Fin d’un long suspens avec la publication, le mercredi 30 mai, aux petites heures du matin, du gouvernement de la Première ministre Judith Suminwa Tuluka. Une nouvelle que l’ensemble des Congolais attendaient avec impatience, mais surtout beaucoup de passion, et d’espoir.

Nommée Première ministre le 1er avril 2024, Mme Judith Suminwa Tuluka, qui fut ministre d’État au Plan dans le gouvernement Sama Lukonde, devenait ainsi la première dame à occuper ces fonctions dans l’histoire de la République démocratique du Congo.
Mais, non seulement sa nomination était historique, mais surtout elle redonnait de l’espoir aux millions de Congolais, de même qu’elle matérialisait le vent du renouveau que comptait insuffler le Président Félix Tshisekedi afin de « mettre fin aux erreurs du passé », tel qu’il l’avait annoncé le 20 janvier 2024 lors de son investiture pour le second mandat.
Judith Suminwa avait d’emblée mis la barre haut, en proclamant vouloir privilégier les critères d’intégrité morale, de probité et de compétence dans le choix des membres de son Exécutif.
Sans éluder les nombreux appels d’acteurs de la Société civile quant à la réduction du train de vie des institutions.
Mais l’on savait aussi qu’il ne s’agissait pas d’une simple sinécure pour la Première ministre dans la constitution de son équipe, face à ces dizaines de coalitions existantes et au poids politique des uns et des autres au sein de ce regroupement éléphantesque qu’est l’Union sacrée de la Nation.
Un informateur avait pourtant été nommé le 7 février 2024 en la personne d’Augustin Kabuya, Secrétaire général de l’Udps, le parti présidentiel, pour « identifier formellement une coalition majoritaire à l’assemblée nationale » en vue de la formation du gouvernement ».

Une « sortie imminente » qui ne l’était toujours pas

Pourtant, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) avait publié, le 14 janvier, la liste de 477 députés élus sur les 500 devant siéger à l’assemblée, dans laquelle l’Union sacrée se taillait la part du lion, avec une majorité écrasante.
Néanmoins, après sa nomination, la nouvelle Première ministre a dû slalomer entre les différentes formations politiques de la majorité pour canaliser, peut-être même tenter de jouer des muscles afin de contenir les différentes ambitions et exigences. Il s’agissait notamment de restreindre la taille du gouvernement et, proclamera-t-elle, « que le peuple congolais puisse bénéficier des ressources qui nous ont été données par le Seigneur ». On avait alors suggéré un Exécutif ne dépassant pas 45 ministres et vice-ministres. La tâche s’annonçait ardue.
Plusieurs sources avaient fréquemment fait savoir que la sortie du gouvernement Suminwa Tuluka était imminente, avant d’annoncer qu’elle était postposée à la suite du retard pris dans la mise en place du parlement, qui doit approuver le programme de l’Exécutif. Ensuite il a fallu expliquer que le dernier préalable était en train d’être rempli avec les négociations en cours pour l’élection du bureau définitif. Le président Tshisekedi a d’ailleurs dû descendre dans l’arène pour calmer les ardeurs et exiger que les députés se conformer aux usages de représentativité provinciale et de genre dans les candidatures pour les élections du bureau de l’Assemblée nationale, remportées par l’ancien ministre Vital Kamerhe élu président. Un retour triomphal après l’en avoir été viré le 25 mars 2009 pour cause de rouspétance, sous la présidence de Joseph Kabila qui avait autorisé l’entrée de l’armée rwandaise sur le sol congolais sans en informer au préalable les députés.

Négociations complexes et exigences parfois élevées

« La sortie du gouvernement était cette fois-ci imminente », avait-on prédit. Ensuite elle ne l’était plus. Selon certains quotidiens, l’attente prolongée était consécutive aux négociations complexes et aux divergences politiques. D’autres l’ont attribuée aux tractations continues au sein de la majorité et aux exigences élevées de certains acteurs politiques.
Des journaux ont même indiqué que « la mouture du gouvernement était plusieurs fois recalée » après « l’inclusion de figures politiques de premier plan et le besoin d’un partage équitable du pouvoir », avant de publier, las d’attendre, des noms de certaines personnalités à des postes ministériels bien précis, citant « les dernières fuites ».
En dernier ressort, c’est la porte-parole de la Présidence, Tina Salama, qui annonçait enfin, un jour plus tôt, la « sortie Imminente » du gouvernement, expliquant que, finalement, « on a vraiment examiné chaque profil des ministres qui doivent faire partie du gouvernement ».

