Pour la première fois de son Histoire, la République démocratique du Congo a pensé à ses laissés pour compte des milieux ruraux. Une enveloppe budgétaire conséquente, 450 millions de dollars Us, pour la seule année 2022, va être mise à la disposition des 145 territoires congolais pour les infrastructures de base.
Le Programme de développement local des 145 territoires, siglé PDL-145T, est né de la volonté politique du Président Félix Tshisekedi et de son gouvernement de vaincre la pauvreté et les inégalités sous toutes leurs formes sur toute l’étendue du territoire national. Ce nouveau concept de développement à la base résulte d’un contexte particulier, à la suite de la tournée officielle du chef de l’État congolais dans l’espace Kasai, sa terre d’origine en décembre 2021.
A cette occasion, il a pu constater de visu les conditions de vie déplorables des populations rurales. Il avait alors instruit son gouvernement à faire montre d’ingéniosité pour assurer le bien-être des populations à travers tout le territoire national, notamment par la construction d’infrastructures de base dans les secteurs de l’éducation, de la santé, de l’agriculture, et de la mobilité.
Selon la vision du Président Tshisekedi, le PDL-145T doit faire bénéficier les ressources publiques à l’ensemble de la population congolaise là où elle se trouve. De ce fait, le PDL-145T a, dans sa conception, tiré les leçons des projets du même type initiés dans le passé, et qui avaient pêché notamment par l’absence d’une planification rigoureuse et des structures de suivi-évaluation.
Six principaux secteurs concernés
Projet multisectoriel par excellence, le PDL-145T, piloté par le ministère du Plan, bénéficie du concours de plusieurs autres ministères. Une cellule d’analyse des indicateurs de développement (CAID) a été mise en place au niveau du cabinet du Premier ministre, avec mission de faire la compilation de toutes les données collectées par territoire et ainsi permettre le suivi et l’évaluation des projets.
Tout à été fait pour que le PDL-145T reste confiné dans un contexte exclusivement technique et échappe à des impondérables politiques dans son exécution.
Six secteurs principaux sont particulièrement concernés par le PDL-145T. Il s’agit notamment de l’agriculture, pêche et élevage, de la santé, de l’éducation, des infrastructures de transport, de l’énergie, des marchés et du développement rural (eau, électricité, et assainissement des milieux de vie).
Il est prévu que pour chaque territoire, le PDL-145T prenne en compte la superficie, la taille estimée de la population, la carte administrative, les données géographiques et culturelles, la situation économique et sanitaire, les potentialités touristiques ainsi que les opportunités de développement.
Un programme de 1,66 milliard US
Le coût du Programme de développement local des 145 territoires (PDL) est estimé à 1,66 milliard USD et sera financé principalement par les ressources du gouvernement congolais. L’apport des partenaires au développement sera également sollicité pour accélérer cette entreprise inédite et révolutionnaire.
Le coût total du projet prend en compte notamment les charges de coordination et de gestion, les frais des agences d’exécution et une provision de 5% pour les études préalables et les imprévus.
Se basant sur le principe d’équité territoriale, chaque territoire bénéficiera d’un paquet d’investissement prioritaire évalué en moyenne à 10 millions de dollars sur trois exercices budgétaires, soit 300 millions USD pour 2021, 700 millions pour 2022 et 660,1 millions pour 2023, aux termes de l’aide-memoire du gouvernement congolais.
Il s’agira principalement du développement des infrastructures socioéconomiques de base, la redynamisation des économies locales et rurales, le renforcement de la gouvernance locale, le développement d’un système d’information géo référencé pour le suivi du Programme de développement local de 145 territoires.
Concernant les infrastructures et services socioéconomiques de base, le plan cite les routes de desserte agricole, les microcentrales photovoltaïques, les lampadaires solaires, les forages et mini réseaux, écoles, les centres de santé, les marchés, les bâtiments administratifs des secteurs et des territoires et les logements du staff dirigeant du territoire.
Des objectifs nobles
De façon concrète, le gouvernement congolais, à travers ce programme, vise la réhabilitation des routes de desserte agricole (8.844 km) ; l’entretien de routes de desserte agricole (30.091,5 km) ; la construction de 444 ouvrages d’art (Ponts, Bacs et Dalots) ; la construction des mini-centrales solaires (418 Micro-centrales) ; l’éclairage public avec système solaire des lampadaires (1 à 3 km) et 471 km au total ; la construction des forages de plus ou moins 150 m avec pompe intégrée (3.071 forages) ; l’aménagement des sources d’eau (447) ; la construction des marchés modernes avec espace à vivre (238 marchés) ; la construction d’un bâtiment administratif dans chaque chef-lieu des territoires (145 bâtiments) ; la construction d’un bâtiment administratif dans chaque chef-lieu des secteurs (636 bâtiments) ; la construction des logements pour le staff dirigeant du territoire (1 450 logements) ; la construction, la réhabilitation et l’équipement des centres de santé (788 centres de santé) ; la construction, la réhabilitation et l’équipement des écoles (1 210 écoles) ; la structuration et la professionnalisation des producteurs locaux par filières agricoles porteuses (500 000 ménages) ; l’approvisionnement des producteurs locaux en intrants et semences (500.000 tonnes) ; l’acquisition des équipements de production, de traitement et de transformation (4 340 Équipements).
L’objectif est de relancer l’économie du pays à partir de pôles de croissance locale ; de réduire la dépendance des importations des biens intermédiaires, des produits alimentaires de base, en soutenant la production intérieure des biens de consommation courante pour garantir sa souveraineté alimentaire; de renforcer la résilience aux chocs exogènes et de diversifier les sources de croissance.
Cela permettra de corriger les disparités de développement humain durable entre les milieux urbain et rural, de réduire la pauvreté et les inégalités croissantes et de transformer les conditions de vie des populations en améliorant significativement l’offre publique de services socio-économiques de base dans l’ensemble des territoires ruraux de la RDC.