Le président sortant du Liberia, George Weah, a concédé sa défaite, le vendredi 17 novembre, dans la soirée, à l’élection présidentielle tenue trois jours plus tôt, face à son adversaire, l’opposant Joseph Boakai.
L’issue du scrutin organisé au Liberia consacre la victoire de la démocratie et rompt avec les coups d’État observés ces derniers mois dans la région. En décembre 2017, Boakai, alors vice-président sortant, avait été battu par l’ancien footballeur George Weah au 2ème tour. Cette élection, qui était sa dernière chance, lui a permis de prendre sa revanche.
Le chef d’État sortant, George Weah, a appelé M. Joseph Boakai, également président du Parti de l’Unité, pour le féliciter de sa victoire, dans un discours sur la radio publique vendredi soir. À 78 ans, ce ténor de la politique libérienne, vice-président d’Ellen Johnson Sirleaf de 2006 à 2018, s’est ainsi frayé un chemin jusqu’au poste de chef de l’État.
Il avait axé sa campagne en pilonnant, dès qu’il en avait l’occasion, le bilan mitigé de son adversaire, et en proposant un « plan de sauvetage » national. Il avait promis d’améliorer les infrastructures, d’investir dans l’agriculture, d’attirer les investisseurs, d’ouvrir le Liberia au tourisme, de redorer le blason du pays.
Joseph Boakai n’avait jamais caché son ambition de sauver le Liberia de l’état dans lequel il est, selon lui, depuis que George Weah a pris le pouvoir : afflux de drogues illicites, augmentation du taux de pauvreté, mauvaise gouvernance, effondrement des systèmes de santé et d’éducation.
Lors du premier tour, il a talonné le président sortant, faisant jeu égal avec environ 43% des voix. Les résultats du second tour publiés par la commission électorale, après des votes dans plus de 99% des bureaux, donnaient cette fois-ci Joseph Boakai vainqueur avec 50,89%, contre 49,11% à George Weah.
Les alliances du second tour
Le président élu a promis un gouvernement inclusif qui reflète la diversité politique, ethnique, régionale, religieuse et de genre. Il a su, dès le premier tour, manœuvrer habilement pour nouer des alliances avec des barons locaux, comme l’ancien chef de guerre Prince Johnson, qui avait soutenu George Weah en 2017 et qui bénéficie toujours d’une forte popularité dans sa province de Nimba.
M. Johnson, toujours sous sanctions américaines pour corruption, avait placé l’un de ses hommes, Jeremiah Koung, au poste de vice-président de M. Boakai, permettant ainsi au candidat de l’emporter largement à Nimba, région peuplée du nord-est, au 1er tour.
Comme George Weah, Joseph Boakai est issu de la population «autochtone», et non de l’élite «américano-libérienne» descendante d’esclaves affranchis qui a longtemps dominé le pays. Il se décrit comme un homme ordinaire qui s’est extrait d’une condition modeste par le mérite et le travail.
Originaire de la province de Lofa, le «grenier à blé du pays», il a été ministre de l’Agriculture de 1983 à 1985 sous Samuel Doe.