Un Exécutif de 54 ministres et vice-ministres

Ainsi, il a fallu attendre quatre bons mois après la réélection de Felix Tshisekedi et deux mois entiers depuis sa nomination pour qu’enfin la Première ministre congolaise présente au pays une copie conforme à ses propres préoccupations quant à « mieux répondre aux attentes des citoyens au cours de ce 2ème mandat du Président Tshisekedi », sans toutefois égratigner les ambitions de ses pairs de l’Union sacrée.
La somme est un Exécutif de 54 portefeuilles, exactement comme dans le gouvernement précédent, avec six vice-Premiers ministres dont
Jacquemain Shabani à l’Intérieur, Jean-Pierre Bemba aux Transports; Guy Kabongo Mwadiamvita à la Défense; Daniel Mukoko Samba a l’Économie; Jean-Pierre Lihau à la Fonction publique et Guylain Nyembo au Plan, ainsi que neuf ministres d’État.
Eve Bazaiba, Augustin Kibassa et Patrick Muyaya gardent leurs portefeuilles respectifs, tandis que Jean-Pierre Bemba passe de la Défense nationale aux Transports et Voies de communication, tandis que Jean Lucien Bussa laisse le Commerce extérieur à Julien Paluku et va au Portefeuille.
Parmi les nouveaux entrants figurent Jacquemin Shabani, vice-Premier ministre de l’Intérieur, Guy Kabongo Mwadiamvita à la Défense nationale, Daniel Samba Mokoko à l’Economie nationale ainsi que Guylain Nyembo au Plan et coordination de l’aide au développement.


Gouvernement Suminwa1 : Les femmes aux premières loges

Elles sont au nombre de dix-sept. Dix-sept femmes, toutes avec des cv en béton armé, même inconnues du sérail politique congolais, qui viennent d’intégrer le premier gouvernement du second mandat du Président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, rendu public tôt dans la matinée du 29 mai dernier.
Une première dans les annales de la République Démocratique du Congo, depuis son accession à l’indépendance.

Le Chef de l’Etat Congolais Félix Antoine Tshisekedi, avait déjà annoncé les couleurs de la promotion du genre dans la gestion des affaires publiques, en nommant à la tête du gouvernement une dame, en la personne de Mme Judith Suminwa Tuluka.
Et le voilà qui récidive en injectant 17 autres représentantes de la gent féminine dans le gouvernement, dont une à la tête du prestigieux portefeuille des Affaires étrangères, et une autre au sommet du non moins prestigieux portefeuille de l’Enseignement supérieur et Universitaire.
Sur les 54 membres que compte le gouvernement Suminwa, les femmes se retrouvent au nombre de 18, si l’on compte Mme la Première ministre. Tout se passe comme si, au regard de la gestion quelque peu approximative des affaires publiques dans les gouvernements précédents, Félix Tshisekedi avait décidé de miser désormais sur les femmes.
Et quelles femmes. Des professeurs, des activistes des droits humains, des technocrates blanchies sous le harnais, on retrouve un peu de tout dans ce casting genré du Chef de l’Etat, qui donne ainsi l’occasion à la femme congolaise de faire une entrée presque tonitruante dans la gestion de la chose publique congolaise.
Les Congolais ont désormais la chance de suivre en instantané l’évolution de la nouvelle ministre d’état aux Affaires étrangères, Thérèse Kayiwamba, après la prestation en demi-teinte de son prédécesseur à ce poste Christophe Lutundula Apala, et de suivre aussi les premiers pas de Raissa Malou, sur le strapontin de l’Education nationale, après le bruyant passage du professeur Tony Mwaba.
Une attention particulière sera aussi accordée à une autre nouvelle venue, Safi Sombo, propulsée à la tête de l’Enseignement Supérieur et Universitaire, jusque-là dévolu à Muhindo Nzangi, appelé à côtoyer les paysans au ministère du Développement Rural.
Au cours de sa première mandature, le Président Félix Tshisekedi, avait publiquement émis le souhait de voir une femme lui succéder à la tête du pays.
Un vœu qui est encore loin d’être inscrit à l’ordre du jour. Mais la configuration de la nouvelle équipe gouvernementale semble en donner une bonne esquisse.

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