Six nouveaux pays ont rejoint le club des Brics. Derrière des arguments économiques se profile un choix politique anti-occidental avéré.
L’Iran, l’Egypte, l’Arabie Saoudite, les Émirats arabes unis, l’Éthiopie et l’Argentine rejoindront dès le 1er janvier 2024 le groupe des Brics concurrent du G8.
Le 15ème sommet des BRICS a débuté le 22 août 2023, à Johannesburg en Afrique du Sud, en présence des cinq pays – Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud – qui composent les Brics. Mais avec l’ambition d’étendre leur influence.
Aussi ont-ils choisi d’élargir leur club à six pays supplémentaires : l’Iran, l’Egypte, l’Arabie Saoudite, les Emirats arabes unis, l’Ethiopie et l’Argentine.
Les enjeux du 15e sommet des Brics
Ce sont en principe des critères économiques qui guident ces nouvelles intégrations, mais c’est en réalité davantage un choix politique. D’ultimes tractations ont eu lieu à huis-clos la semaine ayant précédé le sommet. Sergueï Lavrov représentait la Russie à Johannesburg, puisque Vladimir Poutine est visé par un mandat d’arrêt international pour crimes de guerre. Selon le ministre russe des Affaires étrangères, le choix a été fait en fonction du poids, de l’autorité et de la position des candidats sur la scène internationale.
Ce qui saute aux yeux, c’est que quatre de ces nouveaux entrants appartiennent à la même zone géographique : le Moyen-Orient. À commencer par l’Arabie saoudite et l’Iran, deux rivaux historiques toujours opposés dans la guerre au Yémen, mais qui ont entamé un rapprochement diplomatique. Leur inclusion au sein du même club consolide cette réconciliation
Ils ont en commun de posséder d’importantes réserves de pétrole et de gaz et d’être dirigés par des systèmes politico-religieux ultra-conservateurs.
Téhéran voit dans cette intégration aux Brics une façon de réduire son isolement international. Et Ryad s’émancipe un peu plus des États-Unis, en adhérant à un club majoritairement anti-occidental.
Un club anti-Occident ?
S’opposer aux Occidentaux pourrait constituer le principal dénominateur commun des Brics après cet élargissement. C’est en tout cas le fil rouge qui relie la plupart des membres de ce club hétéroclite. Certains, comme l’Egypte ou l’Argentine, entretiennent des relations fortes avec Washington comme avec Pékin, Moscou ou Brasilia. L’arrivée de ces nouveaux pays au sein des Brics, dont la cohésion reste à prouver, relève d’un exercice d’équilibriste.
Un élargissement encouragé par le président chinois Xi Jinping, qui salue une étape « historique ». On retrouve dans la ligne politique exprimée à Johannesburg une référence au mouvement des « non-alignés » dans les années 1970. En clair, les pays émergents veulent contrer l’influence occidentale.
D’autres pays frappent à la porte de ce club sélect. Souvent, c’est en raison de leurs performances économiques insuffisantes, comme l’Algérie. Malgré sa richesse considérable en pétrole et en gaz, l’économie algérienne ne décolle pas depuis des décennies. Son PIB par habitant plafonne encore à 3 500 euros. Un chiffre proche de celui de l’Egypte qui vient pourtant d’être acceptée parmi les BRICS.
Mais les Egyptiens accueillent le siège de la Ligue arabe et pèsent davantage sur la scène diplomatique de la région.