encore que princesse. Elle visite le Ghana, à l’époque du président Kwame Nkrumah, pour le dissuader de quitter le Commonwealth et de s’allier avec Moscou. Elle ouvrira le bal avec le président ghanéen, une liberté qu’elle renouvellera avec Nelson Mandela.

Il semble que les présidents Kenneth Kaunda et Nelson Mandela aient été les seuls dirigeants au monde qui pouvaient l’appeler par son prénom. Nelson Mandela, qu’elle va rencontrer pour la première fois en 1991, au sommet du Commonwealth à Harare, au Zimbabwe. Leurs relations amicales étaient empreintes d’un profond respect réciproque. La reine sera reçue en Afrique du Sud en 1995 ; elle recevra Mandela en 1996 à Londres.

Elizabeth s’en est allée ! Vive Charles !

Aux côtés de son fils le prince héritier Charles, la reine Elizabeth II prononce son 65e « discours de la reine » en octobre 2019. Photo : Toby Melville/Press Association/dpa (Photo : dpa)

La Reine Elizabeth II s’est éteinte le jeudi 8 septembre 2022, à l’âge de 96 ans, et alors que les hommages pleuvent de partout à travers le monde, qu’il s’agisse des chefs d’État ou d’artistes comme Mick Jagger ou Elton John qui, l’on s’en souvient, avait chanté aux funérailles de Lady Di, dont c’était, le mois dernier – triste coïncidence – le 25ème anniversaire de la mort.

Tous, unanimes, saluent la mémoire d’« une femme de cœur ». Il n’existe « aucun vide juridique », puisque la tradition britannique veut qu’une reine ou un roi soit immédiatement remplacé par l’héritier présomptif.

Publicité