Alors qu’on croyait la saga terminée depuis que le tribunal de Ziguinchor a reconnu le droit du principal opposant, Ousmane Sonko, à réintégrer les listes électorales, le pouvoir à Dakar n’est pas du même avis.

Les médias à Dakar avaient relayé le ouf de soulagement de l’opposition après avoir appris que le tribunal de Ziguinchor avait remis Ousmane Sonko dans la course à la présidentielle de 2024 au Sénégal. Ça c’était le vendredi 13 octobre.

« Il est ordonné la réintégration du président de Pastef (Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité) sur les listes électorales, prenant ainsi le contrepied du ministère de l’Intérieur qui l’en avait exclu », avaient annoncé les médias sénégalais qui sont allés jusqu’à expliquer que le leader des Patriotes allait, le même jour, retirer à la Direction générale des élections (DGE) la fiche de parrainages.

La DGE avait dénié ce droit à Sonko, invoquant sa radiation des listes électorales. Une décision récemment confirmée par la Cour suprême, saisie par le président de Pastef.

Mais c’était sans compter sur l’opiniâtreté du pouvoir en place. En effet, l’État a décidé de formuler un pourvoi en cassation pour contester cette décision du président du tribunal de Ziguinchor. Et c’est reparti.

La Commission électorale veut que les droits de Sonko soient reconnus

Pas plus tard que le mardi 31 octobre, la commission électorale du Sénégal est revenue à la charge, demandant au ministère de l’Intérieur de rétablir l’opposant Ousmane Sonko sur les listes électorales et de lui délivrer les documents essentiels pour sa candidature à la présidentielle de 2024.

M. Sonko « doit jouir de son statut d’électeur inscrit sur les listes électorales avec tous les droits attachés », dit la Commission électorale nationale autonome (Cena) dans un courrier envoyé à la Direction générale des élections, dépendant du ministère de l’Intérieur.

Pour le gouvernement, l’opposant a été radié « à la suite de sa condamnation par contumace dans une affaire de moeurs en juin », M. Sonko dénonçant pour sa part ces affaires comme des complots visant à l’écarter de la présidentielle.

Le Sénégal sur des braises ardentes

Son emprisonnement avait même été émaillé de scènes de violence à travers le Sénégal. C’était le début d’une saga mouvementée qui tient le Sénégal en haleine depuis plus de deux ans. Le parti de M. Sonko a saisi la Cena pour lui demander d’arbitrer son différend avec la Direction générale des élections, avant de donner raison à l’opposant et de demander au ministère de l’Intérieur de le rétablir dans ses droits. Sans succès.

Au Sénégal, la Cena contrôle et supervise le processus électoral, de l’inscription sur les listes jusqu’à la proclamation provisoire des résultats, alors que les élections sont organisées par le ministère de l’Intérieur.

Les avocats de M. Sonko se sont tournés la Cour de justice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique (Cédéao), qui a décidé de se donner jusqu’au 6 novembre pour statuer.

Mais l’on sait que la stabilité du Sénégal tient au sort qui sera réservé au très populaire leader du Pastef, des millions de jeunes Sénégalais ne jurant que par lui.

« Que Macky Sall dise qu’Ousmane Sonko ne sera pas candidat et le Sénégal ne dormira plus », avait prévenu un analyste. Accusé de viol en juin dernier et condamné à deux ans de prison ferme pour « corruption de la jeunesse », les émeutes qui ont suivi ont fait, selon les sources, de 15 à 23 victimes des suites des affrontements avec les forces de l’ordre.

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