Sans industrialisation, pas de développement. Aujourd’hui, le continent africain est à la croisée des chemins. Transformation industrielle, consommation des produits locaux, transformation des produits bruts en produits finis sont autant de termes utilisés dans le jargon du développement.
Si l’option de l’industrialisation du continent est incontournable, la question est de savoir comment y parvenir, comment procéder pour que cette industrialisation soit de qualité et en quantité.
La route du développement passe par le développement de la route, dit-on. À cet adage, il faut ajouter que le développement de l’Afrique passe par son industrialisation.
Avec sa main-d’œuvre jeune, ses abondantes ressources naturelles et ses marchés intérieurs en pleine croissance, le continent dispose du potentiel nécessaire pour devenir la prochaine frontière mondiale du développement industriel.
Toutes les stratégies de développement de l’Afrique – depuis les Objectifs de développement durable jusqu’au Plan d’action pour le développement industriel accéléré de l’Afrique (2011) de l’Union africaine, en passant par l’Agenda 2063 – identifient l’essor industriel comme la pierre angulaire de la croissance inclusive, de la création d’emplois décents et de la réalisation de nombreux autres objectifs de développement. L’industrialisation constitue également une priorité stratégique pour la Banque africaine de développement (BAD), aussi bien dans le cadre de sa Stratégie décennale (2013–2022) que dans celui de ses cinq grandes priorités, les «High5».
Au titre de sa stratégie «Industrialiser l’Afrique», la Banque s’emploie à appuyer les pays africains dans leur industrialisation et dans la valorisation de leur potentiel économique.
L’exemple du géant Ali Dangoté
Le Group Dangoté est un exemple clé de l’industrialisation de l’Afrique. Pour venir à bout du problème récurrent du manque de carburant dans les stations d’essence du Nigéria, il a construit la plus grande raffinerie de brut dans le monde. Située à Lekki, au Nigeria et inaugurée en mai 2023, elle a la capacité de traiter environ 650 000 barils de pétrole brut par jour, ce qui en fait la plus grande raffinerie à train unique au monde. L’investissement s’élève à plus de 25 milliards de dollars américains.
Dans presque tous les pays d’Afrique, le vocabulaire est en train de changer. En lieu et place d’importer ce que nous produisons, il est dit de produire, transformer et consommer ce que les Africains produisent.
Il est vrai que les initiatives telles que celles d’Ali Dangoté ont bénéficié du soutien de la part d’institutions financières tant nationales qu’internationales. C’est ainsi que plusieurs initiatives de groupes financiers se mettent en place. Parmi celles-ci, la stratégie de la Banque africaine de développement (BAD).
De quoi s’agit-il ?
Le programme d’industrialisation de l’Afrique, l’une des Cinq grandes priorités du Groupe de la Banque (dites Top 5) pour la transformation économique du continent, a bénéficié d’une nouvelle impulsion, avec l’approbation de la Stratégie 2016-2025 du Groupe de la Banque pour l’industrialisation de l’Afrique.
Approuvée par le Conseil d’administration de la Banque africaine de développement (BAD) le 14 juillet 2016, cette stratégie établit une feuille de route pour le déploiement des programmes prioritaires destinés à étendre à grande échelle la transformation industrielle de l’Afrique.
Elle répond à certaines questions majeures, comme pourquoi industrialiser l’Afrique ; comment l’industrialiser ; et de quelle manière la BAD y aidera.
En concevant cette stratégie, la Banque s’est focalisée sur le rôle essentiel que joue l’industrialisation dans le développement, car elle exploite toutes les chaînes de valeur de l’activité économique – des matières premières aux produits finis.
L’industrialisation dynamise la productivité, en introduisant de nouveaux équipements et de nouvelles techniques, renforce les capacités de la main-d’œuvre et diffuse ces améliorations dans l’économie tout entière. Elle génère des emplois formels, qui renforcent à leur tour la stabilité sociale, améliore la balance commerciale en créant des produits destinés à l’exportation et en remplaçant les importations.
Cette stratégie entend développer le secteur et le cadre de politique industriels ; accroître les échanges commerciaux et intégrer l’Afrique dans les chaînes de valeur régionales et internationales ; et stimuler la concurrence ainsi que la création de valeur par une expansion de l’offre de services aux entreprises afin de maximiser l’impact sur la performance des industries, et réciproquement.
Pour ce faire, la stratégie reposera sur cinq vecteurs que la Banque va intégrer dans ses programmes phares : (i) des politiques, législations et institutions porteuses ; (ii) un environnement économique et des infrastructures favorables ; (iii) l’accès aux capitaux ; (iv) l’accès aux marchés et (v) des talents compétitifs, des capacités et l’esprit d’entreprise.
« Dans les pays qui ont réussi leur industrialisation, ces vecteurs ont généralement été intégrés dans des politiques industrielles globales, qui ont permis aux entreprises, petites et grandes, de se développer le long des chaînes de valeur de secteurs industriels spécifiques très prometteurs », explique le document de stratégie.
La Banque soutiendra les pays en défendant six programmes phares : (i) encourager des politiques industrielles probantes ; (ii) catalyser les financements dans les infrastructures et les projets industriels ; (iii) développer des marchés de capitaux liquides et efficaces ; (iv) promouvoir et stimuler la création d’entreprises ; (v) promouvoir des partenariats stratégiques ; et (vi) développer des groupements industriels efficaces.
Plus de 443 millions de dollars levés pour l’industrialisation de l’Afrique
ARISE IIP, l’un des principaux promoteurs et exploitants panafricains de parcs industriels de classe mondiale, a annoncé une importante levée de fonds de 443 millions de dollars US. Ce financement comprend un investissement stratégique de 300 millions de dollars US de la part de la branche d’investissement à impact sur le développement de la Banque africaine d’import-export (Afreximbank), le Fonds pour le développement des exportations en Afrique (FEDA), qui garantit à FEDA une participation significative dans ARISE IIP. En outre, la levée de fonds est renforcée par une contribution de 143 millions de dollars de l’Africa Finance Corporation (AFC). Cet investissement s’inscrit dans le cadre d’une relation de longue date entre ARISE IIP et Afreximbank, qui a fourni environ 2 milliards de dollars au cours des 12 dernières années pour soutenir les investissements d’ARISE IIP dans toute l’Afrique.
Déjà 1 milliard de capitaux
Avec cette injection de capitaux, le total des capitaux propres d’ARISE IIP dépasse désormais 1 milliard de dollars. L’AFC détient la majorité des parts, suivie de la FEDA, d’Afreximbank et d’Equitane en tant qu’actionnaires clés.
Cet investissement substantiel s’aligne stratégiquement sur les objectifs d’ARISE IIP et de ses investisseurs, qui visent à stimuler la transformation industrielle en Afrique. Les fonds seront utilisés pour accélérer l’expansion et l’efficacité opérationnelle du portefeuille de 12 pays d’ARISE IIP, qui comprend des marchés clés tels que le Malawi, le Cameroun, la Sierra Leone, le Bénin, le Togo, la Côte d’Ivoire, le Rwanda, le Gabon, la RDC, le Congo, le Tchad et le Nigeria.
Cet investissement devrait renforcer le rôle de l’Afrique dans les chaînes de valeur mondiales, conformément au mandat d’Afreximbank qui est de favoriser le commerce intra-africain et extra-africain.