Un ami distinguait deux catégories de personnes, dans toutes les sociétés humaines, et disait qu’il y avait, d’un côté, les moutons, la catégorie la plus nombreuse et, de l’autre, les bergers, les conducteurs, les chefs, les dirigeants, les managers.

Les hommes naissent moutons ou bergers, l’apprentissage permettant l’acquisition ou l’amélioration de certains traits de caractère à l’intérieur de chaque catégorie. Le passage d’une catégorie à l’autre est difficile, voire impossible ; ces traits de personnalité étant inscrits dans l’ADN individuelle.   

Dans la catégorie des bergers se trouvent, en nombre relativement restreint, les leaders.

Qu’est-ce qu’un leader ?  

Leader, mot francisé tiré de l’anglais « to lead », mener.

Le leader, véritable meneur d’hommes, est une personne qui jouit d’un certain nombre de qualités naturelles exceptionnelles, qu’elle peut développer par des apprentissages, telles un charisme, un prestige et un pouvoir de séduction hors du commun, qui lui permettent d’emballer son entourage, les foules et, de manière plus globale, tous ceux qui ont l’occasion de l’écouter.

Le leader fascine,  séduit, influence par son  aisance et son habileté, son doigté et son tact en société,  son sens de l’altruisme, de l’abnégation et de la bienveillance ;

par son discours et la cohérence de son propos ; par ses attitudes et comportements orientés vers la défense de l’intérêt collectif. C’est un meneur d’homme ; il devient très rapidement une référence vers laquelle on se tourne quand on est en quête d’une solution à des problèmes difficiles, ou que l’on veut lever une option dans un domaine donné de la vie sociale, politique ou professionnelle, en raison de la grande autorité dont elle est revêtue ; un modèle et un exemple qu’on imite, qu’on suit ou que l’on recommande à d’autres de suivre.

Ce type de personnes se retrouve à tous les niveaux : dans une famille, dans une rue, un quartier ou une ville ; dans une salle de classe ou dans une école, à l’université et dans le milieu professionnel ; mais aussi, dans une organisation sociale.

Qu’il soit homme ou femme, jeune ou vieux, instruit ou peu formé, riche ou pauvre, le vrai leader émerge toujours tant sont grandes et remarquables son  authenticité, sa  fidélité à lui-même et à ses principes, ainsi qu’aux valeurs sociétales, ses capacités et  aptitudes à communiquer.                          Le vrai leader exerce son talent souvent en dehors des structures organisationnelles   classiques  et ne se confond pas nécessairement avec la hiérarchie officielle d’une quelconque  organisation ; il peut ne pas être un manager, un mandataire public ou un responsable à quelque titre que ce soit et être pourtant une personne dont la voix porte.

Le vrai leader est un visionnaire, dont la capacité de projection dans l’avenir est telle qu’il lui arrive d’aller à contre-courant de l’opinion majoritaire, et souvent, après coup, les faits lui donnent raison.

Des leaders, dans l’histoire de l’humanité.

En parcourant l’histoire de l’humanité, il est possible de rencontrer de grands leaders qui, dans des circonstances particulières, ont joué un rôle majeur, et ont pu quasiment être assimilés à des femmes et des providentiels.

Moïse, dans la Bible, a déployé des trésors d’imagination et d’adresse pour mener le peuple « rebelle »  de Dieu jusqu’aux abords de la terre promise.

Jésus de Nazareth, est au minimum, un personnage extraordinaire, prophète ou grand maître, dont le message et les enseignements ont traversé les siècles et se sont répandus à travers l’humanité entière ; nombre de ses disciples ont fait face à une hostilité et une répression extrêmes et ont même accepté de payer de leurs vies leur fidélité au Maître.  

Jeanne d’Arc et son alter ego africain, Kimpa Mvita, ont pesé de tout leur poids dans la lutte de leur peuple pour bouter  l’envahisseur hors de leurs pays respectifs, la France au 15ièmesiècle et le royaume Congo, au  18ième

Mahatma Gandhi a érigé la non-violence en mode de contestation politique et a obtenu de précieuses victoires sur le colon britannique.

Patrice Emery Lumumba a bravé le roi des Belges lors des cérémonies consacrées à l’indépendance de son pays, en lui rappelant que cette indépendance n’était pas un cadeau royal, mais bien le fruit d’une lutte acharnée.

Martin Luther King a annoncé, dans un discours historique, la vision d’une Amérique où blancs et “coulored people” vivraient en harmonie ; et ce, dans les années 50/60 où la discrimination raciale était à son comble au point que Rosa Parks, une femme de la même trempe que ces personnes citées ici avait posé un acte qui relève de l’exploit, en refusant simplement de céder sa place à un blanc, pour aller s’asseoir sur les bancs de derrière, dans le bus qui la menait vers son lieu de travail.

Que dire de Nelson Mandela, qui peut sans aucun doute être considéré comme l’un des hommes les plus charismatique du 20ième siècle ? Alors qu’il venait de quitter sa prison après 27 longues années, et que tout le peuple noir qui avait connu les horreurs du système d’apartheid aspirait à une légitime revanche sur l’ancien bourreau afrikaner, Mandela a prôné le pardon, la réconciliation et la promotion d’une nation Arc-en-ciel où tous les sud-africains vivraient dans la fraternité.   

Etienne Tshisekedi, sentant venir le système prédateur qui va détruire le Congo/Zaïre, prend ses distances avec la classe bourgeoise compradore et entre dans une opposition radicale et intransigeante; plus tard, quand les fruits de sa lutte lui aurait permis d’instaurer un système de gestion tripartite apaisée du pouvoir, il reste fidèle à sa vision de la démocratie en réclamant le multipartisme intégral.

Enfin, à l’entrée de l’Afdl de Laurent Désiré Kabila, il lui suggère de liquider la facture des partenaisres qui l’avaient accompagné dans sa lutte pour le départ de Mobutu et sa conquête du pouvoir. Le nouveau maître du Congo lui opposa une fin de non recevoir ; quatre ans plus tard, il sera assassiné par ses « amis » et le pays entrera dans un cycle de violences qui n’en finit pas.

De Charles de Gaule à Barack Obama, en passant par Mère Teresa, l’abbé Pierre, Coluche, Thomas Sankara, Ang Sung Sucky, Andreï Sakharov, la liste est longue, de ses prestigieux leaders qui ont marqué de leur empreinte l’histoire du siècle dernier.

Où sont les leaders, en ce 21ième siècle ? Aujourd’hui, l’humanité semble orpheline de personnages charismatiques capables d’aider à relever les nombreux défis auxquels elle doit faire face : qu’il s’agisse des problèmes environnementaux et des dérèglements climatiques et du Covid ; du terrorisme et des violences faites à la femme, de la maîtrise des flux migratoires, de la lutte contre la misère et la pauvreté et de l’indispensable réflexion commune qu’il faudrait mener à l’échelle locale, régionale et internationale pour faire face à ces dangers qui nous guettent, le constat est amer : la race des grands est en voie de disparition et il devient de plus en plus difficile de fixer des repères.  

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