Accueil Souvenir d'ébène Le rapatriement des reliques de Lumumba reporté à janvier 2022

Le rapatriement des reliques de Lumumba reporté à janvier 2022

Le président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo a annoncé, mi-juin, le report des cérémonies d'hommage à Patrice Emery Lumumba, initialement prévues du 21 au 30 juin 2021.

Les différentes manifestations devant entourer le rapatriement des restes du héros national du Congo auront finalement lieu du 8 au 17 janvier 2022, a précisé le chef de l’État congolais au cours d’une brève communication à la presse, à la Cité africaine de Kinshasa.

Le report a été dicté par l’apparition d’une 3ème vague de Covid-19, particulièrement dans la ville de Kinshasa, où on déplore une augmentation exponentielle des cas de contamination, tout comme des cas de décès liés à cette pandémie. Une série de manifestations d’hommage sont prévues autour du rapatriement des restes de Patrice-Emery Lumumba, depuis la réception des reliques à Bruxelles, en Belgique, avant un périple à Lumumba-Ville, à Kisangani et enfin à Kinshasa, où l’illustre disparu sera inhumé, à la célèbre Place de l’Échangeur de Limete. le président Félix Tshisekedi avait reçu dans son cabinet de travail François et Roland Lumumba, deux fils du héros national congolais, Bien avant la tenue du point de presse, sûrement en vue de débattre des nouvelles dispositions découlant du report.

Éphémère Premier ministre

Patrice-Emery Lumumba, éphémère Premier ministre du Congo à l’accession de ce pays à l’indépendance, le 30 juin 1960, avait été arrêté puis assassiné au Katanga, avec deux autres politiciens, Mpolo et Okito.

« relique » – en réalité une seule dent – de Patrice-Emery Lumumba qui était détenue par un sujet belge. La cérémonie y afférente, devait être présidée, à Bruxelles, par le Premier ministre Alexander De Croo, en présence du président Tshisekedi à la tête d’une forte délégation congolaise.

Une tournée avec ces reliques devait ensuite s’ébranler de la capitale belge pour gagner Lumumba-ville, dans la nouvelle province du Sankuru, lieu d’origine de Patrice-Emery, en passant par Kisangani (nord-est) et Shilatembo, en banlieue de Lubumbashi dans le Haut-Katanga, où Lumumba avait été assassiné le 17 janvier 1961, en présence d’officiels belges. En retour, le roi Philippe devait également se rendre à Kinshasa le 30 juin, à l’occasion de la célébration de l’indépendance du Congo, avant d’y renoncer « pour cause de Covid », à en croire le Palais belge.

L’ombre de Lumumba planera encore longtemps sur la RDC

Le report du rapatriement des reliques, un signe indien ? En tout cas, 60 ans après son assassinat, Patrice-Emery Lumumba n’a toujours pas connu le repos éternel. Ce jourlà, au début de la nuit, l’ancien Premier ministre Lumumba et ses deux compagnons, Maurice Mpolo et Joseph Okito, sont exécutés par un peloton de la gendarmerie katangaise commandé par un officier belge, en présence de quelques ministres du Katanga en sécession.

Il sera resté Premier ministre pendant 67 jours seulement, avant d’être révoqué en septembre, puis assigné à résidence, arrêté ensuite, et transféré enfin au Katanga, pour y trouver la mort le soir même.

Une commission d’enquête de la Chambre belge des représentants a tenté d’apporter un brin de lumière sur la nébuleuse politico-diplomatique ayant conduit au drame et de dégager des responsabilités.

Il faut d’abord relever son discours retentissant du 30 juin 1960 devant le roi Baudouin, bien que non prévu par le protocole et qui a jeté un froid autour du nouveau dirigeant du jeune État. Même si d’aucuns refusent d’établir la relation de causalité, les événements vont s’échaîner depuis. Et Lumumba sera définitivement diabolisé dès juillet 1960.

Aux termes de l’enquête, il était clair que Lumumba était considéré par les responsables belges comme le leader congolais qui pouvait contrecarrer l’influence belge et occidentale au Congo indépendant.

Rapidement après l’indépendance, le Congo s’embrase avant de sombrer dans le chaos. La Force publique se mutine et les premiers Casques bleus débarquent le 16 juillet. La crise congolaise s’internationalise. Doublée d’une crise politique, le pays plonge en pleine confusion.

De sécessions en rébellions, le Congo sombre dans la tragédie d’une guerre civile. Le 14 septembre 1960, le Lieutenant-général Joseph-Désiré Mobutu fait son coup d’État. Et, même s’il va ensuite remettre le pouvoir aux politiciens, ce coup de force aura définitivement signé la fin politique de Lumumba.

Aussi lorsque le président Kasa-Vubu et son Premier ministre vont s’entre-révoquer, c’est le dernier qui sera le premier à en payer les frais.

La descente aux enfers

Le 17 janvier 1961, le chef de la Sûreté congolaise, Victor Nendaka, sort Lumumba et deux autres prisonniers politiques de leur cellule du camp militaire Hardy à Mbanza-Ngungu, à 150 km de Kinshasa. En cause: Une nouvelle mutinerie a éclaté, et certains craignent la libération de Lumumba, qui y était incarcéré après avoir rejeté sa révocation. Et après avoir été capturé lors de sa fuite, le 17 novembre, pour rejoindre Kisangani où les lumumbistes s’étaient retranchés en rébellion.

Avec ses deux compagnons d’infortune, le vice-président du Sénat Okito et le ministre Mpolo, Lumumba est amené à Moanda, d’où il ne reviendra pas. De là, les prisonniers sont embarqués à bord d’un petit porteur sous escorte. Le pilote reçoit l’ordre de mettre le cap sur le Katanga en sécession, auprès de ses pires ennemis. Le dé était jeté.

Après délibération des ministres katangais en conseil, le sort de Lumumba et de ses deux compagnons était scellé. Un convoi quitte Lubumbashi vers 20h30 pour une savane boisée en banlieue, avec un peloton de gendarmes katangais, sous les ordres du capitaine belge Gat, conseiller militaire de la République du Katanga en sécession.

Le commissaire de police belge Verscheure est lui aussi présent, avec deux autres agents belges au service du Katanga. Un ministre katangais dirige les opérations.

Le président Tshombe et dautres ministres assistent également au spectacle. Lumumba, Mpolo et Okito sont abattus l’un après l’autre, Patrice Lumumba en dernier lieu. Il est 21h43, comme le révèlera l’agenda du commissaire de police présent.

L’arbre auquel avait été adossé Lumumba est resté longtemps marqué de nombreux impacts de balles.

Les trois hommes sont ensuite enterrés sommairement. Le lendemain matin, les villageois, qui avaient entendu des coups de feu, découvrent la terre remuée et une main sortant du sol.

Les officiels sont alertés et, afin d’éviter de transformer le site en lieu de pèlerinage, deux policiers belges sont chargés de faire disparaître les trois cadavres, qui sont découpés et plongés dans de l’acide. Sauf que l’un d’eux prend le soin d’emporter deux dents de Patrice Lumumba, dont l’une va être retrouvée auprès de la fille du bourreau.

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