L’analyste-stratégiste Al Kitenge estime que la Rd Congo a besoin de 300 milliards de dollars américains pour financer les infrastructures énergétiques en 20 ans. Dans une interview accordée à Onésha Afrika magazine, il en appelle à des investissements « patriotiques » pour exploiter le potentiel de l’énergie électrique qui, selon lui, dépasse les autres potentiels économiques de son pays.
« Cette somme pèse mais ce n’est pas beaucoup du tout. Il s’agit de 300 milliards USD à dépenser entre 15 et 20 ans. Si vous divisez par 20, ce sera 15 milliards USD qu’on devrait être en mesure de lever chaque année. Et si vous divisez par 12, vous allez vous rendre compte que ce n’est pas beaucoup par mois. Répartissez ce montant au nombre d’habitants, nous sommes à 80 millions et projetés à 150 millions dans quelques années, la charge par individu en terme de dette intérieur oui extérieur est très faible », a – t – il indiqué.
La bonne chose, rassure Al Kitenge, c’est que le retour sur investissements est très important. D’où, son appel aux autorités congolaises à privilégier des investissements patriotiques tels que l’ont fait l’Egypte a fait avec le canal de Suez et l’Ethiopie avec le barrage de Renaissance.
A d’insister : « ce sont des choses qui devraient être en mesure de nous réveiller et nous dire : quand on parle des capitaux en grande quantité, nous ne devons pas seulement regarder l’extérieur. Nous devons être en mesure de compter d’abord sur la mobilisation intérieure. »
60 ans après l’indépendance, Al Kitenge reste convaincu que l’unité de la RDC passe par l’unité énergétique. De lors, affirme-t-il, que le temps est venu pour que le pays soit doté d’un Plan de développement stratégique intégré. Cela exige au peuple en accord avec ses dirigeants d’avoir de l’ambition interne.
« Le jour où nous trouvons l’énergie électrique pour ceux qui sont dans l’arrière-pays non pas pour qu’ils aient l’éclairage mais pour qu’ils qu’ils soient en mesure de transformer les biens qu’ils produisent, nous aurons trouvés une solution générale pour des gens qui sont assis à Kinshasa dans les bureaux et qui cherchent de l’énergie pour climatiser leurs maisons. Je crois simplement que l’unité dans notre pays passe par l’unité énergétique et il est important que la réflexion globale sur les questions énergétiques commencent par ceux qui en ont eu pendant les 60 dernières années », a martelé Al Kitenge.
Projet Grand Inga, un projet plutôt international
Quant au développement du projet Grand Inga, ce stratégiste est d’avis que la Rd Congo n’a pas la capacité interne de le piloter. D’où, la nécessité d’en faire un projet international.
A lui d’ajouter : « 100% de zéro, c’est zéro. Nous pouvons rester propriétaires de Inga et tous les autres potentiels que nous disposons sans produire quoique ce soit. Je pense que nous devrions en faire un projet international sur le leadership de la RDC. Il me semble que c’est ce que le nouveau chef de l’Etat est en train d’essayer de faire. Mais il est important pour lui de s’adosser des cabinets scientifiques capables de pouvoir éclairer ses décisions et de lui permettre d’avancer rapidement. »
Pour Al Kitenge, il est temps de passer à l’action après avoir défini une vision globale et globalisante du projet Inga. Cela explique que pendant que les discussions se font autour de la production de Inga 3, il faudra faire de même pour le réseau national et international de distribution d’énergie.
Cette logique permettra aux décideurs d’avoir une visibilité sur quelle industrie produire ici en Rd Congo.
A propos du potentiel de l’énergie électrique, cet analyste soutient qu’il dépasse les autres potentiels économiques de la RDC.
En réalité, affirme-t-il, les ressources énergétiques (hydrauliques, solaires et éoliens) sont des gisements énergétiques. Avec ce mix, les décideurs devraient être s’en intéresser le plus puisqu’elles sont inépuisable et propres plus que les gisements miniers qui prennent le devant dans tout.
« Nous avons le puit, la réserve énergétique du continent. Nous devons nous développer et développer le continent. Lorsqu’on met tous les potentiels hydrauliques, solaires et éoliens, nous sommes autour de 230 000 MW de potentiels. Si on considérait ce potentiel comme une marchandise et on l’utilisait comme levier tel que l’Angola l’a fait avec le pétrole, nous aurons des revenus mensuels autour de 10 à 15 milliards USD par mois. Et sur l’année, c’est entre 120 et 180 milliards USD », a – t – il fait remarquer.
Al Kitenge ne comprend pas que le peuple et ses dirigeants continuent à penser que la Rd Congo est un pays à réserves minières alors qu’il est stratégiquement à réserves énergétiques.
A lui de conclure : « ce changement de paradigme est extrêmement important et autour de ce paradigme nous devons être en mesure de bâtir une stratégie économique
A titre de rappel, selon les données officielles, 121 centres de population (agglomérations, bourgades, villes, villages) sont électrifiés.
Aussi, 62 % de la longueur totale des lignes de distribution se trouvent dans le Kongo-Central et la ville de Kinshasa, et 15 % au Katanga.
Par ailleurs, sur une puissance totale installée en RDC évaluée à 2.516 MW, la Société nationale de l’électricité (SNEL) dispose d’un parc de production d’environ 2.416 MW, soit 96 % de la puissance nationale installée, constitué essentiellement des centrales hydroélectriques.