Accueil Économie Organisation mondiale du Commerce : Les défis de l’africaine Ngozi Okonjo-Iweala

Organisation mondiale du Commerce : Les défis de l’africaine Ngozi Okonjo-Iweala

Après avoir roulé pendant 25 ans sa bosse à la Banque mondiale, été ministre des finances de son pays le Nigéria, Ngozi Okonjo-Iweala a posé ses valises à l’Organisation mondiale du Commerce depuis février 2021. Elle est désormais la directrice de l’une des organisations les plus puissantes au monde. Décryptage de ses priorités.

Trois priorités se dégagent de l’action de la dame de fer de l’OMC, Ngozi Okonjo-Iweala. À savoir « achever les négociations sur les subventions à la pêche, revoir le système de règlement des litiges, qui paralyse le fonctionnement même de l’OMC, et travailler à la digitalisation de l’économie ».

Trois mois après son élection, cette dame a décidé d’aller au charbon, en mettant l’accent sur des actions discrètes, privilégiant l’action à la parole. Elle avance à pas feutré et étudie son terrain avant de s’y lancer.

Mais le commerce mondial, plombé par la pandémie à coronavirus, ne facilite pas vraiment l’envolée des échanges commerciaux internationaux. Le volume du commerce mondial des marchandises a accusé un léger recul de 0,1% en 2019 après avoir augmenté de 2,9% l’année précédente.

Le commerce des marchandises correspond à la moyenne des exportations et des importations. En valeur, le commerce a chuté de 3% par rapport à une augmentation de 10,2% en 2018.

Le commerce mondial des services commerciaux a augmenté de 2,1% en 2019, soit un ralentissement important par rapport à sa croissance de 8,4% en 2018. Tous les secteurs des services ont été touchés et l’activité du secteur des transports a diminué de 0,8% sous l’effet du déclin du commerce des marchandises.

Les autres services commerciaux ont, quant à eux, enregistré le taux de croissance des exportations le plus élevé (3,3%) des secteurs des services en 2019, soutenus par une croissance ralentie mais continue dans le secteur des services de télécommunication, d’informatique et d’information.

Réformer l’OMC en profondeur

Pour avoir roulé sa bosse dans les arcanes des organisations et des institutions financières internationales, Ngozi Okonjo-Iweala doit faire de la réforme de l’OMC une priorité. Celleci doit faire de l’OMC une organisation pour les pays les moins avancés au lieu d’être une foire d’empoigne des grands de ce monde : Etats-Unis, Chine, Russie, etc. L’Afrique, et surtout les leaders africains, doit mettre la pression sur l’OMC afin d’occuper la place qui lui revient. La nouvelle directrice doit y travailler. Son pedigree montre qu’elle a les compétences nécessaires pour y parvenir.

En effet à 66 ans, Ngozi Okonjo-Iweala a été nommée directrice générale de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Economiste chevronnée, elle est une des femmes les plus puissantes du Nigeria. En plus d’être la première femme à la tête de l’OMC, elle en est aussi la première dirigeante de l’organisation originaire du continent africain.

Deux fois ministre des Finances et cheffe de la diplomatie du Nigeria pendant deux mois, Ngozi Okonjo-Iweala a débuté sa carrière à la Banque mondiale en 1982, où elle a restée 25 ans. En 2012, elle échoue à devenir la présidente de cette institution financière, face à l’Américano-coréen Jim Yong Kim.

Surnommée « Dr Ngozi »

« Je crois qu’elle a fait du bon boulot, que ce soit au Nigeria ou dans les autres pays où elle a travaillé », déclare à l’AFP Idayat Hassan, directrice du Centre for Democracy and Development, basé à Abuja. « Elle n’est pas juste aimée au Nigeria, elle est adorée, c’est un symbole (…) pour les femmes », a-t-elle ajouté.

Souvent surnommée « Dr Ngozi », la directrice de l’OMC est née en 1954 à Ogwashi Ukwu, dans l’ouest du Nigeria. Son père est un chef traditionnel. Elle a cependant passé la majorité de sa vie aux Etats-Unis, où elle a étudié dans deux universités prestigieuses, le Massachusetts Institute of Technology (MIT) et Harvard.

Si les statuts de l’OMC ne prévoient pas de rotation géographique pour le directeur général, des voix se sont élevées pour dire que c’est au tour d’un Africain ou d’une Africaine d’occuper le poste.

Depuis sa création en 1995, l’OMC a été dirigée par six hommes: trois Européens, un Néo-zélandais, un Thaïlandais et un Brésilien.

Détournements de fonds

La candidature de cette femme au parcours impressionnant n’a toutefois pas fait l’unanimité. «Ministre, elle a peut-être adopté quelques réformes sur la transparence, mais près d’un milliard de dollars disparaissaient chaque mois des caisses de l’État quand elle dirigeait les Finances», explique Sarah Chayes, auteure de Thieves of State (Voleurs d’État, en anglais), un livre-enquête sur la corruption à grande échelle.

Ngozi Okonjo-Iweala n’a toutefois jamais été poursuivie par la justice pour pillage des caisses de l’État, même si ses détracteurs estiment qu’elle aurait pu œuvrer davantage pour empêcher les détournements. « Elle aurait pu démissionner et mettre à nu la corruption », estime Olanrewaju Suraju, de Human and environmental Development Agenda, une ONG nigériane.

Inoussa Traoré

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