L’ex-sidérurgiste de 77 ans, qui avait connu la prison pour corruption (2018-2019) avant de voir ses condamnations annulées par la justice, effectue un spectaculaire retour au sommet de l’État.
L’ex-président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010) a été élu, le dimanche 30 octobre, à la tête du Brésil en battant de justesse (50,9% des suffrages) le président d’extrême droite sortant, Jair Bolsonaro, selon les résultats définitifs, au terme d’une campagne délétère qui a divisé le pays.
Au premier tour déjà, les pronostics donnaient Lula largement vainqueur au 1er tour, mais n’avait finalement devancé son rival que de 5 points. Un second tour était donc nécessaire pour les départager. Jair Bolsonaro et Lula se sont alors lancés, pendant quatre semaines, dans une campagne sans merci, multipliant les appels du pied pour la conquête de l’électorat d’extrême gauche, qui avait totalisé près de 7% de votes.
Lula et Bolsonaro ont donc battu campagne là où il y avait encore des votes à gagner pour espérer l’emporter. La campagne qui s’est annoncée non seulement longue mais aussi « très dure », tel que l’avait assuré Gaspard Estrada, politologue et spécialiste de l’Amérique latine à Sciences Po au lendemain du premier tour, a tenu ses promesses.
L’avis avait été partagé par le directeur de recherche à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), Christophe Ventura, qui avait estimé que « Bolsonaro va continuer de creuser son sillon », de se présenter comme « l’homme qui représente le peuple au sein de l’establishment corrompu ».
Ce ton très offensif à l’égard de son adversaire affiché lors du débat d’entre-deux-tours, n’a pas été suffisant pour amadouer l’électorat de gauche.
Le Brésil d’abord
Avec respectivement 48 et 43% des suffrages recueillis au premier tour, mathématiquement Lula et Bolsonaro possédaient encore tous les deux des chances de remporter la présidentielle brésilienne.
Mais le chemin jusqu’à la majorité des voix semblait moins long pour le candidat de gauche à qui il manquait seulement 3 millions de voix pour atteindre la majorité absolue de 60 millions sur les 118 millions d’électeurs ayant participé au scrutin du 1et tour, le 2 octobre. Bolsonaro avait, quant à lui, obtenu plus de 51 millions de voix.
Les électeurs ayant choisi Lula ou Bolsonaro au premier tour devaient confirmer leur choix le 30 octobre. Ce sont surtout les votes des presque 20% d’abstentionnistes et des 7% à avoir voté pour Simone Tebet ou Ciro Gomes, deux candidats mineurs, qu’il a fallu récupérer pour espérer la victoire.
À la vue des résultats, les 7% se sont plus tourné vers Lula que vers Bolsonaro. Ce simple report de voix aura donc suffi à l’ancien chef d’État pour s’assurer une troisième élection à la tête du Brésil, au cours d’une campagne présidentielle d’entre-deux-tours qui a été déterminante.
En rappel, Le Brésil est la 13ème économie mondiale et la 1ère d’Amérique du Sud. Le pays travaille toujours à se reconstruire après la récession d’il y a sept ans, lorsque l’économie s’est contractée de près de 7 %.
L’économie brésilienne a connu une reprise lente mais régulière ces dernières années. En 2021, le PIB a augmenté d’environ 5,2 %, principalement grâce à une réouverture progressive de l’économie et à une augmentation des exportations de matières premières.
Son économie devrait croître à un rythme plus lent dans les années à venir, le FMI prévoyant une croissance du PIB de 1,5 % en 2022 et de 2 % en 2023.