Avec plus de 500 décès à la date du 12 novembre 2023 au Burkina Faso, pareille au Soudan, autant de morts au Mali ou ailleurs en Afrique, la dengue fait des ravages. Des mesures de riposte sont en cours mais, l’épidémie semble avoir la peau dure.
Le virus de la dengue ou grippe tropicale sévit essentiellement dans la zone intertropicale et appartient à la famille des flavivirus. Il existe quatre types différents de virus de la dengue. La dengue est la plus fréquente des arboviroses humaines avec 50 à 100 millions de cas par an dans le monde.
Le principal vecteur du virus de la dengue est le moustique Aedes aegypti, qui vit en milieu urbain et se reproduit principalement dans des récipients contenant de l’eau stagnante. C’est la femelle qui pique, essentiellement le jour, avec un pic d’activité tôt le matin et le soir avant le crépuscule.
Un second vecteur potentiel de la dengue est l’Aedes albopictus (ou « moustique tigre » qui transmet également le chikungunya). Il est en activité la journée et est présent en Asie, en Amérique du Nord et en Europe. Doté d’une grande facilité d’adaptation dans les zones tempérées, il a été introduit en 2004 dans les Alpes-Maritimes, en France, et sa zone d’implantation ne cesse de s’étendre.
Le mode de contamination est classique : le moustique se contamine en piquant une personne déjà infectée et peut ainsi transmettre le virus en piquant un autre individu. Une fois dans l’organisme, le virus se multiplie et persiste 3 à 10 jours. La personne infectée par la dengue n’est pas contagieuse pour un autre être humain. Par contre elle peut contaminer d’autres moustiques du genre Aedes si elle est à nouveau piquée dans une période allant de un à deux jours avant le début des symptômes et jusqu’à sept jours après.
À travers le monde
Environ la moitié de la population mondiale est aujourd’hui exposée au risque de dengue, avec une estimation de 100 à 400 millions d’infections par an, a indiqué, en novembre 2023, l’agence sanitaire mondiale de l’ONU.
Selon l’Organisation mondiale de la santé, l’incidence de la dengue a progressé de manière spectaculaire dans le monde entier au cours des dernières décennies, en particulier dans les Amériques, où 2,8 millions de cas et 1 280 décès ont été signalés l’année dernière. Cette tendance à la hausse se poursuit en 2023, avec déjà près de 3 millions de cas signalés dont plus de 1 300 décès.
Dans cette région, plus de 3 900 (0,13%) ont été classés comme dengue sévère. Le plus grand nombre de cas de dengue a été observé au Brésil, avec 2 376 522 cas, suivi du Pérou avec 188 326 cas, et de la Bolivie avec 133 779 cas.
La propagation des cas vers le sud est de plus en plus préoccupante. Le Pérou a d’ailleurs déclaré l’état d’urgence en raison de la pire épidémie de dengue jamais enregistrée dans le pays.
Des méthodes de lutte
Il n’existe pas de traitement spécifique pour la dengue. Le traitement est symptomatique, destiné à lutter contre la douleur et la fièvre. Les anti-inflammatoires non stéroïdiens et surtout l’aspirine sont contre-indiqués du fait de la thrombopénie (baisse du nombre de plaquettes) et du risque hémorragique.
La meilleure des protections consiste à se protéger des moustiques à la fois par l’utilisation des répulsifs et d’insecticides, et par la destruction des gites potentiels pour les moustiques, comme les réservoirs d’eau stagnantes autour et dans les habitations. Pour protéger son entourage, la personne malade doit rigoureusement se prémunir contre les piqûres afin qu’elle ne transmette pas le virus à d’autres moustiques.
Plusieurs candidats vaccins sont actuellement en cours de développement et les premières vaccinations contre la dengue ont débuté cette année, avec un premier vaccin pour la prévention.
Dengvaxia est maintenant administré aux Philippines à raison de trois doses en un an. C’est un vaccin tétravalent, qui protège donc contre les 4 sérotypes, et est également enregistré au Mexique, au Brésil et au Salvador, trois pays les plus touchés d’Amérique. Le vaccin devrait être disponible en premier dans les pays à forte endémie.